Marseille : les organisations musulmanes outrées par la sauvage attaque au couteau

Par Hanan Ben Rhouma, le 02/10/2017

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Deux passantes, des cousines âgées d’une vingtaine d’années, ont été sauvagement tuées au couteau, dimanche 1er octobre, sur le parvis de la gare Saint-Charles, à Marseille. L’une des victimes, originaire de Lyon, était venue passer le week-end dans la cité phocéenne afin de fêter son anniversaire avec sa cousine, étudiante en médecine à Marseille.

Selon des témoins, l'assaillant aurait crié « Allah Akbar » en tuant ses victimes et en se ruant vers des soldats de l’opération Sentinelle avant d’être abattu par l’un d’eux. Si une enquête préliminaire du parquet de Paris a été ouverte pour « assassinats en relation avec une entreprise terroriste », le ministère de l’Intérieur s'est toutefois montré encore prudent sur le caractère terroriste de l'acte commis par l'individu dont l'identité reste à déterminer.

Inconnu des services de renseignements, il a été signalé depuis 2005 « à sept reprises sous sept identités différentes » pour des délits mineurs selon le procureur de Paris, François Molins, qui tenait une conférence de presse ce lundi 2 octobre. L’attaque a été revendiquée par l’Etat islamique mais aucun élément ne vient conforter « à ce stade » un lien présumé ou avéré entre l'individu et l'organisation terroriste.

« Aucune once de proximité avec les valeurs islamiques »

L'attaque a naturellement provoqué une pluie de réactions à travers la France. Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a condamné, lundi 2 octobre, un « attentat lâche et barbare qui a visé délibérément deux de nos concitoyens à Marseille » et « réitère la nécessité de rester unis dans la nation face à ces usurpateurs, qui n'ont aucune once de proximité avec les valeurs que prône l'islam, religion de paix universelle ».

Le Rassemblement des musulmans de France (RMF), ont voulu saluer « le grand professionnalisme des militaires et des policiers qui ont réagi avec courage et sang-froid en neutralisant l’assaillant », indiquant l’importance pour chacun de « faire preuve d’une vigilance et d’une mobilisation sans faille » face à un « niveau de la menace terroriste (qui) reste malheureusement extrêmement élevé ».

« Trop, c'est trop ! » pour la Grande Mosquée de Paris

Le profil et les motivations de l'assaillant restent encore à déterminer mais la Grande Mosquée de Paris estime, dans un communiqué au ton très offensif titré « Trop, c'est trop ! », que les musulmans de France sont aujourd'hui « impuissants à stopper le déferlement de malheur provoqué à distance par des manipulateurs ennemis forcenés de la France et ennemis des musulmans qu'ils placent volontairement dans une situation qui rend de plus en plus difficile notre vivre-ensemble ».

Elle indique dans le même temps qu'ils « ne peuvent plus rester impassibles sans réagir devant tant d'ignominie, tant de barbarie, tant de sang versé prétendument au nom des valeurs essentielles et sacrées de leur religion ».

« Où allons-nous ? Qu'attendons-nous ? L'attitude réservée de toutes et de tous cache mal une hostilité réelle et certaine devant tant de violence, mais révèle aussi un manque d'initiatives citoyennes. Il faut choisir », lance au lendemain de l'attaque la GMP, qui « désire signaler à tous nos concitoyens que, à situation grave et exceptionnelle, doit pouvoir correspondre une réponse non moins exceptionnelle » sans pour autant expliciter la nature de celle-ci à ce stade.

Ne pas tomber dans les travers de la division

Depuis Lyon dont est originaire une des victimes, Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Azeddine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne, et Benaissa Chana, président du CRCM Rhône-Alpes, ont dénoncé ensemble un « acte barbare » qui, « s’il nous répugne, nous inquiète par le mode opératoire utilisé pour assassiner nos deux compatriotes ».

« C’est pourquoi, nous appelons tous les Français, quelque soit leur origine ou leur religion à se mobiliser ensemble pour dénoncer ces actions barbares, qui ensanglantent notre pays mais aussi pour ne pas tomber dans les travers dans lesquels l’auteur ou ses commanditaires voudraient nous entraîner », ont-ils martelé.