Tariq Ramadan reste en prison, les appels pour sa libération non entendus

Par Hanan Ben Rhouma, le 22/02/2018

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Son état de santé inquiète sérieusement ses proches et ses soutiens mais la cour d’appel de Paris n'a pas changé d'avis pour autant : Tariq Ramadan, qui a refusé de comparaître à l'audience examinant son deuxième recours de remise en liberté jeudi 22 février, reste derrière les barreaux à Fleury-Mérogis, selon plusieurs sources concordantes.

La justice aurait ainsi choisi, entre autres considérations, de prendre en compte l’avis rendu par l’expertise médicale qu’elle a ordonné, à savoir que sa santé serait compatible avec la prison, malgré les protestations de sa famille qui rapporte l’existence de plusieurs certificats médicaux affirmant le contraire. Tariq Ramadan est, selon ses proches, atteint de deux maladies chroniques dont une sclérose en plaque.


Des appels à sa libération lancés sans suite

Depuis que le grand public a pris connaissance, mi-février, de son état de santé et de la dégradation de celle-ci au point d'avoir été admis un temps aux urgences, une mobilisation en faveur de sa libération, qui a pour figure de proue l'épouse de l'intellectuel, a pris une forte ampleur.

Tandis qu’une cinquantaine de personnalités ont réclamé « sa libération immédiate au regard de son état de santé alarmant » dans une tribune, plusieurs responsables cultuels et associatifs musulmans ont lancé un appel similaire, à l’instar du recteur de la Grande Mosquée de Lyon Kamel Kabtane et du recteur de la mosquée de Villeurbanne Azzedine Gaci.

« Alors que Tariq Ramadan est présumé innocent tant qu'il n'est pas déclaré coupable, il est victime d’un lynchage médiatico-politique où les convictions personnelles et les rancœurs prennent souvent le pas sur la sacro-sainte présomption d’innocence à laquelle on ne songe pas un instant », ont-ils signifié dans un communiqué, réclamant sa libération au nom d’une « justice sereine et apaisée », « loin de toute autre considération » que celle de la dégradation de son état de santé.

Le dépaysement de l'affaire réclamé

Tandis que Musulmans de France (ex-UOIF) s’est exprimé le 15 février pour dire que « le maintien en détention est d’autant plus inquiétant que (Tariq) Ramadan s’est montré extrêmement coopératif avec la justice », la fédération turque Milli Görüş a pris une position plus ferme en faveur d’une libération « dans l’attente d’un procès juste et équitable » car « nous sommes convaincus que la présomption d’innocence de Tariq Ramadan doit être appliquée comme pour tout autre justiciable, et parce qu'il en va de la crédibilité de la Justice et de l’image de la France ».

Leurs appels n'ont donc pas été entendus. Les avocats de Tariq Ramadan ont, en parallèle, proposé plusieurs garanties dans l'espoir obtenir la libération de leur client, sans succès. Ils ont réclamé le dépaysement de la procédure visant l'islamologue, faisant valoir des dysfonctionnements au préjudice de leur client comme la non-prise en compte d'une pièce présentée comme capitale pour la défense de l'islamologue.

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