Hind Makki : L’interreligieux au service de la justice sociale

Par Samia Hathroubi, le 08/03/2018

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Elles sont originaires du Soudan, de la Tunisie, de la Somalie, de la Russie ou sont nées et vivent en Finlande, au Canada, aux États-Unis, en Allemagne, en Palestine et en Grande-Bretagne… Leurs identités sont multiples. Mais elles ont pour points communs d’être éprises de justice et d’œuvrer, souvent dans l'ombre, pour le bien commun comme pour l’intégration professionnelle, sociale et politique des femmes dans leurs sociétés. Elles sont des héroïnes au quotidien. Direction les Etats-Unis à la rencontre de Hind Makki.

CHICAGO. – Tenter d’attraper Hind Makki est une gageure. Hind est occupée, à l’image de ces militants américains qui créent des blogs, enchaînent les conférences et dîners, interviennent dans des facultés. Hind fait partie de cette génération née au lendemain des attentats du 11-Septembre et qui est sortie de l’ombre pour revendiquer ses identités et lutter contre l’islamophobie.

Difficile de résumer en quelques lignes le parcours de cette militante et blogueuse d’origine soudanaise. Parmi les axes de prédilection de cette ancienne étudiante en relations Internationales de l’Université de Brown figurent en tète l’interreligieux et la place des femmes au sein des associations et des mosquées aux Etats-Unis.

C’est aux lendemains des attentats du 11-Septembre, à son retour à Chicago, sa ville d’origine, dans son quartier aussi surnommé Little Palestine, que Hind met en place ses premières actions interreligieuses qu’elle a apprises au sein de son campus via Interfaith Youth Core, le mouvement interreligieux des jeunes fondé par Eboo Patel en 1999. Hind n’a pas l’habitude de mâcher ses mots.


« L’interreligieux ne doit servir que la solidarité et la justice sociale »

« L’interreligieux, dit-elle, n’a pas absolument rien à voir avec toutes ces initiatives de discussions sur Moise et Marie autour d’un thé ou d’un café. L’interreligieux ne doit servir que la solidarité et la justice sociale. » Pour cette ancienne élève dans un collège et lycée musulman, l’interreligieux est « un moyen pour parler races, privilèges et égalité ». Ce sont ces raisons qui l’ont menées à intervenir sur les notions de leadership et d’engagement citoyen au sein de nombreuses organisations et fédérations musulmanes américaines ou européennes. Oui, Hind Makki fait partie de ces rares Américaines à parler français.

Judicieux est ce travail de comparaison et d’analyse des situations des musulmans d’Occident qui jouent et sont amenés à jouer un rôle de plus en plus important au sein de leurs sociétés. Hind Makki, qui se réclame d’enfants immigrés, noire, femme, musulmane, en a fait ses sujets de prédilection.

Grande voyageuse aux Etats-Unis et ailleurs dans le monde, elle a souvent été frappée par la place dévolue aux femmes au sein des mosquées. Au point d’en faire un blog qu’elle a appelée Side Entrance que l’on pourrait traduire par « l’entrée de coté » pour signifier les entrées séparées en place dans de nombreuses mosquées. Au-delà de l’absence ou du peu de place physique accordée aux femmes dans les lieux de culte, Hind pose souvent la question de l’apport des femmes au sein des instances et rappelle que ne pas faire appel à ces forces vives est un réel gâchis.

Quand on se demande ce qui meut Hind, on retrouve le verset 71 de la sourate Al Tawbah (Le Répentir) et cette nécessité pour les hommes et les femmes de collaborer et d’œuvrer ensemble pour le bien. Ce n’est pas un hasard de voir apparaître, dans l’introduction de son site Side Entrance, ce rappel.

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