Exclu. Il se murmure depuis des semaines que Tareq Oubrou, recteur de la mosquée de Bordeaux, a quitté Musulmans de France après plus de trois décennies au sein de cette fédération anciennement appelée UOIF. Cette fois, c’est officiel : Amar Lasfar a acté son départ auprès des membres de l’Assemblée générale de MF organisée samedi 12 mai en région parisienne. Une information que son président, recteur de la mosquée de Lille-Sud, a confirmée auprès de Saphirnews. Tareq Oubrou revient ici sur les raisons de son départ et les relations qu’il continuera d’entretenir avec la structure.
Saphirnews : Pouvez-vous déjà expliquer quand et ce qui vous avait amené à intégrer l’UOIF ? Quelle place occupiez-vous en son sein au fil des années ?
Quelles sont les raisons qui vous ont incité aujourd’hui à rompre avec la structure ? Pouvez-vous préciser le contexte ?
L’une des raisons principales de cette décision, c’est que je ne voudrais pas être perçue comme un théologien intellectuel organique, mes idées ne pouvant être contenues dans un système, encore moins dans une structure associative. Et c’est peut-être dans l’intérêt même de MF.
Quand et de quelle façon avez-vous annoncé votre décision à la présidence de MF occupée par Amar Lasfar ?
Cette annonce du départ intervient la veille du mois du Ramadan. Vous avez fait le choix d'annoncer en amont le début du jeûne pour mercredi 16 mai quand MF préfère désormais d'attendre la décision du CFCM, ce qui participe aussi d’une prise de distance entre vous et la structure. Que répondez-vous sur ce point ?
MF a passé des années à faire des assemblées théologiques pour fonder l’avis des calculs astronomiques (dans l’optique d’un calendrier unifié, ndlr). Je ne comprends donc pas la décision de revenir sur le travail accompli, il nous faudrait un calendrier astronomique liturgique définitivement établi pour nous organiser.
Je précise que ma décision (de partir de MF, ndlr) n’a rien à voir avec ce sujet. J’avais toujours une grande liberté au sein de MF. Mes avis étaient écoutés, respectés même s’ils n’étaient pas souvent partagés, et même si parfois ils étaient fortement critiqués. Je souligne que MF que je connais très bien n’est pas une caserne !
Lire aussi : Ramadan 2018 en France : pourquoi le CFCM annoncerait jeudi 17 mai pour début du jeûne
Vous avez toujours été à part ces dernières années au sein de l'UOIF, en incarnant l'aile minoritaire de MF sur des questions théologiques, non sans être critiqué. Qu'est-ce-qui vous retenait jusqu’ici ?
Quelles évolutions attendiez-vous de MF qui n'ont pas eu lieu ?
Avez-vous des reproches et des regrets particuliers envers l'organisation ?
Ce que je reproche à cette institution, c’est que son évolution est lente par rapport à la réalité d’aujourd’hui, laquelle engagée dans une histoire accélérée. Elle n’a pas su non plus capitaliser son expérience et ce qu’elle a pu apporter à l’islam de France. Elle n’a pas écrit son histoire où il n’y avait pas que des échecs, laissant ainsi les autres parler à sa place. Absorbée par l’action au dépend de la réflexion, son discours donne l’impression qu’il est plus de l’ordre de la tactique que de la conviction théologiquement fondé. Elle n’a toujours pas su expliquer son évolution à partir du mouvement des frères musulmans. À cause de ce manque de clarté, elle donne l’image d’une organisation plus politique que religieuse.
En quoi MF pouvait constituer à vos yeux un frein aux travaux que vous avez engagé ? Comment voyez-vous l'avenir de l'ensemble de vos travaux après l'officialisation de votre départ ?
A quoi vous consacrez-vous actuellement ?
Quel regard portez-vous sur la volonté affichée d'Emmanuel Macron de restructurer l'islam de France ?
Quelles propositions avez-vous faites ?
Pour s'inscrire à notre newsletter gratuitement, c'est ici.
Pour télécharger notre application en un clic, c'est par là.
Lire aussi :
Le plaidoyer apaisé des imams contre l’antisémitisme et la radicalisation
Islam et écologie : la voix de Tareq Oubrou
Tareq Oubrou : « Le foulard est devenu un objet obsessionnel »
Islam, homosexualité et homophobie, vus par Tareq Oubrou
Tareq Oubrou, un savant moderne en lumière