Une fusillade devant la mosquée de Brest, deux blessés dont l'imam : ce qu'on sait de l'attaque

Par Saphirnews, le 27/06/2019

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Une fusillade est survenue devant la mosquée de Pontanezen, à Brest, cet après-midi du mercredi 27 juin, vers les coups de 16h20. Deux personnes ont été blessées, un fidèle et l’imam de la mosquée Rachid Abou Houdeyfa, de son vrai nom Rachid El Jay. Ils ont été transportés à l’hôpital mais leurs jours ne sont pas en danger, rapporte la préfecture du Finistère.

Selon Le Télégramme, une voiture de type Clio s’est arrêtée devant la mosquée. Un homme en est sorti et s’est approché de l'imam en prétextant une photo. Plusieurs coups de feu ont ensuite été tirés avec une arme de poing, blessant Rachid El Jay à la jambe, avant que le véhicule ne prenne de suite la fuite.

Le quartier a été bloqué par les forces de l’ordre et la totalité des effectifs de police de Brest a été mobilisée pour retrouver l’auteur de la fusillade, indiquait encore le journal. Il a été identifié par les autorités.*

La surveillance des lieux de culte renforcée

« Nos services sont mobilisés pour interpeller l'auteur des coups de feu qui ont blessé deux personnes, devant la mosquée de Pontanézen, à Brest. J'ai demandé aux préfets de renforcer la surveillance des lieux de culte du pays », a réagi, via Twitter, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner.

La plateforme L.E.S. Musulmans, qui présente Rachid El Jay comme un des co-fondateurs, a dénoncé « une tentative de meurtre visant explicitement un imam dans un lieu de culte » qui « atteint un niveau de gravité sans précédent ».

« Elle s’inscrit en outre dans une série d’attaques constantes de personnalités politiques et médiatiques contre l’imam Rachid El Jay, devenu en quelques années la cible privilégiée de leur haine et de leur islamophobie », indique-t-on dans un communiqué, qui exhorte les pouvoirs publics « à assurer la sécurité des imams et des personnalités musulmanes visés par des discours racistes et des menaces ». « Il est temps que l’État prenne toutes ses responsabilités face au risque terroriste islamophobe qui vise les citoyens de confession musulmane », conclut la plateforme.

Le président de l’Observatoire national contre l’islamophobie, organe rattaché au Conseil français du culte musulman (CFCM), Abdallah Zekri, a fait savoir auprès de Saphirnews sa totale condamnation du « lâche attentat » perpétré contre l’imam et le fidèle. « Vu le climat d’islamophobie qui règne en France, nous nous inquiétons de cette méthode d’agir qui risque de se reproduire », a-t-il signifié.

« Nous demandons aux responsables des lieux de culte d’être très vigilants et aux autorités judiciaires et policière de faire toute la lumière sur cette affaire », appuie-t-il.

Contacté par Saphirnews, le président du CFCM, Ahmet Ogras, qui confirme qu’il s’agit d’un « acte volontaire porté contre l’imam », appelle les musulmans « à garder leur sang-froid et à rester vigilant à la veille de la prière hebdomadaire du vendredi ».

*Mise à jour : L'auteur des coups de feu dont les motivations ne sont pas encore clairs a été retrouvé mort à côté de sa voiture. L'hypothèse du suicide est privilégiée. L'homme, qui serait âgé de 22 ans, souffrirait de troubles psychiatriques. Dans une lettre de revendication de l'attaque qui lui serait attribuée et qui a filtré sur le Web, il indique avoir été enlevé et contraint de tuer l'imam pour sauver sa vie et celle de sa famille.

Mise à jour vendredi : Selon le parquet, l'attaque survenue devant la mosquée Sunna de Brest n'est pas un « attentat ». « Les éléments recueillis à l'heure qu'il est ne permettent pas de considérer qu'il s'agit d'un attentat », a indiqué à l'AFP, vendredi 28 juin, le procureur de la République à Brest Jean-Philippe Récappé, soulignant que la section antiterroriste du parquet de Paris, avec qui des échanges ont bien eu lieu dès le début de l'affaire, ne s'était pas saisie de l'affaire.

Du côté du Conseil régional du Culte musulman (CRCM) de Bretagne, on condamne un « attentat islamophobe ». « La communauté musulmane de Brest est terriblement choquée, nous saisissons cette occasion tragique pour dénoncer avec la plus grande vigueur la barbarie et la lâcheté qui qualifie cet attentat islamophobe », a fait savoir l'instance régionale.

Elle exhorte les pouvoirs publics à renforcer la sécurité des mosquées de France, indiquant faire face à une montée d'actes antimusulmans dans sa région depuis les attentats de Christchurch, en Nouvelle-Zélande.

Christophe Castaner, qui a déclaré s'être entretenu avec le président du CFCM, a fait part, le soir des faits, de sa « solidarité avec la communauté musulmane de notre pays dont je sais l’émotion ».

Mise à jour samedi 29 juin : Après l'attaque, Rachid Eljay a adressé un message face caméra depuis son lit d'hôpital. Le voici

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