Rohingyas en Birmanie : les deux journalistes de Reuters condamnés en appel

Par Lina Farelli, le 11/01/2019

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Après une condamnation en première instance pour « violation de la législation sur les secrets d’État », les deux journalistes de Reuters, Wa Lone et Kyaw Soe Oo, emprisonnés depuis décembre 2017 en Birmanie après un reportage sur le massacre des Rohingyas, ont été de nouveau condamnés vendredi 11 janvier en appel à sept ans de prison. Les appels internationaux à une « libération immédiate et inconditionnelle » des deux professionnels de l’information n’ont eu aucun effet sur la Haute Cour de justice de Rangoun qui a refuser de les libérer.

Ces deux journalistes ont été reconnus coupables par le tribunal de première instance en septembre 2018. La justice a accusé les deux hommes de s’être fournis de documents confidentiels relatifs à des opérations de l’armée dans l’Etat Rakhine (Arakan), théâtre de persécutions des Rohingyas.

Pourtant, en septembre 2017, l’armée a bien reconnu des meurtres commis par des soldats et des villageois bouddhistes contre des membres de la minorité musulmane réprimée. Un fait qui a conduit à la condamnation de sept militaires à 10 ans de réclusion pénitentiaire.

La dirigeante birmane, Aung San Suu Kyi, arrivée au pouvoir en 2016, avait soutenu la décision du tribunal en première instance en affirmant que Wa Lone et Kyaw Soe OO ont été emprisonnés « parce qu’ils avaient enfreint » la loi et non « pas parce que c’étaient des journalistes ».

« Le reportage n'est pas un crime, et tant que la Birmanie n'aura pas remédié à cette terrible injustice, la presse ne sera pas libre, et l'engagement de la Birmanie en faveur de l'État de droit et de la démocratie restera incertain », a rappelé Stephen Adler, président de Reuters. « Nous ressentons une profonde consternation après la confirmation en appel de la condamnation des deux journalistes de @Reuters à 7 ans de prison en Birmanie : les autorités du pays sont sourdes aux appels internationaux à la liberté, mais surtout à la vérité et à la justice », a déploré, pour sa part, Christophe Deloire, secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF).

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