Le maire de Metz dénonce « un attentat » contre une mosquée de sa ville

Par Hanan Ben Rhouma, le 08/05/2022

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De nombreux Messins, en tête desquels se trouvaient le maire, ont exprimé, samedi 7 mai, leur émotion et leur solidarité après la tentative d'incendie qui a ciblé une mosquée de la ville. Des élus condamnent.

« Metz, ville de tolerance » s'affichait en grand dans une banderole brandie au coeur de la ville mosellane. Quelque 200 personnes se sont rassemblées, samedi 7 mai, pour condamner l'acte haineux qui a visé le centre Merkez Camii dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 mai. La mosquée a été la cible de bouteilles incendiaires qui ont noirci la façade du lieu de culte géré par l’Amicale franco-turque. Les dégâts sont heureusement limités, sans nécessiter une intervention des pompiers, mais la nouvelle a provoqué une onde de choc dans la ville.

Le maire (LR) François Grosdidier a très tôt condamné sur ses réseaux sociaux « avec la plus grande fermeté cet acte d’islamophobie ». « Je le regrette infiniment dans une ville qui a toujours été, dans son histoire, une cité de tolérance religieuse et dans laquelle vit aujourd’hui le dialogue interreligieux », avait-il ajouté, appelant « tous les citoyens, qu’ils aient des convictions religieuses ou non, à condamner cet acte et à se rassembler pour exprimer leur solidarité avec nos compatriotes agressés et à défendre la tolérance, la liberté de croyance et de culte ainsi que la concorde républicaine » samedi 7 mai dans le centre-ville.

Un maire offusqué face aux citoyens

Au cours de ce rassemblement de soutien devant l'hôtel de ville, le maire a dénoncé « un attentat ». « Poser des bombes incendiaires sur un lieu de culte, bien au-delà des dégâts matériels, est un acte de barbarie car il est destructeur de notre civilisation démocratique et humaniste. C'est en fait une bombe à fragmentation, qui blesse les âmes, meurtrit les cœurs et fissure la concorde républicaine », a signifié le premier magistrat de la ville face à des citoyens émus, parmi lesquels de nombreux membres de la communauté turque et des représentants de diverses religions.

« Mais la première bataille, c'est de sortir la haine des têtes. Oui, l'islamophobie existe. Oui, l'antisémitisme est de retour. Oui, même des chrétiens se sentent parfois de plus en plus mal à l'aise. (...) A Metz, chacun à sa place et ce n'est pas à la place de l'autre. Il n'y a nulle part de "grand remplacement"comme le prétend une théorie paranoïaque », a-t-il déclaré.

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Une enquête a été ouverte à la sûreté départementale pour faire la lumière sur cette affaire qui a suscité des réactions de condamnations principalement du côté des musulmans.

Une hostilité envers les musulmans « qui va crescendo »

Pour le Comité de coordination des musulmans turcs de France (CCMTF) qui s'est exprimé dans un communiqué après la tentative d'incendie à Metz, « la montée des idées anti-musulmanes, racistes et même xénophobes, les musulmans font face à une véritable hostilité qui va crescendo », citant tous azimuts « fermeture de mosquées, dégradation des lieux de cultes et graffitis islamophobes ». « Les musulmans assistent aujourd’hui à une escalade de haine », affirme la fédération, qui appelle de ses voeux l'arrestation prochaine des acteurs de l'acte, non revendiqué à ce jour.

A la même période, l'inscription « fasciste » a été découverte, jeudi 5 mai, sur la façade de la mosquée du centre culturel turc de Mulhouse, un acte auquel le CCMTF ne fait pas référence.

« La répétition cette semaine des actes racistes à l’encontre des mosquées de Metz et Mulhouse est insupportable. Je les condamne avec fermeté et apporte tout mon soutien aux responsables des mosquées et à l’ensemble des citoyens de confession musulmane », a fait savoir, samedi 7 mai, Jean Rottner, président de la Région Grand Est.

« Toute attaque contre un lieu de culte, quel qu'il soit, est inadmissible. (...) Il est important de comprendre la douleur des fidèles qui ont vu leur foi ébranlée par ces dégradations », a fait savoir, la veille du rassemblement, Ludovic Mendès, qui s'est rendu à la mosquée en sa qualité de député de Moselle (LREM) afin de « rappeler que l'État se tient aux côtés des cultes pour leur permettre de sécuriser leurs lieux sacrés » à travers le programme K du Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD). Le député est l'auteur, avec Isabelle Florennes, d'un rapport mettant en lumière la montée des actes antireligieux en France, un phénomène d’une « gravité croissante » récemment soulevé par la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale (USCIRF).

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