Interview de la déléguée nationale d'En Marche
Bariza Khiari a très tôt rejoint les rangs d’Emmanuel Macron, longtemps avant le soir du premier tour de la présidentielle, qui verra l’échec cuisant du Parti socialiste dont elle a longtemps été une représentante. Dans la dernière ligne droite de la course à l’Elysée, la sénatrice de Paris, désignée déléguée nationale d’En Marche depuis octobre 2016, est plus que jamais décidée à porter son champion vers la victoire, faisant de cette mission son « dernier combat politique ». Elle s’en explique, mettant en garde au passage les électeurs, abstentionnistes déclarés et indécis en particulier, sur les menaces qu’incarne le Front national pour l’avenir de la France. Interview.
Pourquoi avoir rejoint le mouvement En Marche ? Et pourquoi si tôt sans attendre la primaire de gauche ?
A l’exception de Christiane Taubira qui a courageusement démissionné, seul Emmanuel Macron, parmi les ministres en exercice, a exprimé son désaccord en invoquant un « inconfort philosophique ».
Vous êtes pleinement engagée avec En Marche ! Avez-vous ou comptez-vous démissionner du Parti socialiste ? Pourquoi ? Quelles sont les critiques que vous lui portez ?
En sacrifiant la réflexion au seul bénéfice des postures, il s’est petit à petit déconsidéré en se transformant en simple machine électorale.
Comment analysez-vous la défaite historique du PS ?
Vous aviez annoncé votre volonté de ne pas vous représenter aux sénatoriales. Quelles formes d’engagement envisagez-vous avec En Marche ?
Vous avez déclaré en septembre 2016 vouloir vous occuper de la structuration de l’islam de France selon vos mots. Sous quelles formes ? Que changeriez-vous ?
Quelles sont les positions d'Emmanuel Macron sur l'organisation de l’islam de France ? Comment compte-t-il gérer cette question ?
Concernant l’islam, il porte plusieurs propositions : il veut encourager la création d’une fédération nationale regroupant les associations cultuelles locales créées dans le cadre posé par la loi de 1905. Ces associations pourront recevoir des dons et des legs dans des conditions fiscales avantageuses et pourront ainsi contribuer à la rénovation et la construction de lieux de culte, ainsi qu’à une meilleure formation des imams, formation qui devra être validée par un diplôme universitaire. Il veut aussi encourager l’engagement de nouvelles générations de musulmans nés en France dans la gestion du culte musulman.
Emmanuel Macron ne fait pas de la laïcité un glaive contre les musulmans.
Emmanuel Macron se présente en rupture du quinquennat de François Hollande. Or il a participé activement à son mandat. A ceux qui le décrivent comme « un candidat du hollandisme », que répond-il ?
Dans sa démarche de vouloir rassembler très largement, aussi bien dans la scène politique qu'en dehors, comment entend-il gérer cette pluralité pour gouverner ?
C’est ce que nous demandent nos concitoyens. Ce qu’il a réussi à faire dans le mouvement En Marche ! se prolongera au gouvernement et au sein de la majorité gouvernementale, qu’il souhaite efficace et diverse.
Rassembler revient à faire des concessions. Qu’est-ce qui garantit qu’Emmanuel Macron ne va pas sacrifier, comme souvent, l’inclusion politique des personnes dites issues de la diversité extra-européenne ?
Le Front national utilise la souffrance sociale pour diviser la France.
Quel(s) message(s) souhaitez-vous adresser à ceux qui hésitent à voter Emmanuel Macron face à Marine Le Pen ? A ceux profondément ancrés à gauche qui ne considèrent pas ce candidat comme tel ?
Comme d’autres à ses côtés, je me considère comme l’hémisphère gauche d’Emmanuel Macron. J’ai eu l’occasion de partager de nombreuses discussions : j’ai pu constater que, pour lui, l’égalité consiste à donner plus à ceux qui ont moins : sa volonté de tenir, d’une main, les libertés pour la création de richesse et, de l’autre main, les solidarités et les protections que nos concitoyens attendent est au cœur de sa démarche. Face à lui, Marine Le Pen est la candidate de tous les replis et de toutes les régressions : économique, sociale et républicaine.
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