Ramadan 2023 : avec Darmanin à la mosquée de Paris, l'heure d'un bilan des actes antimusulmans

Par Hanan Ben Rhouma, le 06/04/2023

PENDANT LE RAMADAN, SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !

Gérald Darmanin a concentré son discours tenu mardi 4 avril, lors d'un iftar organisé à la Grande Mosquée de Paris, sur la lutte contre les actes antimusulmans à propos desquels il a devoilé le dernier bilan.

Une nouvelle tradition s'instaure à la Grande Mosquée de Paris. Pour la seconde année consécutive, l'institution religieuse a donné rendez-vous, mardi 4 avril, aux ambassadeurs des pays musulmans pour un repas de rupture du jeûne. Un iftar auquel s'est joint la maire de Paris, Anne Hidalgo, ainsi que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, dont la proximité avec le recteur Chems-Eddine Hafiz est visible.

Après les vœux d'usage adressés aux fidèles de l'islam pour le mois du Ramadan, le locataire de la Place Beauvau a profité de l'occasion pour « rendre des comptes » aux musulmans de France sur la lutte contre la haine les visant, dans un court discours qui se voulait rassembleur.

Des actes antimusulmans en baisse mais sous-évalués

« Nous savons qu'il y a encore beaucoup trop d'actes antireligieux dans notre pays faits par méchanceté, par bêtise, par lâcheté, par haine et qui touchent tous les cultes », a affirmé le ministre, en présence des représentants de fédérations musulmanes alliées à la GMP et des leaders de grands cultes dont l'archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, le directeur du Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM) Jean-François Bour, le rabbin Moché Lewin, et le président de l'Union des bouddhistes de France (UBF) Antony Boussemart.

Ses services ont enregistré en 2022 188 actes antimusulmans « qui vont du tag insultant sur la mosquée aux attaques à la personne ».

Lire aussi : Actes antireligieux : un grave phénomène passé au crible, ce qu'il faut retenir du rapport parlementaire

Si ces chiffres ont baissé par rapport à 2021 (213), c'est toujours « 188 actes de trop », a-t-il souligné, tout en admettant une sous-évaluation du phénomène du fait notamment que les victimes ne déposent pas systématiquement plainte. Aussi, a-t-il dit, « parce qu'on vit malheureusement les yeux baissés lorsqu'on se rend dans son lieu de culte, lorsqu'on accompagne ses enfants ou lorsqu'on porte un signe religieux ». Et de rappeler, en citant l'article 10 de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen, que « la laïcité n'est pas la négation des religions et encore moins dans l'espace public puisque "nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses" ».

A l'heure où les menaces de l'extrême droite pèsent sur les minorités en France, et en particulier sur les musulmans, Gérald Darmanin entend « assurer une nouvelle fois de la détermination du gouvernement, les ordres et les instructions (sont) donnés aux préfets, aux policiers et aux gendarmes pour que ces actes ne soient jamais admissibles, qu'ils soient toujours poursuivis et, nous l'espérons avec le garde des Sceaux, toujours condamnés ».

Un Forif « plus concret » que le CFCM

Evoquant, dans un autre temps, la création en 2022 du Forum de l'islam de France (Forif), il a estimé que « la France doit aussi davantage accompagner le culte musulman à se développer parce qu'il n'est pas digne encore aujourd'hui de trouver des lieux (...) où, pour des raisons très diverses qui tiennent à l'histoire (...) mais aussi, parfois, au mauvais traitement que peuvent avoir les autorités de la République et les élus locaux, les personnes ne prient pas dans des lieux dignes ».

Par ailleurs, « on ne peut pas à la fois dire qu'on veut moins d'argent de l'étranger et ne pas aider ceux qui, sur notre sol, ont besoin de vivre leur religion comme tous les autres ». Aider sans financer, loi de 1905 oblige : une affaire qui est loin d'être mince, tandis que le Forif ne dispose pas d'une baguette magique aux problèmes de financement.

Ce format, la GMP s'y est dit « totalement engagée », le présentant comme « plus concret, plus opérationnel et donc plus bénéfique que les précédents organismes de représentation de l'islam de France ». Sans nommer le Conseil français du culte musulman (CFCM) dont Gérald Darmanin a réitéré, au cours de la soirée, « la fin », bien que l'instance soit en cours de réforme.

Lire aussi :
Islam de France : le « triple pacte » d'Emmanuel Macron engagé avec le Forif
Emmanuel Macron au centenaire de la Grande Mosquée de Paris pour célébrer « un havre de paix né d’une tempête de l’Histoire »
Centenaire de la Grande Mosquée de Paris : « Un puissant symbole qui incarne l’enracinement des musulmans en France »
Après son université d'été, la Grande Mosquée de Paris veut consolider son leadership sur l’islam de France
A la Grande Mosquée de Paris, le soutien à Macron au menu d'un iftar très politique