Aïd el-Kébir 1446/2025
Ces dernières semaines, une campagne de boycott de l’achat des moutons pour l’Aïd al-Adha 1446/2025 a été relancé en France, mais l'appel est loin de faire l'unanimité. On vous explique.
Des moutons devenus trop chers, des structures d’abattage agréées insuffisantes : telles sont les deux principales raisons invoquées par des musulmans en France pour appeler leurs coreligionnaires à ne pas acheter d'ovins cette année à l’occasion de l’Aïd el-Kébir, amené à se tenir vendredi 6 juin.
C’est la mosquée Lumière et Piété à Nîmes qui en est le fer de lance. Elle a lancé dès le 16 avril un appel à suivre le mouvement de boycott « responsable » d’achats de moutons. « Cette fête doit être un moment de partage, de solidarité et de joie pour les familles, et NON un jour de contraintes et de difficultés », plaide-t-elle. Ses responsables ont principalement axé leur mécontentement sur les prix des moutons pour l'Aïd, qui ont connu « une hausse considérable, allant de 100€ à 400€ ». Un tel coût représente « un véritable fardeau pour de nombreuses familles, en particulier celles qui n'ont pas les moyens de faire face à cette inflation ».
C’est la mosquée Lumière et Piété à Nîmes qui en est le fer de lance. Elle a lancé dès le 16 avril un appel à suivre le mouvement de boycott « responsable » d’achats de moutons. « Cette fête doit être un moment de partage, de solidarité et de joie pour les familles, et NON un jour de contraintes et de difficultés », plaide-t-elle. Ses responsables ont principalement axé leur mécontentement sur les prix des moutons pour l'Aïd, qui ont connu « une hausse considérable, allant de 100€ à 400€ ». Un tel coût représente « un véritable fardeau pour de nombreuses familles, en particulier celles qui n'ont pas les moyens de faire face à cette inflation ».
Des hausses de prix « disproportionnées »
Contactée par la rédaction pour des explications, l'Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev) confirme qu’à l’heure actuelle, en France, « l’offre est rare et les cours historiquement élevés ». L’année 2024 a connu une épidémie de fièvre catarrhale ovine (FCO) qui avait alors décimé une grande partie des cheptels français. Cette année, « malgré la FCO, les agneaux sont au rendez-vous mais, comme chaque année, l’offre reste inférieure à la demande provoquant une envolée des prix », a informé fin avril l’Institut de l’élevage (Idele).
En raison d’un « traditionnel pic de demande » pendant Pâques, la cotation de l'agneau français a « vivement » augmenté en avril, pour atteindre « un nouveau record » établi alors à 11,04€/kg. La cotation est redescendue après Pâques, mais l’Idele s’attend « à un regain de la demande et donc de la cotation avec l’Aïd », qui se traduit chaque année par l’abattage de plus de 100 000 moutons sur une période de un à trois jours, selon le ministère de l’Agriculture. De fait, « le manque d’offre et la flambée des prix freinent la consommation », nous indique l’Interbev.
« En choisissant de ne pas acheter ces animaux à des prix exorbitants, nous pouvons envoyer un message fort aux vendeurs, leur demandant de revoir leurs tarifs afin qu'ils soient plus accessibles à tous. Notre communauté mérite des prix justes et raisonnables. Ensemble, faisons entendre notre voix et préservons l'esprit de l'Aïd : un moment de célébration pour tous, sans pression financière », estime la mosquée nîmoise.
Outre « les pressions administratives ciblées et les obstacles systématiques entravant la liberté de culte », elle dénonce également le manque « persistant » d'abattoirs agrées dans le département. Pour la période de l’Aïd al-Adha, seule une structure a été autorisée à opérer, à Vestric-et-Candiac. A ses fidèles, elle recommande, en guise d’alternative à l’achat du mouton, « l'envoi de dons pour le sacrifice dans des pays où les nécessiteux en ont véritablement besoin ».
En raison d’un « traditionnel pic de demande » pendant Pâques, la cotation de l'agneau français a « vivement » augmenté en avril, pour atteindre « un nouveau record » établi alors à 11,04€/kg. La cotation est redescendue après Pâques, mais l’Idele s’attend « à un regain de la demande et donc de la cotation avec l’Aïd », qui se traduit chaque année par l’abattage de plus de 100 000 moutons sur une période de un à trois jours, selon le ministère de l’Agriculture. De fait, « le manque d’offre et la flambée des prix freinent la consommation », nous indique l’Interbev.
« En choisissant de ne pas acheter ces animaux à des prix exorbitants, nous pouvons envoyer un message fort aux vendeurs, leur demandant de revoir leurs tarifs afin qu'ils soient plus accessibles à tous. Notre communauté mérite des prix justes et raisonnables. Ensemble, faisons entendre notre voix et préservons l'esprit de l'Aïd : un moment de célébration pour tous, sans pression financière », estime la mosquée nîmoise.
Outre « les pressions administratives ciblées et les obstacles systématiques entravant la liberté de culte », elle dénonce également le manque « persistant » d'abattoirs agrées dans le département. Pour la période de l’Aïd al-Adha, seule une structure a été autorisée à opérer, à Vestric-et-Candiac. A ses fidèles, elle recommande, en guise d’alternative à l’achat du mouton, « l'envoi de dons pour le sacrifice dans des pays où les nécessiteux en ont véritablement besoin ».
Pour un dialogue « constructif et transparent » avec les autorités
La mosquée Lumière et Piété est la seule, à notre connaissance, à se mobiliser activement pour le boycott du sacrifice. Face aux incompréhensions suscitées par son appel, elle a martelé qu’il ne s’agit évidemment pas d’un boycott de la fête en elle-même : « Il est essentiel de rappeler que la fête de l'Aïd al-Adha demeure une adoration et une tradition prophétique d'une grande importance pour l'ensemble des musulmans. Nous encourageons ainsi tous les fidèles à assister à la prière de l'Aïd et à vivre ce jour béni dans la piété, la fraternité et la sérénité auprès de leurs proches. Notre démarche (…) s'adresse exclusivement à la question de l'acquisition du mouton destiné au sacrifice cette année. »
C’est loin d’être la première fois qu’un tel appel est lancé depuis l’Occitanie. En 2014 déjà, le Conseil régional du culte musulman (CRCM) Languedoc-Roussillon avait demandé aux musulmans du Gard et de l’Hérault ne pas acheter de moutons pour les mêmes raisons. Aujourd’hui, des musulmans relancent la grogne en espérant être entendus au-delà de leur région car le problème est, à leurs yeux, général.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) s’est exprimé sur ce nouvel appel au boycott pour l’Aïd. L’instance, qui réitère la nécessité d’un sacrifice rituel devant être accompli « dans le respect strict des règles du bien-être animal, telles que prescrites par la tradition musulmane et la réglementation européenne », rappelle que « ce sacrifice, bien qu’il soit une recommandation fortement conseillée, ne constitue pas une obligation pour ceux qui n’en ont pas les moyens, que ce soit sur le plan financier ou logistique ». Par ailleurs, les fidèles peuvent procéder au sacrifice par procuration, « comme cela se fait pour les pèlerins à La Mecque ».
Sans aller jusqu’à appeler au boycott, plusieurs autres responsables musulmans d’au-delà du Gard ont fait valoir leurs inquiétudes, à l’image du Conseil départemental du culte musulman (CDCM) du Loiret. « Outre le manque de structures d'abattage agréées et un cadre réglementaire stricte, une hausse exceptionnelle des prix — aggravée par les pratiques abusives de certains producteurs allant au-delà des augmentations du marché — rend l'achat d'un agneau inaccessible pour de nombreuses familles », a signifié courant avril l’instance. Ces hausses de prix « disproportionnées » font que « seule une minorité de fidèles parvient encore à accomplir le sacrifice dans le Loiret, dans le respect de la tradition islamique ».
Le CDCM, qui « salue leur engagement et les encourage à poursuivre leurs efforts », a appelé de ses vœux « l'ouverture d'un dialogue constructif et transparent avec les autorités, les acteurs de la filière ovine et les institutions publiques ». Bien que le CFCM ait constaté « par le passé des hausses de tarifs parfois déraisonnables », à l’origine des appels au boycott, il privilégie aussi « le dialogue, le respect mutuel et la recherche de solutions concertées ».
« La fête de l’Aïd al-Adha représente un moment important, à la fois pour des milliers de familles musulmanes et pour les professionnels de la filière ovine. Il est essentiel de préserver cette relation de confiance bâtie au fil des années », explique-t-il, tout en appelant les professionnels du secteur à « faire preuve de responsabilité en évitant toute forme de spéculation qui pourrait faire naître un sentiment d’injustice ou de profit abusif “sur le dos des musulmans” ». Quant aux responsables religieux, ils sont appelés à « évaluer avec lucidité les effets potentiels de ces appels au boycott, qui, s’ils répondent à des préoccupations compréhensibles, risquent aussi d’alimenter les discours de ceux qui souhaitent remettre en cause la liberté de culte ».
Pour s'inscrire à notre newsletter gratuitement, c'est ici.
Lire aussi :
L’Arabie Saoudite annonce les dates du hajj et de l’Aïd al-Adha 2025
A quelle date aura lieu l’Aïd al-Adha 2025 en France et dans le monde ?
Aïd al-Adha : la pertinence des appels au boycott du sacrifice examinée
Et aussi :
Vivre pleinement l’Aïd al-Adha sans sacrifier d’animal
Aïd al-Adha : du jeûne au sacrifice, comment la fête est marquée par les musulmans
Aïd al-Adha : ce qu'il faut savoir sur cette fête et ses règles en 13 questions
Fêter l’Aïd al-Adha avec conscience
Abattage rituel, boycott et halalattitude
C’est loin d’être la première fois qu’un tel appel est lancé depuis l’Occitanie. En 2014 déjà, le Conseil régional du culte musulman (CRCM) Languedoc-Roussillon avait demandé aux musulmans du Gard et de l’Hérault ne pas acheter de moutons pour les mêmes raisons. Aujourd’hui, des musulmans relancent la grogne en espérant être entendus au-delà de leur région car le problème est, à leurs yeux, général.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) s’est exprimé sur ce nouvel appel au boycott pour l’Aïd. L’instance, qui réitère la nécessité d’un sacrifice rituel devant être accompli « dans le respect strict des règles du bien-être animal, telles que prescrites par la tradition musulmane et la réglementation européenne », rappelle que « ce sacrifice, bien qu’il soit une recommandation fortement conseillée, ne constitue pas une obligation pour ceux qui n’en ont pas les moyens, que ce soit sur le plan financier ou logistique ». Par ailleurs, les fidèles peuvent procéder au sacrifice par procuration, « comme cela se fait pour les pèlerins à La Mecque ».
Sans aller jusqu’à appeler au boycott, plusieurs autres responsables musulmans d’au-delà du Gard ont fait valoir leurs inquiétudes, à l’image du Conseil départemental du culte musulman (CDCM) du Loiret. « Outre le manque de structures d'abattage agréées et un cadre réglementaire stricte, une hausse exceptionnelle des prix — aggravée par les pratiques abusives de certains producteurs allant au-delà des augmentations du marché — rend l'achat d'un agneau inaccessible pour de nombreuses familles », a signifié courant avril l’instance. Ces hausses de prix « disproportionnées » font que « seule une minorité de fidèles parvient encore à accomplir le sacrifice dans le Loiret, dans le respect de la tradition islamique ».
Le CDCM, qui « salue leur engagement et les encourage à poursuivre leurs efforts », a appelé de ses vœux « l'ouverture d'un dialogue constructif et transparent avec les autorités, les acteurs de la filière ovine et les institutions publiques ». Bien que le CFCM ait constaté « par le passé des hausses de tarifs parfois déraisonnables », à l’origine des appels au boycott, il privilégie aussi « le dialogue, le respect mutuel et la recherche de solutions concertées ».
« La fête de l’Aïd al-Adha représente un moment important, à la fois pour des milliers de familles musulmanes et pour les professionnels de la filière ovine. Il est essentiel de préserver cette relation de confiance bâtie au fil des années », explique-t-il, tout en appelant les professionnels du secteur à « faire preuve de responsabilité en évitant toute forme de spéculation qui pourrait faire naître un sentiment d’injustice ou de profit abusif “sur le dos des musulmans” ». Quant aux responsables religieux, ils sont appelés à « évaluer avec lucidité les effets potentiels de ces appels au boycott, qui, s’ils répondent à des préoccupations compréhensibles, risquent aussi d’alimenter les discours de ceux qui souhaitent remettre en cause la liberté de culte ».
Pour s'inscrire à notre newsletter gratuitement, c'est ici.
Lire aussi :
L’Arabie Saoudite annonce les dates du hajj et de l’Aïd al-Adha 2025
A quelle date aura lieu l’Aïd al-Adha 2025 en France et dans le monde ?
Aïd al-Adha : la pertinence des appels au boycott du sacrifice examinée
Et aussi :
Vivre pleinement l’Aïd al-Adha sans sacrifier d’animal
Aïd al-Adha : du jeûne au sacrifice, comment la fête est marquée par les musulmans
Aïd al-Adha : ce qu'il faut savoir sur cette fête et ses règles en 13 questions
Fêter l’Aïd al-Adha avec conscience
Abattage rituel, boycott et halalattitude