Red Star : la bonne étoile de Saint-Ouen

Par Ken Fernandez, le 04/12/2017

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Club historique du football français, le Red Star, aujourd’hui en National (3e division) n’a jamais abandonné son identité banlieusarde et ses origines populaires. Depuis 2010, le club de Saint-Ouen (93) a créé, malgré des moyens limités, son « Lab » pour promouvoir la culture par le football.

« C’est eux qui ont gagné toutes les coupes ? » Kaaïss, 6 ans, s’est installé dans un des vétustes sièges de la salle d’accueil, à l’entrée du stade. Une pièce qui fait également office de salle des trophées de fortune, aux côtés de deux vieilles machines à café.

Cette saison, le Red Star retrouve son enceinte historique de Bauer, bâtie en 1909, à Saint-Ouen. Pour Freddy Guenengai, habitant de Saint-Denis, le choix du premier club de son fils n’a pas posé question : « En Seine-Saint-Denis, les gens sont attachés à l’identité et aux valeurs humaines défendues par le Red Star. Il véhicule l’image du 93. »

Se servir du football pour faire découvrir la culture

Sur les murs du stade, les photos de supporters se mêlent avec celles des heures de gloire du club créé par Jules Rimet. Les petits nouveaux croisent les entraîneurs et cohabitent avec les sept salariés extrasportifs. Dans les couloirs de Bauer, tout le monde se salue.

Dehors, un visage connu des amateurs de football discute avec le père d’un enfant. C’est David Bellion, l’ancien attaquant de Manchester United et des Girondins de Bordeaux. Il a pris sa retraite il y a un an et n’a plus quitté son dernier club. C’est aussi cela l’esprit Red Star. Á 34 ans, il est devenu directeur créatif du club à l’étoile. Un poste qui lui permet de mettre son goût de l’art et de la mode au service du « Lab » (laboratoire) de l’équipe de Saint-Ouen, un projet « exceptionnel » dans le football français, créé par le président du club, Patrice Haddad, en 2010.

« Là où les autres clubs développent des projets d’insertion professionnelle, nous avons choisi de prendre un positionnement singulier », assume Christelle Quillévéré, en charge du développement du Red Star Lab. « Les parents et les écoles ont pour but d’éduquer les enfants, mais pour ce qui est de l’ouverture culturelle, elle dépend du milieu et des moyens financiers des familles », constate David Bellion.

À partir de ce postulat, le Red Star souhaite se servir du football pour faire découvrir la culture à ses jeunes licenciés. En sept ans, presque 400 jeunes en ont déjà profité. « Dès le plus jeune âge, nous souhaitons mettre en place des ateliers gratuits de type création de BD, dessin, photographie pour ouvrir l’esprit et développer la curiosité » des footballeurs en herbe. « J’aurais beaucoup aimé avoir cette chance lorsque j’ai débuté à l’AS Cannes », confie l’ancien attaquant.

« La résistance est dans l’ADN du club »

Pour ce faire, Christelle Quillévéré, arrivée au club récemment, est en charge de l’organisation des ateliers du Lab. Un travail « passionnant », mais pas sans contraintes. Conséquence directe de sa descente de Ligue 2, le club a vu son budget divisé par deux, passant de 7 à 3,5 millions d’euros environ. La baisse des droits télévisions est la principale source de ces pertes. « Notre budget est essentiellement consacré au secteur sportif », concède le directeur créatif.

Comment développer dès lors ces actions citoyennes sans budget ou presque ? « Les gens aiment le Red Star et ce qu’il représente. Je pars du principe que l’échange de talents et l’entraide sont plus importants que l’argent. Quand on a des idées, on arrive à se débrouiller. Certains réalisateurs ont créé de très bons films avec peu de moyens », explique David Bellion.

« Nous devons trouver des partenaires. L’an dernier, nous avons fait un atelier avec la radio Mouv, et avons créé un spectacle mêlant sport, danse et musique joué au théâtre du Blanc-Mesnil », explique Christelle Quillévéré, en égrenant les différents projets sur lesquels elle réfléchit en ce moment pour rendre le stade Bauer plus attrayant. « Sur l’ensemble des 400 licenciés, tous ne seront pas professionnels. Il faut donc leur montrer d’autres débouchés possibles, toujours en lien avec le football et leur donner la possibilité de les découvrir », poursuit-elle.

Faute de moyens financiers, le Red Star s’appuie sur une équipe motivée. « La résistance est dans l’ADN du club depuis sa création, son rôle social et populaire aussi, on va se battre. Nous, c’est pas Paris, c’est Panam. »