Khaled Roumo a entrepris, depuis longtemps, un voyage au cœur de l’islam. L’enfant voyageur est devenu grand reporter de l’univers coranique dans son dernier ouvrage « Penser son islam ». Au fil des pages, c’est une vision d’un islam intérieur, mis en perspective et éclairé par une méthode d’interprétation personnelle et une vaste connaissance des auteurs occidentaux. Un nouveau regard sur l’islam à découvrir.
Saphirnews : Quel est le chemin parcouru depuis votre précédent ouvrage « L’Enfant voyageur », paru en 2017, à « Penser son islam », que vous venez de publier ?
Vous mettez en garde sur l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques. Ce n’est pas nouveau et ce phénomène aurait même commencé durant les derniers jours du Prophète, comme le montre le travail de Hela Ouardi. Les mises en garde sont-elles suffisantes ?
Le premier chapitre du livre essaie de rappeler ce qu’est la foi. Les personnes prétendument musulmanes qui n’approfondissent pas leur islam se fourvoient en pensant servir. C’est une constante de l’Histoire humaine. Il y a ceux qui s’égarent et ceux qui cherchent un chemin. Ce phénomène ne se trouve pas qu’en islam, c’est toute l’Histoire de l’humanité, et ce n’est pas à moi de juger.
Vous rappelez le principe de la diversité, voulue par Dieu, et vous l’appliquez à l’interprétation du Coran. Chacun-e peut-il/elle interpréter à sa guise ?
Ma méthode consiste à réunir des parties de versets disséminées dans diverses sourates. Ainsi, pour éclairer le sens de la rahma, cet appel jailli du sein de l’Amour divin : « Ma proximité est telle que Je suis plus proche de toi que ta veine irriguant ton corps de sang neuf… ! Il en est de même de Mon amour qui assure tes subsides existentiels à travers des canaux aussi invisibles que les piliers sur lesquels s’élèvent les cieux. Rappelle-toi que Je M’interpose entre toi et ton cœur et que les regards ne M’atteignent pas alors que J’atteins les regards » (Coran 50, 16 ; 8, 24 ; 6, 103).
Qu’en est-il de l’ignorant qui prend un verset, l’interprète de travers et, croyant détenir la vérité, devient fanatique ?
Vous êtes très engagé dans le dialogue interreligieux. Y a-t-il eu de grandes avancées dans ce domaine ?
Ce que je vis dans ces rencontres, je le considère comme un surplus de Miséricorde divine à laquelle sont sensibles des personnes qui cultivent leur foi en Dieu. N’oublions pas que tout ce qui nous arrive dans ce domaine suit l’ordre divin (‘amr). Les personnes attentives aux exigences de cet ordre s’inscrivent dans la volonté de Dieu, comme le rappelle la prière de Jésus : « Que votre volonté soit faite ! » Cet appel traduit très exactement le mot islam, étymologiquement et spirituellement.
La transcendance, la dimension spirituelle est-elle la solution ?
L’âme humaine ne supporte pas d’être approchée ; seul Dieu peut transcender nos limites. Avec Lui, on est en sécurité : Dieu porte notre âme dans Sa main, comme le Prophète se plaisait à répéter, mais aussi II interfère entre l’être humain et son cœur. Il est plus proche de nous que le canal par lequel Il nous achemine les subsides existentiels.
Pour moi, tout cela n’est pas théorique, je l’ai vécu. J’étais au fond d’un abîme et Dieu est venu déverser dans mon cœur des sommes d’Amour qui m’ont donné des ailes.
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