Raya : « Ma grande sœur est pratiquante, mais son mari ne l’est pas »

Par Sabah Babelmin, le 10/01/2018

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Ma grande sœur est avec quelqu’un depuis huit ans mais ça fait un an qu’elle est rentrée dans la religion et lui ne veut pas en entendre parler.

Ils ont eu plusieurs enfants avant la conversion de ma sœur et à chaque fois que ma sœur essaie d’éduquer ses enfants dans la religion, son mari se moque d’elle. Sur chaque aspect de la religion, il se moque d’elle.

Elle ne sait plus quoi faire car cela engendre des disputes. Elle veut porter le jilbeb (jusqu’à présent, il a accepté à contre-cœur le hijab) mais elle appréhende, cependant elle est déterminée à le porter.

Personnellement, je suis rentrée dans la religion, al hamdoulillah, il y a longtemps. Jusqu’à présent, je lui dis de patienter et de faire des douas (invocations à Dieu) mais elle commence à fatiguer du comportement de son mari.

Que pourrais-je lui conseiller ?

Sabah Babelmin, psychothérapeute

Chère Raya,

Quand vous écrivez que votre sœur est rentrée dans la religion « il y a un an », que voulez-vous dire ? Est-ce qu’elle est musulmane de naissance, non pratiquante ? Est-ce une conversion d’une autre religion ? Et son mari est-il musulman ou est-il d’une autre confession ou sans confession ?

Votre sœur fréquente cet homme depuis huit ans, a eu plusieurs enfants avec lui, et pour quelle raison elle ne lui a pas parlé de son désir de conversion ? Est-ce le fait qu’elle soit mère et épouse qui l’a amenée à cette conversion ?

La religion est quelque chose d’intime mais il me semble que c’était important, voire primordiale, d’en parler à son compagnon, à son mari.

Il est évident que si elle veut porter le hijab et éduquer ses enfants selon les préceptes de l’islam et que lui se moque d’elle car il n’est pas encore prêt, cela risque de créer un chaos dans la tête des enfants. Car comme le savez, il est important que les parents soient d’accord sur l’éducation des enfants. Si ce n’est pas le cas, ils sont face à un discours paradoxal qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur leur structuration psychique.

Surtout nul ne peut obliger quelqu’un à croire et à pratiquer une religion s’il n’en a pas le désir : c’est un choix et un cheminement très personnel. Il me semble qu’elle ne pourra pas obliger cet homme à croire et à pratiquer s’il n’en pas l’envie. Et s’il est croyant, peut-être que votre sœur et son mari n’ont pas la même conception de la religion et de la mise en œuvre des préceptes religieux dans la vie quotidienne.

Se moquer de sa femme et critiquer tous ses actes de foi est humiliant et dévalorisant pour l’épouse, et puis cela doit être pénible à gérer au quotidien, de se cacher ou de mentir pour vouloir lui plaire, sans parler des disputes et de l’image du couple que celui-ci donne à ses enfants.

Vous conseillez à votre sœur de patienter et de faire des douas, c’est sûr que la patience finit toujours par payer.

Et l’enjeu est important, les enfants sont au centre du conflit de couple. Peut-être faut-il rappeler aussi que la pratique de la religion ne se limite pas à un ensemble de règles et d’interdits à observer, elle comprend aussi une attitude d’écoute, de dialogue et de bienveillance à avoir avec ses proches et ceux que l’on aime. La religion, que l’un des membres du couple soit croyant ou pas, pratiquant ou pas, ne devrait pas être source de conflit. Les bonnes relations de couple et les relations familiales impliquent le respect mutuel de ce que chacun est au plus profond de soi.

Il ne reste à votre sœur qu’à persévérer : « Dieu aime et aide les patients », sans pour autant se braquer à chaque occasion. Si le couple est assez mature, peut-être devrait-il aller chercher de l’aide auprès d’un professionnel pour cheminer chacun en toute conscience et être en capacité d’apaiser les conflits.

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