Suis-je le gardien de mon frère ? - La notion de la fraternité explorée par des intellectuels

Par Hanan Ben Rhouma, le 24/05/2019

PENDANT LE RAMADAN, SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !

Reçu à Saphirnews


L'avis de Saphirnews

« Suis-je le gardien de mon frère ? » Telle est la réponse formulée par Caïn à Dieu lorsque Celui-ci lui demande ce qu'il est advenu de son frère cadet Abel qu'il a tué par jalousie. La première fratrie de l'histoire biblique - Caïn et Abel étant les enfants d'Adam - invente ainsi le fratricide et pose ainsi la question de ce qu'est la fraternité et du sens à lui donner.

C'est autour de ce verset biblique, tiré de la Genèse, que fut organisé une captivante conférence à Lyon le 16 novembre 2015, quelques jours après les attentats de Paris. Il avait alors réuni cinq intellectuels : les philosophes Souleymane Bachir Diagne et Frédéric Worms, le prêtre dominicain Jean-Marie Gueullette et la rabbin Delphine Horvilleur.

L'ouvrage d'une cinquantaine de pages vient restituer un débat riche, dense, pendant lequel le thème de la fraternité a été exploré, « à l'heure où certains ont fanatisé cette fraternité pour faire le cœur de leur croisade macabre », soulignait Delphine Horvilleur. « Cette même fraternité que revendiquent des fanatiques qui se nomment frères entre eux pour mieux combattre ceux qu'ils jugent impurs », rappelait Jean-Philippe Pierron, professeur de philosophie et animateur du débat.

Pour ce dernier, « il s'agit donc d'apprendre à penser la fraternité à partir de la hantise d'une violence bien peu fraternelle » et à considérer la fraternité comme « une tâche, un travail ». Avec ce livre, c'est une lecture plurielle consacrée à la responsabilité, où se répondent les interprétations des religions monothéistes et de la philosophie contemporaine, que les Presses universitaires de Lyon partagent aujourd'hui, invitant le lecteur à engager une réflexion propre sur une notion bien plus complexe qu'elle n'y paraît au premier abord.

Présentation de l'éditeur

« Suis-je le gardien de mon frère ? » À partir de ce verset de l’Ancien Testament, cinq intellectuels interrogent tour à tour les rapports que l’être humain entretient avec ses semblables et proposent une lecture plurielle consacrée à la solidarité et à la responsabilité, où se répondent les interprétations des trois grandes religions monothéistes et de la philosophie contemporaine.

Conçu à partir d’un événement organisé par la Villa Gillet dans le cadre du festival « Mode d’emploi », en novembre 2015, quelques jours après les attentats de Paris, ce livre propose une réflexion sur la fraternité.

Les auteurs

Spécialiste de philosophie islamique et en particulier du soufisme, Souleymane Bachir Diagne est philosophe et historien des sciences à l’Université Columbia (New York). Il a notamment publié en France Comment philosopher en islam ? (Philippe Rey, 2013).

Prêtre dominicain, Jean-Marie Gueullette est docteur en médecine et en théologie catholique. Il est professeur à l’Université catholique de Lyon, où il a dirigé le Centre interdisciplinaire d’éthique. Il a publié la première édition critique de l’Autobiographie du fondateur de l’ostéopathie, Andrew Taylor Still (Sully, 2017).

Delphine Horvilleur est l’une des trois femmes rabbins exerçant en France. Diplômée de littérature hébraïque, elle enseigne la pensée juive et la littérature rabbinique. Elle vient de publier Réflexions sur la question antisémite (Grasset, 2019).

Jean-Philippe Pierron enseigne la philosophie morale et l’éthique appliquée à l’Université Jean Moulin Lyon 3. Il a publié, entre autres, Prendre soin de la nature et des humains : médecine, travail, écologie (Les Belles Lettres, 2019).

Frédéric Worms est professeur de philosophie à l’École normale supérieure et membre du Comité consultatif national d’éthique. Il est l’auteur de nombreux travaux sur Bergson et sur la philosophie morale et politique.

Souleymane Bachir Diagne, Jean-Marie Gueullette, Delphine Horvilleur, Jean-Philippe Pierron, Frédéric Worms, Suis-je le gardien de mon frère ?, Presses universitaires de Lyon, mai 2019, 54 p., 6 €.