Dans un Liban des années 1950 traversé par des troubles, une femme peut-elle avoir un autre destin que celui tracé par les hommes ? C'est la question à laquelle Layla, issue de la bonne société chrétienne, se trouve confrontée et qui continue d'agiter encore aujourd'hui de nombreuses femmes.
L’histoire se déroule au Liban, alors qu’éclatent les premiers troubles entre chrétiens et musulmans qui évolueront en guerre civile quelques années plus tard. Mais elle pourrait se passer n’importe où en cette année 1958, une période durant laquelle les femmes des bonnes sociétés bourgeoises de l’Occident comme du Moyen-Orient sont encore soumises à leurs pères ou à leurs maris. Layla a été mariée très jeune à Boutros et a donné naissance à un petit garçon, Charles, qui l’adore. Mais à 25 ans, elle s’ennuie dans son rôle d’épouse et mère de famille respectable au sein d’une société encore féodale.
Surtout, elle est malheureuse car elle n’aime pas son mari. « Un couple tout à fait classique de ces sociétés libanaises », précise Carlos Chahine, le réalisateur, lui-même originaire du Liban. « Un homme riche, bien élevé, sympathique, qui aime son épouse, est prêt à tout pour elle. Et face à lui, une jeune fille qui n’a pas d’autre choix que de dire oui quand on la marie. (…) Un couple libanais typique de cette époque-là, envié de tous. Elle est belle (…), c’est la seule femme qui conduit, donc elle est relativement moderne, mais ce sont les hommes qui décident de son destin, son père, son mari, et son fils. » Dans cette vallée magnifique que surplombent des sommets désertiques, Layla a l'impression d'étouffer.
Indépendant depuis 1943, le Liban est une république pluriconfessionnelle mais déjà, les communautés religieuses se montrent incapables de s'entendre. Les musulmans veulent rejoindre la République arabe unie, fruit d'une union de l’Égypte et de la Syrie établie le 1er février 1958, qui disparaitra le 28 septembre 1961. Les chrétiens maronites veulent, quant à eux, garder le pays indépendant. En mai 1958, des combats éclatent dans les grandes villes. Et en juin de la même année, une guérilla démarre dans la montagne. Des milices sont créées par les nationalistes arabes, les Druzes, les Baasistes, les Phalanges chrétiennes... La guerre civile démarrera vraiment en 1975 et durera jusqu'en 1990.
Surtout, elle est malheureuse car elle n’aime pas son mari. « Un couple tout à fait classique de ces sociétés libanaises », précise Carlos Chahine, le réalisateur, lui-même originaire du Liban. « Un homme riche, bien élevé, sympathique, qui aime son épouse, est prêt à tout pour elle. Et face à lui, une jeune fille qui n’a pas d’autre choix que de dire oui quand on la marie. (…) Un couple libanais typique de cette époque-là, envié de tous. Elle est belle (…), c’est la seule femme qui conduit, donc elle est relativement moderne, mais ce sont les hommes qui décident de son destin, son père, son mari, et son fils. » Dans cette vallée magnifique que surplombent des sommets désertiques, Layla a l'impression d'étouffer.
Indépendant depuis 1943, le Liban est une république pluriconfessionnelle mais déjà, les communautés religieuses se montrent incapables de s'entendre. Les musulmans veulent rejoindre la République arabe unie, fruit d'une union de l’Égypte et de la Syrie établie le 1er février 1958, qui disparaitra le 28 septembre 1961. Les chrétiens maronites veulent, quant à eux, garder le pays indépendant. En mai 1958, des combats éclatent dans les grandes villes. Et en juin de la même année, une guérilla démarre dans la montagne. Des milices sont créées par les nationalistes arabes, les Druzes, les Baasistes, les Phalanges chrétiennes... La guerre civile démarrera vraiment en 1975 et durera jusqu'en 1990.
Un désir de liberté
C'est l'été. L’écho des combats qui se déroulent à Beyrouth et dans les villes parviennent de façon assourdie jusque dans une vallée de la montagne libanaise. L’arrivée d’un couple d’estivants français, Hélène (Nathalie Baye) et son fils René, (Pierre Rochefort), va ouvrir les yeux de Layla sur la société patriarcale qui l’entoure. « Elle a épousé un homme qui ne lui plaît pas physiquement, précise le réalisateur. Elle ne supporte pas d’être un objet dans ses bras, (…), son désir ne se trouve pas accompli. Alors, elle veut tout sauf être là, coincée dans cette vallée d’où elle ne distingue jamais l’horizon. Elle ressent un désir, le désir au sens large, elle ne peut plus faire comme si elle ne ressentait pas cela. »
Les deux sœurs cadettes de Layla aspirent elles aussi à s’accomplir personnellement, en poursuivant des études ou grâce à un mariage heureux. Elles lui renvoient une image peu valorisante de ce qu’elle est devenue en acceptant de se marier contre son gré. Et la rencontre avec Hélène, une femme « qui exprime avec facilité sa liberté d’être », précise Carlos Chahine, va déclencher une envie irrépressible d'ailleurs. « Mon film est féministe, assure le réalisateur. Dans le sens où dans un monde plein de contraintes, plusieurs façons d’être femme se côtoient, à l’image de ce que dit la benjamine à sa mère à un moment : "Tu nous a éduquées pourquoi ?". Le féminisme se confronte aux limites d’une société. »
La nuit du verre d’eau, celle où Charles, le petit garçon, a peut-être appelé sa mère une fois de trop en pleine nuit, pour réclamer un verre d’eau qu’il ne boira finalement pas. Comme un symbole de son amour pour sa mère, mais aussi de la place des femmes dans un univers ritualisé où elles doivent se mettre au service des hommes de leur famille. La nuit qui a sans doute permis à Layla de prendre une grande décision…
Les deux sœurs cadettes de Layla aspirent elles aussi à s’accomplir personnellement, en poursuivant des études ou grâce à un mariage heureux. Elles lui renvoient une image peu valorisante de ce qu’elle est devenue en acceptant de se marier contre son gré. Et la rencontre avec Hélène, une femme « qui exprime avec facilité sa liberté d’être », précise Carlos Chahine, va déclencher une envie irrépressible d'ailleurs. « Mon film est féministe, assure le réalisateur. Dans le sens où dans un monde plein de contraintes, plusieurs façons d’être femme se côtoient, à l’image de ce que dit la benjamine à sa mère à un moment : "Tu nous a éduquées pourquoi ?". Le féminisme se confronte aux limites d’une société. »
La nuit du verre d’eau, celle où Charles, le petit garçon, a peut-être appelé sa mère une fois de trop en pleine nuit, pour réclamer un verre d’eau qu’il ne boira finalement pas. Comme un symbole de son amour pour sa mère, mais aussi de la place des femmes dans un univers ritualisé où elles doivent se mettre au service des hommes de leur famille. La nuit qui a sans doute permis à Layla de prendre une grande décision…
Bande-annonce LA NUIT DU VERRE D'EAU from jour2fete on Vimeo.
La nuit du verre d'eau, de Carlos Chahine
France, Liban, 1h23
Avec Marilyne Naaman, Antoine Merheb Harb, Nathalie Baye, Pierre Rochefort, Talal Jurdi, Ahmad Kaabour, Christine Choueiri, Joy Hallak, Rubis Ramadan
Sortie en salles le 14 juin 2023
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