Le football, une allégorie de nos sociétés

Par Samuel Grzybowski, le 17/04/2019

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Cette semaine, j’ai ouvert mon dictionnaire dans les premières pages et j’ai consulté la définition précise de l’allégorie. Je me suis rendu compte que l’on connaît souvent une définition ainsi décrite : « oeuvre (peinture, sculpture, film) dont chaque élément évoque un aspect d’une idée complexe. » On pense spontanément à Marianne pour la France, ou la Liberté dans le tableau Delacroix. On pense aussi aux allégories des arts et des sciences représentées par des femmes portant des symboles particuliers sur la grande fresque du grand amphithéâtre de la Sorbonne. On pense à la Justice avec son épée et sa balance.

Il existe cependant une deuxième définition de l’allégorie : « une narration mettant en œuvre des éléments concrets, chaque élément correspondant à un contenu abstrait. » Dans ce sens là, je réalisais à quel point les histoires qui arrivent au football sont les histoires de nos sociétés. Ainsi, le football devient, comme au lendemain de la victoire des Bleus en Coupe du monde, une allégorie de la société française contemporaine.

Lors d’un matche de Ligue 1, Prince Gouano, joueur du club de Amiens, en Picardie, a été victime de cris de singe depuis les tribunes. L’auteur présumé de ces cris a été placé en garde à vue. Cette histoire rappelle combien il est absurde qu’on puisse encore entendre, en 2019, des bruits d’animaux lorsqu’un joueur noir touche le ballon.

Pourtant, le racisme est une réalité massive de la société française qu’il convient encore de combattre. En témoigne la poussée des mouvements identitaires dont personne ne croit encore qu’elles puissent être dé-corrélées du sentiment de rejet qui se construit sans gêne en France depuis 30 ans, accentué par une vision négative des migrations provoquées par les guerres en Afrique et au Moyen-Orient.

Toujours dans le domaine de l’égalité, mais entre les sexes cette fois plutôt qu’entre les origines ethniques, la Coupe du monde féminine de football approche à grand pas, dans 51 jours exactement, et le traitement médiatique ou politique de la compétition est loin d’être égalitaire avec son équivalente masculine.

Pourtant, cette année, la Coupe du Monde est organisée en France et nos joueuses nationales sont extrêmement prometteuses. Troisième au classement FIFA, elles ont battu en match amical les Américaines tenantes du titres et brillent à chaque match de préparation, comme face au Danemark contre qui elles ont gagné 4-0 le 8 avril. Sur le site de L’Équipe, les fiches des joueuses de l’équipe de France ne sont pas à jour et, dans Le Monde, on peut encore lire « le foot féminin » alors que ce sport n’existe pas. Oui, c’est du foot joué par des femmes, dans des compétitions féminines éventuellement, mais ça reste du foot. Point.

Alors, comme le Sport devient une allégorie de nos vies collectives, mettons tout en œuvre pour faire gagner l’Équipe de France, un doublé pour l’Égalité qui créerait peut-être davantage d’égalité réelle dans la société.