Commentaires
Premier Janvier
le 26/02/2021 à 17:14
Je ne détermine pas. C'est le contraire. Je dis que l'on pense une même chose différemment. Autrement on en dirait la même chose. Lol.
Les idées ne sont l'idée, elles ne sont pas ce qui ne varie jamais.
Penser c'est dire ce que l'on trouve.
Ce que l'on trouve ne nous appartient pas, puisqu'on l'a trouvé.
Preuve en est, de ce que je dis, vous pouvez en dire le contraire.
Que l'on sache les contraires sont des synonymes.
Vous balayez la notion de changement. Vous êtes vous, vous ne pouvez pas ne pas être vous, mais vous ne pouvez pas ne pas être âgé par exemple.
Le temps c'est ça. Il est toujours le même, toujours au même endroit mais ne ne peut pas être un autre. Le présent est un présent pour toujours mais il ne peut pas être être.
francois.carmignola@gmx.com
le 25/02/2021 à 06:58
@101 Moi je crois avoir saisi la votre de grille...
Vous déterminez une position chez votre correspondant et proclamez ensuite successivement que vous adoptez son contraire, puis les deux en même temps, histoire de faire bonne mesure. Ce n'est pas de la folie, c'est de l'entourloupe... Néanmoins, des choses intéressantes sont évoquées, et c'est le principal.
Attention toutefois à cet être qui ne changerait jamais et qui n'aurait pas besoin du temps (selon vous): la permanence est l'essence du temps car l'absence de temps c'est précisément changer toujours, et à chaque instant.
L'être que vous décrivez est erratique, un peu tout fou...
Premier Janvier
le 23/02/2021 à 23:17
Vous qui disiez ne pas confondre être et étant vous les fusionnez.
Les choses, ne peuvent bien sur pas, ne pas être ce qu'elles contiennent.
Leurs enveloppes, apparences et leurs contenus.
Mais ce qu'elles contiennent ne peut que se trouver ailleurs si l'on en dit qu'elles sont.
Il n'y a que ce qui ne change jamais qui puisse être. Un sans temps, sans forme et sans multiple.
Premier Janvier
le 23/02/2021 à 22:35
Je crois que j'ai saisi votre grille de lecture.
Ce qui est existe dans un temps ne peut pas ne pas être dans le temps.
Par exemple cette table est rouge. La forme et la couleur sont ici et pas ailleurs.
Vous parlez de être (un) tandis que je parle de ce qui existe. Tout ce qui existe.
D'ou un temps pour vous, aucun pour moi.
Les deux se trouve bien sur dans le temps. Ou autrement.
Mais vous le faîtes devenir un temps.
Nous sommes sensés, nous parlons de la même chose, je ne vois donc que cela. Ou bien alors l'un de nous deux est fou. Lol.
francois.carmignola@gmx.com
le 23/02/2021 à 08:10
L'assimilation de l'être au temps est une vieille lune, mais c'est bien de la redécouvrir, d'où vous pourriez au moins tirer, histoire de faire progresser la chanson, la question d'un non-être non soumis au temps...
Je dis ça, je dis rien...
Premier Janvier
le 18/02/2021 à 00:59
Quand je dis, c'est ça que l'on cherche je ne veux pas dire moi en particulier.
Je veux dire en général.
Je suis d'ailleurs peut être complètement hors sujet car je ne connais pas cette discipline. Mais, moi, je ne l'aurais pas fait exprès. Hein François. Lol.
Premier Janvier
le 18/02/2021 à 00:34
Temps et sens ne sont pas deux différents mais une seule et même chose.
Les deux sont des choses dans une durée.
Ce n'est qu'une fois qu'on l'a trouvé (ou il se trouve et au moment ou il s'y trouve) que l'on peut dire ce qu'il est.
Il peut aussi se trouver ailleurs l'instant d'après.
Quand il s'y trouve (ailleurs) il n'est plus ce qu'il disait être. Cependant il ne peut que le rester. Et donc n'être aucun des trois.
Etre. Ne pas être. Etre et ne pas être en même temps.
Mais ils sont pourtant les trois en même temps.
Etre. Ne pas être. Et les deux en même temps.
C'est ça que l'on cherche.
Premier Janvier
le 17/02/2021 à 20:41
Un, qui ne serait ni partout ni nulle part c'est tout ce qui existe.
Dont les idées font parti.
Ce qui devient le contraire de ce que l'on a dit.
Puisque l'on a dit, il n'est pas dans les idées.
La réponse ne peut donc être, il est partout et nulle par mais jamais les deux simultanément.
Ce qui se contredit aussi. Puisque l'on a dit qu'il était dans tout ce qui existe.
Et donc il ne peut être que partout et nulle part, mais l'un puis l'autre sans jamais ne rester ni l'un ni l'autre, en permutant sans cesse et indéfiniment de l'un à l'autre.
Ce que l'on cherche c'est donc à quel moment il est ce qu'il dit qu'il est.
Et inversement.
A quel moment, ce que l'on cherche c'est le temps donc.
Et là on fait renter des notions de temps, de sens,
francois.carmignola@gmx.com
le 17/02/2021 à 17:40
Les choses ne disent rien, il n'y a que l'homme qui parle, qui parle des choses. Les idées sont émises par l'homme (ou la femme) en contemplant les choses.
Néanmoins, en disant qu'elles sont les "causes" de ces idées, vous semblez signifier quelque chose. Ce quelque chose serait il la cause de votre point de vue qui donc aurait une réalité ?
Et bien cela est un sophisme.
Les choses sont l'objet de notre réflexion dont nous sommes les sujets. Non pas passivement (comme les sujets d'un roi, ou les assujettis à un impôt) mais les personnes qui en tant que sujets, parlent des choses.
La remise en cause post moderniste du sujet est toutefois possible, et faite par certains. Seriez-vous un dangereux déconstructiviste ?
Pierre Lavoisy
le 16/02/2021 à 18:54
Fazlur Rahman est donc pour une démarche historico-critique dans l’exégèse du Coran canonique sunnite.
Ce musulman libéral est donc un des nombreux intellectuels qui se battent pour un Islam des Lumières de par le monde.
Pierre Lavoisy, membre de l'Église Protestante Unie de France,
de tradition théologique libérale héritière du Siècle des Lumières
Premier Janvier
le 15/02/2021 à 23:57
François. Vous dîtes d'une chose qu'elle ne peut pas être ce que l'on dit qu'elle est.
Puis vous dîtes.
Elle existe indépendamment de tout et qu'elle ne supporte que des qualifications, des jugements.
Puis.
Elle peut recevoir plusieurs qualificatifs sans se réduire à l'un d'entre eux.
Puis.
Ceux qui qualifient renoncent au caractère unique et essentiel de leur qualification.
Premier Janvier
le 15/02/2021 à 18:33
François. Je n'ai rien compris.
Il n'y a bien sur que les choses elles mêmes qui puissent dire ce qu'elles sont. Ce sont bien sur les choses qui font émettre les idées et pas le contraire.
Les choses ne peuvent jamais être séparées de ce qu'elles ne sont pas. Et donc les contenir. Même quelque chose et le vide ne peuvent que se toucher, sans séparation.
Elles nous contraignent à dire ce qu'elles ne sont pas pour pouvoir dire ce qu'elles sont. Et inversement. Elles nous font émettre des idées. Un effet donc. Qui dit effet dit cause (origine).
On a dit des idées qu'elles étaient l'effet,
La cause précède toujours l'effet, c'est donc l'origine qu'il faut chercher.
La cause première. Qui serait commune à toutes les choses.
On trouve un.
Qui ne se trouverait dans aucune chose et dans toutes les choses.
Partout et nulle part.
francois.carmignola@gmx.com
le 15/02/2021 à 14:21
@101 Contrairement à ce que vous dites, une chose ne peut être ce qu'on dit d'elle... Elle existe indépendamment de tout et ne supporte que des qualifications, émises lors de jugements. Ces jugements peuvent être discutés collégialement sans que l'être de la chose ne soit atteint ou menacé.
D'autre part toute chose peut recevoir PLUSIEURS qualificatifs, et ne se réduit jamais à l'un d'entre eux, mieux: ceux qui qualifient, par principe, renoncent au caractère unique et essentiel de leur qualification.
Je crois donc que vous êtes un peu paranoïaque, à croire qu'on fait du mal quand on ne fait que parler, pour tout dire, je crois que vous donner un mauvais sens aux mots. Revoyez votre ontologie.
Premier Janvier
le 15/02/2021 à 01:34
François. Les hommes et la société c'est tous les uns dans un.
Premier Janvier
le 15/02/2021 à 01:30
L'idée de fractionner les personnes et la société dit une chapelle. Voire une secte. Les hommes et la société ne peuvent être qu'un.
Premier Janvier
le 15/02/2021 à 00:36
François. Je comprends de vous, peut être à tort que vous voulez ménager les extrêmes. Les uns tout seul.
Premier Janvier
le 15/02/2021 à 00:32
Vous remplacez 1968 par 2007. Mais ça ne change rien.
Vous dîtes là des évènements, des faits et pas la théologie.
L'islam (ou autre) est ce que l'on dit qu'il est, dont vous pouvez faire parti bien sur. Pour cette raison il ne peut être que collégial, il ne peut pas être un (que vous).
Vous confondez un (un singulier) et donc potentiellement tous les uns (ceux que vous choisissez) avec la société (qui elle ne peut être que tous les uns).
Ca ne colle pas.
La société ne pas être un seul (que vous ou que moi ou qu'un autre) et en même temps être tout le monde (vous et moi dont vous dîtes qu'il ne peuvent être que des uns, tout seul). Ca se contredit.
francois.carmignola@gmx.com
le 14/02/2021 à 23:08
Au sujet de la religion et de la société. Aussi bien le "monsieur" que algèbre le mentionnent: l'islam est une religion "éminemment" politique.
Mon ironie porte sur l'islam "politique": on est donc conduit à le considérer "encore plus" politique que l'islam lui même, pour ne pas dire politique à un point "carabiné"...
Du point de vue du Pakistan de 68, qui était sans aucun doute infiniment moins fanatisé qu'aujourd'hui (l'assassinat incroyable de Benazir Bhutto date de 2007), on trouva tout de même de quoi condamner Rahman, c'est dire...
Pardon de mon jeu avec les extrêmes encore plus extrêmes, mais oui en ces matières et sur ces sujets, rien ne semble arrêter les montées aux extrêmes les plus invraisemblables, jusqu'à des décapitations d'enfants, acteurs et victimes, actes absolument effroyables explicitement effectués au nom et au son des proclamations musulmanes les plus classiques.
Réformer l'islam ? Certes, mais tout s'est passé comme s'il avait été réformé dans le mauvais sens.
Premier Janvier
le 14/02/2021 à 21:52
Les oulémas de l'époque. La condamnation de monsieur Rahman.
Deux différents. J'ai peut être mal traduis votre "quand on pense". Et ils seraient un. Puis modernité forme originale du caractère religieux l'empêche d'évoluer. Là par contre vous distinguez bien (deux) en les fusionnant.
L'actuel ne pas peut être actuel. Puis l'actuel est l'actuel qui empêche l'actuel
La cause qui n'est pas la cause est la cause de la cause qui empêche la cause. Vous dîtes trois (voire plus) pour ensuite dire un. Ca n'a pas de sens.
Premier Janvier
le 14/02/2021 à 20:49
François. Vous écrivez:
... quand on pense que le monsieur fut condamné à mort en 1968 et a fuit le Pakistan, alors que toutes les pakistanaises....
Puis.
Modernité, forme originale du caractère religieux:
on peut s'interroger sur son avenir à cause de cela: incapable absolument d'évoluer, ou bien appelé à disparaitre brutalement ?
Comment vous faîtes fusionner cette contradiction.
Vous vous comprenez bien sur. Mais prendre la posture de compatir au sort d'un homme qui justement était inquiété pour ce que vous prétendez défendre, vous faîtes fort.
Premier Janvier
le 14/02/2021 à 20:19
François. Le jour ou vous ne caserez pas le mot islam politique c'est que ce ne sera pas vous. Lol.
Premier Janvier
le 14/02/2021 à 20:16
François. Le thème c'est l'art d'une interprétation.
Pas les pakistanais, ni les musulmans.
Vous relevez la phrase ou vous trouvez les termes individu et société que vous faîtes devenir islam politique.
La phrase est:
... Le Coran, donc, "visant de manière concrète l’amélioration morale de l’homme et de la société, et donc n’ayant pas seulement une portée individuelle et métaphysique."
L'amélioration morale de l'homme et de la société.
Et signifie les deux en même temps.
L'individu c'est un. Moi, vous, un autre. Un singulier donc. Une personne.
La société c'est tous les uns. Donc à nouveau, moi, vous, un autre etc...
On trouve les individus et la société.
Un (l'individu) ne peut pas exclure un (la société).
Je ne suis pas la société. Vous n'êtes pas la société. Personne n'est la société.
Egalement si l'on enlève tous les uns (les individus) il n'y a plus de société.
C'est contradictoire mais la société ne peut pourtant qu'être un et ne pas l'être.
L'homme et la société sont indissociables. A moins de faire ermite bien sur.
Quoique.
Il est question d'herméneutique.
Je vous mets le sens du mot.
L'herméneutique est aussi ancienne que le sont les religions, les spiritualités et la philosophie.
Qui concerne, qui a pour objet l'interprétation des textes religieux ou philosophiques, en particulier des Écritures saintes.
L'herméneutique n'appartient a aucune culture.
Il écrit dans la phrase, l'amélioration morale de l'homme et de la société. pas de l'islam et des musulmans, qui ne peuvent cependant que ne faire qu'un, puisqu'il faut bien qu'il se trouvent quelque part.
Des uns dans un donc.
L'amélioration de l'homme et de la société, par extension au regard de leur culture, puisque l'on a dit que c'était une approche qui a pour objet l'interprétation des textes du coran.
Le coran est l'islam, mais l'islam n'est pas une personne.
Il est une culture, une religion, dans la société bien sur.
L'homme (musulman ou autre) ne sont pas non un individu. Il est plusieurs un.
Un homme (un singulier) ne peut pas être une société à lui tout seul.
Ni la société ne pas être tous les hommes.
Il n'y a que les deux en même temps qui le puisse. Etre l'homme et la société.
Premier Janvier
le 14/02/2021 à 18:47
François. J'ai écris les pakistanaises ne sont pas toutes musulmanes.
Autrement dit les pakistanais sont des pakistanais.
Vous me répondez voulez dire que le nombre de pakistanaises musulmanes a augmenté.
Ils sont potentiellement musulman bien sur, mais n'augmente que ce qui est toujours pareil. Non!
Dire il y a plus de pakistanais et il y a aussi moins de pakistanais n'a pas de sens.
Vous le dîtes autrement mais vous ne cessez encore et toujours de faire la même erreur.
Il y en a bien sur plus ou moins, puisque certains sont mort, d'autres ont émigré ou immigré etc, mais pakistanais n'est pas une confession. Ni être musulman une origine.
francois.carmignola@gmx.com
le 14/02/2021 à 14:56
@algebre. Il y a sans aucun doute quelque chose de profondément vrai dans ce que vous dites. Modernité, forme originale du caractère religieux: l'islam est bien tel que vous le décrivez.
Et on peut s'interroger sur son avenir à cause de cela: incapable absolument d'évoluer, ou bien appelé à disparaitre brutalement ?
L’approche herméneutique de Fazlur Rahman, outil pour un islam moderne et vivant (1/2)
Par Baudouin Heuninckx, le 12/02/2021
Fazlur Rahman est un intellectuel et philosophe musulman, né en 1919 sur le territoire de ce qui est actuellement le Pakistan. Il est principalement connu dans le sous-continent indien, en Malaisie, en Turquie, ainsi que dans les pays anglo-saxons, comme un important penseur libéral qui entreprit de grandes réformes et l’enseignement de l’islam au Pakistan. Avec son père alim, il apprit l’islam dès son plus jeune âge, avant de partir étudier à l’Université d’Oxford et d’entamer une carrière académique au Royaume-Uni et au Canada.
Il revint au Pakistan en 1961 pour prendre la tête de l’Institut central de recherche islamique, créé par l’Etat pakistanais pour assurer une meilleure intégration entre l’islam et la société pakistanaise. Cependant, ses idées libérales lui attirèrent l’opposition de certains ulémas traditionnels, qui finirent par le déclarer apostat et appeler à sa mort. Il démissionna en 1968 et partit aux Etats-Unis pour y poursuivre une carrière académique à l’Université de Californie, puis à l’Université de Chicago, où il enseigna la pensée islamique et encouragea la réforme et un renouveau de l’islam jusqu’à sa mort en 1988.
Fazlur Rahman est peu connu en France, où ses ouvrages n’ont pas été traduits. C’est seulement récemment que le lecteur francophone a pu se familiariser avec sa pensée grâce au très bon livre du Dr. Youssouf T. Sangaré, Repenser le Coran et la tradition islamique – Une introduction à la pensée de Fazlur Rahman (Al Bouraq, 2017). Pourtant, la vision de l’islam de Fazlur Rahman est d’un intérêt particulier dans notre société moderne.
Pour lui, le renouveau de l’islam passe par un retour au dynamisme intellectuel qui caractérisait les premiers siècles de l’islam et par une recherche des valeurs morales et éthiques universelles tirées du Coran, qu’il voit comme une source de justice sociale. Il prônait en particulier une méthode originale d’interprétation du Coran adaptée à la société moderne et la renaissance du raisonnement personnel (ijtihad). Il devrait donc sans doute être mieux connu en France. Le but de cet article en deux volets est de résumer l’herméneutique, la méthode d’interprétation, du Coran développée par Fazlur Rahman. Cette analyse est principalement tirée de ses livres Islam, 2e édition (University of Chicago Press, 1979), et surtout Islam & Modernity – Transformation of an Intellectual Tradition (University of Chicago Press, 1982).
Il revint au Pakistan en 1961 pour prendre la tête de l’Institut central de recherche islamique, créé par l’Etat pakistanais pour assurer une meilleure intégration entre l’islam et la société pakistanaise. Cependant, ses idées libérales lui attirèrent l’opposition de certains ulémas traditionnels, qui finirent par le déclarer apostat et appeler à sa mort. Il démissionna en 1968 et partit aux Etats-Unis pour y poursuivre une carrière académique à l’Université de Californie, puis à l’Université de Chicago, où il enseigna la pensée islamique et encouragea la réforme et un renouveau de l’islam jusqu’à sa mort en 1988.
Fazlur Rahman est peu connu en France, où ses ouvrages n’ont pas été traduits. C’est seulement récemment que le lecteur francophone a pu se familiariser avec sa pensée grâce au très bon livre du Dr. Youssouf T. Sangaré, Repenser le Coran et la tradition islamique – Une introduction à la pensée de Fazlur Rahman (Al Bouraq, 2017). Pourtant, la vision de l’islam de Fazlur Rahman est d’un intérêt particulier dans notre société moderne.
Pour lui, le renouveau de l’islam passe par un retour au dynamisme intellectuel qui caractérisait les premiers siècles de l’islam et par une recherche des valeurs morales et éthiques universelles tirées du Coran, qu’il voit comme une source de justice sociale. Il prônait en particulier une méthode originale d’interprétation du Coran adaptée à la société moderne et la renaissance du raisonnement personnel (ijtihad). Il devrait donc sans doute être mieux connu en France. Le but de cet article en deux volets est de résumer l’herméneutique, la méthode d’interprétation, du Coran développée par Fazlur Rahman. Cette analyse est principalement tirée de ses livres Islam, 2e édition (University of Chicago Press, 1979), et surtout Islam & Modernity – Transformation of an Intellectual Tradition (University of Chicago Press, 1982).
Le Coran : unité et justice sociale
Fazlur Rahman est convaincu, comme l’immense majorité des musulmans, que le Coran est la parole divine littéralement révélée au Prophète, et qu’il constitue la guidance la plus complète dont l’humain puisse rêver. Cependant, pour lui, le Coran n’est pas seulement un texte dévotionnel ou de religion personnelle, mais a également une application politique et pratique. En effet, Rahman voit les commandements du Coran et les actions du Prophète comme visant de manière concrète l’amélioration morale de l’homme et de la société, et donc n’ayant pas seulement une portée individuelle et métaphysique.
Il considère que l’application du système légal et éthique musulman a fonctionné au moyen-âge grâce à une mise en œuvre pratique intégrant les coutumes des pays conquis, mais que cette application ne présentait pas toujours d’unité : on interprétait littéralement des versets pris isolément sans regard pour l’unicité du texte coranique. Une telle lecture était possible à cette époque, car la société n’avait pas encore fondamentalement évolué par rapport à celle du Prophète. Certains philosophes avaient compris cette unité du Coran et l’appliquaient en l’interprétant dans son ensemble, tout en s’inspirant parfois de sources externes, par exemple les philosophes grecs, ce qui ne donnait pas toujours un résultat heureux car ces sources n’étaient pas basées sur Coran et tendaient donc à altérer cette lecture unitaire. Pour Fazlur Rahman, un premier point fondamental dans la vision que l’on peut avoir du Coran est donc qu’il est indispensable d’aborder celui-ci dans son ensemble, comme un tout cohérent et unitaire.
Il considère que l’application du système légal et éthique musulman a fonctionné au moyen-âge grâce à une mise en œuvre pratique intégrant les coutumes des pays conquis, mais que cette application ne présentait pas toujours d’unité : on interprétait littéralement des versets pris isolément sans regard pour l’unicité du texte coranique. Une telle lecture était possible à cette époque, car la société n’avait pas encore fondamentalement évolué par rapport à celle du Prophète. Certains philosophes avaient compris cette unité du Coran et l’appliquaient en l’interprétant dans son ensemble, tout en s’inspirant parfois de sources externes, par exemple les philosophes grecs, ce qui ne donnait pas toujours un résultat heureux car ces sources n’étaient pas basées sur Coran et tendaient donc à altérer cette lecture unitaire. Pour Fazlur Rahman, un premier point fondamental dans la vision que l’on peut avoir du Coran est donc qu’il est indispensable d’aborder celui-ci dans son ensemble, comme un tout cohérent et unitaire.
Pour Fazlur Rahman, le fondement du message coranique est double : d’abord il annonce l’existence d’un Dieu unique, et ensuite il encourage l’éradication des inégalités sociales les plus extrêmes, la mise en place d’une justice socio-économique conduisant à terme à l’égalité entre les humains.
L’objectif central du Coran, qui en découle, est donc la régulation de la conduite des humains, d’un point de vue moral, métaphysique et social, non seulement pour eux-mêmes mais aussi dans leurs relations avec les autres humains. Pour lui, le Coran demande aux humains d’agir concrètement dans ce monde, et de ne pas limiter leur pratique à l’adoration de Dieu. Cette dernière doit être vue comme un moyen de permettre à l’humain de tirer des leçons pouvant être appliquées dans ce monde, mais ne peut pas être un but en elle-même. Le deuxième point de la vision de Rahman est donc que le Coran est principalement un instrument concret de justice sociale.
Fazlur Rahman déplore le sécularisme, qu’il voit comme nécessairement athée et détruisant à terme la sainteté, l’universalité et la transcendance des valeurs morales. Pour lui, les valeurs morales qui guident la société devraient être inspirées par Dieu et, pour le musulman, le Coran est la source de ces valeurs. Le troisième élément de sa vision du Coran est donc que ce dernier doit constituer la principale source de valeurs morales pour les musulmans.
L’objectif central du Coran, qui en découle, est donc la régulation de la conduite des humains, d’un point de vue moral, métaphysique et social, non seulement pour eux-mêmes mais aussi dans leurs relations avec les autres humains. Pour lui, le Coran demande aux humains d’agir concrètement dans ce monde, et de ne pas limiter leur pratique à l’adoration de Dieu. Cette dernière doit être vue comme un moyen de permettre à l’humain de tirer des leçons pouvant être appliquées dans ce monde, mais ne peut pas être un but en elle-même. Le deuxième point de la vision de Rahman est donc que le Coran est principalement un instrument concret de justice sociale.
Fazlur Rahman déplore le sécularisme, qu’il voit comme nécessairement athée et détruisant à terme la sainteté, l’universalité et la transcendance des valeurs morales. Pour lui, les valeurs morales qui guident la société devraient être inspirées par Dieu et, pour le musulman, le Coran est la source de ces valeurs. Le troisième élément de sa vision du Coran est donc que ce dernier doit constituer la principale source de valeurs morales pour les musulmans.
L’herméneutique de Fazlur Rahman
Pour Fazlur Rahman, il est indispensable de revoir l’herméneutique, les méthodes d’interprétation, applicable au Coran. En effet, le Coran est une œuvre d’art majestueuse qui inspire la foi, mais il est nécessaire de développer une herméneutique permettant aux gens de vivre leur vie individuelle et collective de manière cohérente en appliquant de manière concrète la guidance fournie par le Coran. Cette herméneutique doit inspirer les musulmans, et peut aussi inspirer et les non musulmans s’ils sont ouverts, mais étant appliquée au Coran, elle trouve son fondement dans la foi du musulman.
Le point de départ de l’herméneutique de Rahman est que les sociétés évoluent de manière continue. Une société confrontée au changement ne doit pas et ne peux pas s’y opposer, mais doit être capable de trouver les solutions adéquate aux nouveaux problèmes qu’elle rencontre, sous peine de devoir renoncer aux valeurs qui la sous-tendent. Le Coran étant un guide universel et intemporel, il est donc nécessaire de pouvoir l’interpréter à la lumière des évolutions de la société. L’herméneutique coranique doit donc, on seulement être concrète, mais aussi être vivante, et pouvoir être évolutive.
Cette herméneutique doit avant tout être cognitive, basée sur l’intelligence et la raison, et son objectif doit être d’identifier les valeurs fondamentales révélées dans le Coran. Ces dernières sont les éléments de base du processus d’interprétation du Coran par Rahman, et ce dernier considère qu’il est possible de les identifier et de les comprendre par le biais d’une analyse historique, pas uniquement sur base de la foi dogmatique. Cette herméneutique doit s’attacher rechercher dans le Coran les valeurs morales et principes généraux qui sont véritablement universels. Ceux-ci sont extra-historiques, transcendants et toujours applicables, quelle que soit la localisation géographique et l’époque.
Par compte, pour Fazlur Rahman, le Coran doit être compris comme la réponse de Dieu, à travers l’esprit du Prophète, aux situations morales et sociales concrètes de l’Arabie et de sa société de l’époque. Le Coran contient donc également des valeurs d’un intérêt purement historique, par exemple liées à l’économie ou aux mœurs de l’époque de la révélation, qui sont uniquement représentatives d’une société déterminée en un lieu et un temps précis. Il est donc indispensable de pouvoir faire la distinction entre ces deux types de valeurs.
Le point de départ de l’herméneutique de Rahman est que les sociétés évoluent de manière continue. Une société confrontée au changement ne doit pas et ne peux pas s’y opposer, mais doit être capable de trouver les solutions adéquate aux nouveaux problèmes qu’elle rencontre, sous peine de devoir renoncer aux valeurs qui la sous-tendent. Le Coran étant un guide universel et intemporel, il est donc nécessaire de pouvoir l’interpréter à la lumière des évolutions de la société. L’herméneutique coranique doit donc, on seulement être concrète, mais aussi être vivante, et pouvoir être évolutive.
Cette herméneutique doit avant tout être cognitive, basée sur l’intelligence et la raison, et son objectif doit être d’identifier les valeurs fondamentales révélées dans le Coran. Ces dernières sont les éléments de base du processus d’interprétation du Coran par Rahman, et ce dernier considère qu’il est possible de les identifier et de les comprendre par le biais d’une analyse historique, pas uniquement sur base de la foi dogmatique. Cette herméneutique doit s’attacher rechercher dans le Coran les valeurs morales et principes généraux qui sont véritablement universels. Ceux-ci sont extra-historiques, transcendants et toujours applicables, quelle que soit la localisation géographique et l’époque.
Par compte, pour Fazlur Rahman, le Coran doit être compris comme la réponse de Dieu, à travers l’esprit du Prophète, aux situations morales et sociales concrètes de l’Arabie et de sa société de l’époque. Le Coran contient donc également des valeurs d’un intérêt purement historique, par exemple liées à l’économie ou aux mœurs de l’époque de la révélation, qui sont uniquement représentatives d’une société déterminée en un lieu et un temps précis. Il est donc indispensable de pouvoir faire la distinction entre ces deux types de valeurs.
Une lecture littérale du Coran sans prendre en compte les évolutions sociétales revient à ignorer les buts et objectifs sociaux et moraux du Coran
Pour Fazlur Rahman, le message du Coran doit donc être compris dans un contexte historique spécifique : le rejet initial du message du Prophète par les Mecquois, les relations parfois constructives et parfois tendues avec les juifs et les chrétiens, et la mise en place d’une société nouvelle à Médine. Les problèmes les plus importants de l’époque étaient le polythéisme, l’exploitation des pauvres, la malhonnêteté dans le commerce, et l’irresponsabilité vis-à-vis de la société. Le Coran apporte une réponse à ce background historique et social précis, parfois en termes simples et concrets, parfois en termes plus génériques.
Cependant, le Coran n’expose pas souvent explicitement des principes généraux, mais donne plutôt des solutions à des problèmes historiques concrets. Pour Fazlur Rahman, il est donc trompeur de dire que le Coran définit les principes de base et que la Sunna détermine leur application concrète. Cependant, même lorsque le Coran apporte une réponse concrète à un problème particulier, il est possible de déduire de cette réponse des lois générales si on prend en compte son environnement et son contexte. Pour lui, aucune société humaine n’étant statique, une lecture littérale du Coran sans prendre en compte les évolutions sociétales revient à ignorer les buts et objectifs sociaux et moraux du Coran.
Fazlur Rahman ne reconnaît donc pas la théorie de l’abrogation. Si les instructions du Coran semblent parfois contradictoires, c’est que leurs contextes étaient différents. Le Coran devant être compris dans son entièreté, les valeurs et principes fondamentaux sous-jacents restent applicables en tout temps et en tous lieux.
Sur cette base, Fazlur Rahman a développé un processus d’interprétation du Coran basé sur un double mouvement, le premier allant du présent vers l’époque de la révélation, et le deuxième constituant un retour vers le présent. Cette approche herméneutique doit permettre de remettre en question et de faire évoluer la tradition musulmane dans le but de la préserver ou de la réhabiliter (en particulier ses aspects normatifs) pour qu’elle puisse rester applicable à l’infini. Pour lui, cette tradition étant dépendante de son contexte, il ne peut y avoir de moment dans l’histoire où elle ne peut être remise en question, et elle doit évoluer de manière continue et vivante.
Le processus d’interprétation du Coran basé sur un double mouvement tel que développé par Fazlur Rahman est l'objet d'un second volet de la contribution, qui explique en quoi sa méthode vise à déterminer objectivement la signification profonde du Coran telle que voulue par Dieu. Le voici.
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Baudouin Heuninckx, docteur en droit, docteur en sciences sociales, est écrivain, conférencier, consultant indépendant, chercheur auprès de plusieurs institutions académiques, membre de l'Association pour la Renaissance de l'Islam Mutazilite (ARIM), et des conseils d'administration du mouvement Voix d’un Islam Éclairé (VIE) et de la mosquée Fatima.
Du même auteur :
Le musulman humaniste, modèle pour une société meilleure ?
Pour sortir l'islam d'une logique individualiste, s'inspirer de l'idéaltype du musulman humaniste
Cependant, le Coran n’expose pas souvent explicitement des principes généraux, mais donne plutôt des solutions à des problèmes historiques concrets. Pour Fazlur Rahman, il est donc trompeur de dire que le Coran définit les principes de base et que la Sunna détermine leur application concrète. Cependant, même lorsque le Coran apporte une réponse concrète à un problème particulier, il est possible de déduire de cette réponse des lois générales si on prend en compte son environnement et son contexte. Pour lui, aucune société humaine n’étant statique, une lecture littérale du Coran sans prendre en compte les évolutions sociétales revient à ignorer les buts et objectifs sociaux et moraux du Coran.
Fazlur Rahman ne reconnaît donc pas la théorie de l’abrogation. Si les instructions du Coran semblent parfois contradictoires, c’est que leurs contextes étaient différents. Le Coran devant être compris dans son entièreté, les valeurs et principes fondamentaux sous-jacents restent applicables en tout temps et en tous lieux.
Sur cette base, Fazlur Rahman a développé un processus d’interprétation du Coran basé sur un double mouvement, le premier allant du présent vers l’époque de la révélation, et le deuxième constituant un retour vers le présent. Cette approche herméneutique doit permettre de remettre en question et de faire évoluer la tradition musulmane dans le but de la préserver ou de la réhabiliter (en particulier ses aspects normatifs) pour qu’elle puisse rester applicable à l’infini. Pour lui, cette tradition étant dépendante de son contexte, il ne peut y avoir de moment dans l’histoire où elle ne peut être remise en question, et elle doit évoluer de manière continue et vivante.
Le processus d’interprétation du Coran basé sur un double mouvement tel que développé par Fazlur Rahman est l'objet d'un second volet de la contribution, qui explique en quoi sa méthode vise à déterminer objectivement la signification profonde du Coran telle que voulue par Dieu. Le voici.
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Baudouin Heuninckx, docteur en droit, docteur en sciences sociales, est écrivain, conférencier, consultant indépendant, chercheur auprès de plusieurs institutions académiques, membre de l'Association pour la Renaissance de l'Islam Mutazilite (ARIM), et des conseils d'administration du mouvement Voix d’un Islam Éclairé (VIE) et de la mosquée Fatima.
Du même auteur :
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