La sobriété comme démarche spirituelle

Par Abderrahmane Aknou, le 14/08/2024

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« Ô Fils d’Adam, revêtez votre parure en toute oraison, mangez et buvez, mais sans excès : Il n’aime pas la démesure. » (Coran : 7 /31)

La Parole de Dieu nous exhorte à la sobriété et cette exhortation, présentée dans de nombreux versets en lien avec des contextes différents, s’adresse à tous les croyants. Le Prophète Muhammad (paix et bénédictions de Dieu sur lui) dont l’attitude reflétait les enseignements du Coran était un modèle en matière de vie minimaliste, sobre et simple par amour pour Dieu et par pudeur vis-à-vis de Lui.

Le Prophète avait en effet le choix et la possibilité de vivre autrement, c’est-à-dire dans une forme d’aisance, d’opulence et de jouissance. Il a pourtant choisi une vie délibérément tournée vers la vie dernière où les soucis du bas monde ne prenaient pas le dessus sur la grande préoccupation de la vie dernière.

Le Prophète de Dieu vivait comme un pèlerin, un voyageur à la poursuite d’une visée qui ne s’encombre pas de choses inutiles et de tout ce qui est susceptible d’alourdir sa marche ou de le détourner de son objectif. Il passa sa vie sur terre mais fut enfant de la vie dernière.

Dans cet esprit, la vie à vivre sur terre se présente comme une route à parcourir jusqu’à atteindre son but : Dieu. Ainsi, la vie entière devient un pèlerinage, c’est-à-dire une quête de Dieu, une recherche de l’amour et de la connaissance de Celui qui nous a créés pour Le connaître et de L’aimer.

La sobriété est une attitude qui pourrait convenir pour désigner cet état d’esprit et ce rapport conscient à la vie. Dans cette attitude, le croyant se veut libre, libre de s’élever à Dieu par la confiance et par l’amour.

La sobriété est à mettre en lien avec le terme arabe de taqallul. Ce dernier désigne une vertu essentielle en islam qui, quand elle est cultivée par un travail spirituel qui renforce la certitude en la vie dernière dans le cœur, vient installer une forme de pudeur dans la façon d’être et contrer un vice majeur, celui de la démesure (israf). « Ceux qui, dans leurs dépenses, tiennent un juste milieu, de façon à n’être ni avares ni prodigues. » (Coran : 25 /67)

Ne nous y trompons pas, taqallul n’est pas une condition de pauvreté subie mais plutôt une auto-limitation volontaire qui renvoie aussi à la vertu de la mesure, de la maîtrise de soi, de la modération, du bien user sans abuser.

La sobriété ou taqallul est donc une démarche globale et une façon d’être. Elle ne concerne pas que l’usage des nourritures et des boissons mais embrasse tous les actes de la vie.

La sobriété s’oppose à l’ébriété : ne sommes-nous pas devenus ivres d’un mauvais usage des choses du bas monde, malades d’un abus des biens matériels ? Pourtant le Prophète n’a eu de cesse de nous interpeller pleinement par l’exemple qu’il incarnait et les paroles qu’il professait, sur notre relation aux biens matériels, à l’argent, à l’avoir et aux choix essentiels de nos vies. D’après Abu Hurayra, le Messager de Dieu a dit : « Malheur à l’adorateur du dinar ! Malheur à l’adorateur du dirham ! Malheur à l’adorateur des beaux vêtements ! Malheur à l’adorateur des beaux pâturages ! Si on lui donne, il est satisfait ! Mais si on ne lui donne pas, il est courroucé ! Malheur à lui et qu’il soit détruit ! Et s’il s’enfonce une épine, qu’il ne puisse l’ôter ! » (Hadith rapporté par Boukhari)

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Première parution sur le site de Participation et Spiritualité Musulmanes (PSM).

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