Quand Stephen Hawking soutenait le boycott académique d'Israël

Par Lina Farelli, le 14/03/2018

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Le célèbre astrophysicien britannique Stephen Hawking est décédé mercredi 14 mars à l'âge de 76 ans à son domicile à Cambridge, au nord de Londres. Depuis l’annonce de sa mort, les hommages pleuvent pour saluer un grand scientifique à l’esprit brillant.

Ce physicien théoricien et cosmologue réputé s’était fait connaître du grand public en 1988 à travers son ouvrage intitulé A brief History of Time (Une brève histoire du temps). Le monde découvre alors un scientifique de 46 ans qui est atteint, depuis 1964, de la maladie de Charcot, une maladie neurodégénérative paralysante qui le cloue dans son fauteuil roulant et l’empêche de parler. C’est son emblématique synthétiseur vocal qui lui permettra de garder une connexion avec le monde.

Stephen Hawking s’est focalisé très tôt sur la corrélation entre la théorie de la relativité et la théorie des quantas pour comprendre l’univers et ses fonctionnements. Il a également concentré ses travaux sur les trous noirs pour qui il s’agit d’« une porte vers un autre Univers ». Une théorie qu’il entendait bien vérifier à travers son projet, annoncé en 2016, consistant à lancer le premier voyage interstellaire en direction des étoiles les plus proches du Soleil grâce à des « nano-vaisseaux » propulsée par des rayons laser. Un projet fou ? Pas complètement car la Nasa, qui lui a rendu hommage à son décès, collaborait avec lui pour faire de ce voyage une réalité.

Retour sur son engagement pour le boycott académique d'Israël

Stephen Hawking, né à Oxford d’un chercheur en biologie et d’une militante politique, était aussi l’une des éminentes personnalités du monde scientifique à soutenir le boycott académique d’Israël, qui fait tant l’objet de gros reproches, notamment en France, d’organisations pro-israéliennes.

Dans une lettre adressée au président israélien en mai 2013, il annonçait qu’il ne participerait pas à la conférence « Faire face à demain 2013 » en Israël à l’invitation de Shimon Pérès même, qui avait alors convié Bill Clinton et Tony Blair entre autres personnalités mondialement connues.

Interpellé par le Comité britannique pour les universités palestiniennes (CBUP) et des organisations britanniques soutenant le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) contre Israël, il choisira de décliner l’invitation en indiquant que « sa décision (est) prise en toute indépendance (…), sur la base de sa connaissance de la Palestine et des conseils unanimes de ses contacts académiques là-bas ».

Sa décision avait alors provoqué un Big Bang dans les milieux académique et intellectuel, où sa position avait été diversement accueillie. Sa décision avait été évidemment mal prise par Israël, d’autant plus que la conférence coïncidait avec la célébration du 90e anniversaire du président israélien.

Le scientifique s’était déjà rendu en Israël avant 2013 mais n’avait pas manqué de mots durs envers Israël en 2009 lors de l’opération « Plomb Durci » contre Gaza, déclarant à Al Jazeera que la situation était « semblable à celle de l’Afrique du Sud en 1990 » lors de l’apartheid. Un cap supplémentaire a été franchi en 2013 par Stephen Hawking, qui a ainsi rejoint les rangs de personnalités célèbres engagées en faveur du boycott d'Israël comme le musicien Roger Waters des Pink Floyd et le réalisateur britannique Ken Loach.

Son choix n'a cependant pas remis fondamentalement en cause le respect envers ce scientifique de génie. Sa vie a été adapté en 2015 sur grand écran dans le biopic Une Merveilleuse Histoire du temps. Il avait été incarné par Eddie Redmayne, qui avait remporté l'Oscar du meilleur acteur grâce à son interprétation.