Un pic de naissances issues de viols attendu pendant Ramadan parmi les Rohingyas

Par Lina Farelli, le 22/05/2018

PENDANT LE RAMADAN, SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !
Neuf mois après la grande campagne répressive lancée par l’armée birmane contre la minorité musulmane des Rohingyas, entraînant un exode massif vers le Bangladesh, volontaires et personnels soignants se livrent à un nouveau défi : celui de réussir à trouver, parmi des centaines de milliers de réfugiés, les femmes victimes de viols qui sont tombées enceintes et qui devraient accoucher au cours de mois du Ramadan.

Andrew Gilmour, représentant de l’ONU et sous-secrétaire général aux droits de l’Homme, a reconnu comme cause de ces grossesses « la frénésie de violence sexuelle en août et en septembre » 2017. « Ces bébés sont de solides preuves » des crimes de l’armée birmane, a indiqué à l’AFP Abdur Rahim, un responsable de cette communauté de réfugiés.

Au Bangladesh, elles ont été plusieurs à se rendre dans les hôpitaux et les centres de soin pour mettre un terme à leurs grossesses, l’IVG étant légal dans le pays jusqu’à 12 semaines. Mais les victimes ne viennent pas toujours demander de l’aide par peur de la honte et de l’opprobre que pourrait susciter leur état, quand bien même ce n’est pas leur faute, au sein de leur communauté.

Des femmes, selon Daniela Sofia, une sage-femme des Médecins Sans Frontières (MSF), ont ainsi essayé d’interrompre leurs grossesses par leurs propres moyens, aboutissant ainsi à des « avortements compliqués, incomplets ».

Les organisations humanitaires locales craignent non seulement un pic de naissances en mai-juin, mais aussi un nombre élevé de décès à l’accouchement et d’abandon de nouveau-nés ainsi que des mariages forcés pour cacher la grossesse. Une véritable souffrance dans le silence.

MSF a indiqué s'être occupée, entre août 2017 et mars 2018, de 311 victimes de viol - âgées de 9 à 50 ans - estimant que cela ne représente que « la pointe émergée de l'iceberg ». Selon le Fonds des Nations unies pour la population (UNPFA), quelque 13 500 femmes rohingyas ont été victimes de violences sexuelles en Birmanie.

Lire aussi :
Avec la mousson, un Ramadan laborieux pour les Rohingyas du Bangladesh
Le viol, une arme au service de la répression contre les Rohingyas en Birmanie (vidéo)