Sécurité globale : « ni retrait ni suspension », le choix d'une « réécriture complète » de l’article 24

Par Lina Farelli, le 30/11/2020

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La majorité présidentielle ne veut pas perdre la face. Après les manifestations organisées samedi 28 novembre à travers la France contre la proposition de loi dite « sécurité globale » et les violences policières qui ont réuni 133 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur, et jusqu’à 500 000 selon les organisateurs, la majorité présidentielle a annoncé, lundi 30 novembre, une « réécriture complète » de l’article très controversée visant à restreindre le droit de filmer les forces de l’ordre en exercice.

Ce travail se fera « dans le cadre d’un travail collectif aux trois groupes de la majorité ». « Parce qu’il y a du flou, et donc peut-être un loup, on fait le choix de la transparence et de remettre à plat », a indiqué le patron des députés LREM, Christophe Castaner, lors d’une conférence de presse. Cependant, il n’y aura « ni retrait ni suspension » de l’article de loi, a assuré l'ancien ministre de l'Intérieur.

Une réunion de crise s’est tenue le même jour à l’Elysée. Emmanuel Macron a réuni le Premier ministre Jean Castex et plusieurs membres de son gouvernement dont le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, ainsi que les responsables des groupes parlementaires de la majorité, Christophe Castaner, Patrick Mignola (MoDem) et Olivier Becht (Agir). « La situation dans laquelle vous m'avez mise aurait pu être évitée », a déclaré le président selon Le Figaro.

Revenant sur le tabassage de Michel Zecler par des policiers, il a déclaré vouloir « des résultats concrets très vite » pour des propositions visant à, selon son communiqué suivant l'agression du producteur, « réaffirmer le lien de confiance qui doit naturellement exister entre les Français et ceux qui les protègent et pour lutter plus efficacement contre toutes les discriminations ».

Les appels à l'abrogation de la loi demeurent

« Il faut éviter que cet article 24 devienne notre CPE ou notre déchéance de nationalité », fait savoir à 20 Minutes le vice-président de l’Assemblée nationale, Hugues Renson. « A un certain moment, l’obstination n’est plus une solution. L’intention était louable, mais le texte est mal ficelé, le dispositif mal compris. Jouons l’apaisement, la concertation, et travaillons sur un nouveau dispositif. »

Mais tandis que dans les rangs de la majorité présidentielle, il est simplement question d’évoquer des « incompréhensions » ou des « doutes », les opposants à l’article 24 n’ont pas tardé à réagir face à la proposition de réécriture.

« Proposition de réécriture efficace de l'article 24 : "la loi sécurité globale est abrogée." Assez d'atermoiements. Il faut stopper la dérive autoritaire dans tous ses aspects », a fait part le leader de la France Insoumise. Pour le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Desloire, « la suspension de l'article 24 ne doit pas mener à sa réécriture mais à sa suppression totale ».

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