A Strasbourg, l'octroi d'une subvention à la mosquée Eyyub Sultan créé la polémique

Par Myriam Attaf, le 23/03/2021

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L’aide au financement accordé à la mosquée turque Eyyub Sultan, dont le chantier est situé dans le quartier populaire de Meinau à Strasbourg, crée la polémique. Lundi 22 mars, le conseil municipal de la capitale alsacienne a adopté un texte visant à accorder au lieu de culte administré par Confédération islamique Milli Gorus (CIMG), une subvention de 2,563 millions d’euros, soit « 10% du montant des travaux », a indiqué la maire EELV, Jeanne Barseghian.

Toutefois, « le principe d’une subvention », voté par 42 voix contre 7, a été vivement contesté, d’une part par les opposants à la mairie, et d’autre part, au sein du gouvernement, loin d’accepter le financement d’une mosquée administrée par une des fédérations membres du Conseil français du culte musulman (CFCM) qui a refusé de signer la charte des principes pour l'islam de France, à savoir le Milli Görüs.

« La mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et qui défend un islam politique. Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée », a ainsi écrit le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, sur Twitter, annonçant avoir demandé à la préfecture de « déférer la délibération d'octroi de subvention devant le juge administratif », et ce « devant la gravité des décisions prises par la municipalité ». Une position soutenue par plusieurs élus locaux dont Jean-Philippe Vetter (LR), membre du conseil municipal de Strasbourg qui a voté contre l’octroi de la subvention.

La mairie de Strasbourg réagit

Pourtant, le texte amendé lors de son examen prévoit que le versement effectif de la subvention fasse l’objet d’un autre vote. En outre, la maire de Strasbourg, Jeanne Barseghian, qui a assuré que le pourcentage de subvention accordé était le pourcentage habituel octroyé aux lieux de culte construits sur le territoire (10 %), a proposé d’intégrer au texte plusieurs conditions réclamées lors des débats, notamment des garanties sur la transparences des fonds destinés à financer le chantier dont le montant s’élève à plus de 25 millions d’euros.

« Est-ce que Gérald Darmanin remet en cause le droit local et le concordat ? Dans ce cas, je pense qu’il faut qu’il le dise clairement », a fait savoir, après les propos du ministre, l'édile, qui prône l'égalité de traitement entre les cultes. « S’il a des doutes ou des alertes particulières concernant le respect des valeurs de la République, c’est aussi à lui de le dire. (...) A ce stade, on a fait qu’appliquer ce qui est déjà mis en place, dans la continuité républicaine de mes prédécesseurs. »

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