Afghanistan : les Talibans appellent les pays musulmans à reconnaître l'Emirat islamique

Par Edwy Malonga, le 19/01/2022

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Les Talibans souhaitent que les pays musulmans se montrent « précurseurs » et les appellent à reconnaître « officiellement » leur gouvernement, a annoncé mercredi 19 janvier le Premier ministre afghan. « J’espère que nous serons ensuite capables de nous développer rapidement », a ainsi déclaré Mohammad Hassan Akhund lors d’une conférence de presse revenant sur la crise économique majeure qui frappe le pays depuis l’arrivée au pouvoir des Talibans en août 2021.

Pour l'heure, aucun pays n'a reconnu le gouvernement formé par les Talibans. La communauté internationale reste dans l'expectative et attend de voir comment ces fondamentalistes islamistes comptent gouverner ce qu'ils appellent l'Emirat islamique d'Afghanistan après avoir largement piétiné les droits de l'Homme lors de leur premier passage au pouvoir entre 1996 et 2001. Si les Talibans ont promis de suivre une ligne moins dure que lors de leur précédent règne, les femmes restent largement exclues des emplois publics et les écoles secondaires pour filles restent pour la plupart fermées.

« Aujourd’hui, nous assistons à une tentative d’effacer progressivement les femmes et les filles de la vie publique en Afghanistan, y compris dans les institutions et les mécanismes qui avaient été mis en place pour aider et protéger les femmes et les filles les plus exposées », ont déploré des experts de l'ONU, qui dénonce l'institutionnalisation de la discrimination et de la violence sexiste à grande échelle et de manière systématique contre les femmes et les filles.

Depuis l'été 2021, la situation humanitaire en Afghanistan a pris un tour dramatique avec l'arrêt de l'aide internationale massive qui, en représentant près de 80 % du budget national, portait le pays à bout de bras. Le chômage a explosé et de nombreux fonctionnaires n'ont reçu aucun salaire depuis des mois. La famine menace aujourd'hui 23 millions d'Afghans, soit 55 % de la population, selon l'ONU, qui a besoin de 4,4 milliards de dollars des pays donateurs cette année afin de faire face à la crise humanitaire. L'appel à l'aide des Nations Unies a pour l'instant été peu suivi. Les diplomaties occidentales sont encore à la recherche de moyens pour acheminer l'aide vers l'économie afghane sinistrée, sans soutenir le gouvernement, qui comprend de nombreux membres visés par des sanctions internationales.

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