Jean-René Huleu est mort lundi 15 juillet à l'âge de 87 ans. Zoom sur le parcours d'un des pionniers du journal Libération qui s'est investi corps et âme dans une aventure spirituelle hors du commun en s'engageant sur le chemin du soufisme.
Jean-René Huleu n’est plus. L’ancien journaliste, spécialiste de l’œuvre d’Isabelle Eberhardt, est décédé lundi 15 juillet à Montauban (Tarn-et-Garonne) à l’âge de 87 ans.
L'homme est d'une très grande discrétion mais il n’est ni plus ni moins que l’un des fondateurs de Libération, qui a fêté ses 50 ans en 2023. Le quotidien de gauche a reconnu, dans un article faisant office d’hommage, le rôle « capital » de Jean René Huleu dans la création du journal « grâce à l’invention d’un modèle de fabrication inédit ». Il a alors 36 ans. « Au-delà d’une nouvelle façon de faire du journalisme, Libé inaugure en 1973 une nouvelle façon de fabriquer un journal. Sans lui, il n’y aurait pas eu de Libération », lit-on.
Jean-René Huleu en devient le premier responsable de la fabrication. En 1975, sous le coup de l’épuisement, il tourne la page Libération, refusant de voir le journal devenir « comme les autres ». « Libération tel qu’il est aujourd’hui est exactement à l’inverse de celui que l’on voulait faire à l’époque », dira-t-il sur France Culture en 1993. « Il aimait créer des journaux, moins les faire tourner au quotidien », fait part sa compagne Marie-Odile Delacour, elle aussi ancienne journaliste devenue psychanalyste. Jean-René Huleu compte ainsi à son actif la création et la participation à l'émergence d'une douzaine de titres de presse en France dont Salamnews, le premier magazine gratuit des cultures musulmanes.
Le titre, créé en 2008 par Mohammed Colin et Mourad Latrech, par ailleurs fondateurs du quotidien Saphirnews.com, a pu profiter du soutien et des conseils prodigués par le cofondateur de Libération. Ses encouragements ont été précieux pour l'équipe, se remémore-t-elle. « Il nous a accordé sa confiance en nous rejoignant dans la société qui a lancé Salamnews, témoigne Mourad Latrech. En tant que cofondateur de Libération, de par son soutien et son expérience, il a été une source d'inspiration inestimable pour nous. »
« Nous perdons un compagnon de route et un ami cher, affirme, pour sa part, Huê Trinh Nguyên, ex-rédactrice en chef de Salamnews. Jean-René était à nos côtés lors du lancement de Salamnews. Un vrai pari éditorial. En alliant sa quête spirituelle et son professionnalisme en tant que journaliste et auteur, il a contribué à la valorisation du patrimoine intellectuel de l’islam de France. Nous avons eu la chance de publier sur Saphirnews ses articles corédigés avec Marie-Odile Delacour, afin de porter à la connaissance du plus grand nombre des figures de l’islam qui lui tenaient à cœur. »
L'homme est d'une très grande discrétion mais il n’est ni plus ni moins que l’un des fondateurs de Libération, qui a fêté ses 50 ans en 2023. Le quotidien de gauche a reconnu, dans un article faisant office d’hommage, le rôle « capital » de Jean René Huleu dans la création du journal « grâce à l’invention d’un modèle de fabrication inédit ». Il a alors 36 ans. « Au-delà d’une nouvelle façon de faire du journalisme, Libé inaugure en 1973 une nouvelle façon de fabriquer un journal. Sans lui, il n’y aurait pas eu de Libération », lit-on.
Jean-René Huleu en devient le premier responsable de la fabrication. En 1975, sous le coup de l’épuisement, il tourne la page Libération, refusant de voir le journal devenir « comme les autres ». « Libération tel qu’il est aujourd’hui est exactement à l’inverse de celui que l’on voulait faire à l’époque », dira-t-il sur France Culture en 1993. « Il aimait créer des journaux, moins les faire tourner au quotidien », fait part sa compagne Marie-Odile Delacour, elle aussi ancienne journaliste devenue psychanalyste. Jean-René Huleu compte ainsi à son actif la création et la participation à l'émergence d'une douzaine de titres de presse en France dont Salamnews, le premier magazine gratuit des cultures musulmanes.
Le titre, créé en 2008 par Mohammed Colin et Mourad Latrech, par ailleurs fondateurs du quotidien Saphirnews.com, a pu profiter du soutien et des conseils prodigués par le cofondateur de Libération. Ses encouragements ont été précieux pour l'équipe, se remémore-t-elle. « Il nous a accordé sa confiance en nous rejoignant dans la société qui a lancé Salamnews, témoigne Mourad Latrech. En tant que cofondateur de Libération, de par son soutien et son expérience, il a été une source d'inspiration inestimable pour nous. »
« Nous perdons un compagnon de route et un ami cher, affirme, pour sa part, Huê Trinh Nguyên, ex-rédactrice en chef de Salamnews. Jean-René était à nos côtés lors du lancement de Salamnews. Un vrai pari éditorial. En alliant sa quête spirituelle et son professionnalisme en tant que journaliste et auteur, il a contribué à la valorisation du patrimoine intellectuel de l’islam de France. Nous avons eu la chance de publier sur Saphirnews ses articles corédigés avec Marie-Odile Delacour, afin de porter à la connaissance du plus grand nombre des figures de l’islam qui lui tenaient à cœur. »
Une spiritualité forte ancrée grâce au soufisme
La vie de Jean-René Huleu sera en effet rythmée par une passion qui le conduira sur le chemin d’une aventure spirituelle hors du commun avec Marie-Odile Delacour. « Passé d'un athéisme farouche à un agnosticisme confortable » témoigne-t-il lui-même auprès de l'association Conscience soufie dans sa revue parue en février 2023, c’est finalement dans l’islam, et tout particulièrement le soufisme, que l’homme va cheminer et s’épanouir à travers sa découverte du parcours et de l’œuvre d’Isabelle Eberhardt (1877-1904), première Européenne à vivre le soufisme au Maghreb et à en témoigner dans ses écrits.
Jean-René Huleu en devient spécialiste, au même titre que Marie-Odile Delacour avec laquelle il écrit plusieurs livres : Sables, le roman d'Isabelle Eberhadt (Liana Levi, 1986), Un amour d'Algérie (Joëlle Losfeld, 1999) ou encore Le voyage soufi d'Isabelle Eherhadt (Gallimard/Joëlle Losfeld, 2008). Une passion qui les conduit à faire de très nombreux voyages en Algérie, où est enterrée l’exploratrice.
Dans la même veine, le couple formé dans les années 1980 est aussi à l'origine de la création en 2008 de l'association Les Amis d'Eva Vitray de Meterovitch, afin de promouvoir les œuvres de celle qui a fait connaître au public francophone le philosophe indien Muhammad Iqbal (1877-1938) et le grand poète mystique du XIIIe siècle, Jalal ud-Din Rumi, auteur du Mathnawi. Cheikha Nur Artıran en était une spécialiste : c'est autour de ses enseignements que le couple animait régulièrement des cercles de lecture ces dernières années.
Face à la maladie, « sa foi spirituelle l'a beaucoup aidé. Il était prêt » à rejoindre Son Créateur, nous témoigne avec force Marie-Odile Delacour. Ses obsèques auront lieu mardi 23 juillet dans son village à Orniac, dans le Lot.
Lire aussi :
Isabelle Eberhardt, toujours plus loin vers l’islam : ses lettres aux trois hommes les plus aimés
Le voyage soufi d’Isabelle Eberhardt
Isabelle Eberhardt, sa voie et sa foi en l’islam
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Eva de Vitray-Meyerovitch : une chercheuse d’absolu, amoureuse de l’islam
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Dans la même veine, le couple formé dans les années 1980 est aussi à l'origine de la création en 2008 de l'association Les Amis d'Eva Vitray de Meterovitch, afin de promouvoir les œuvres de celle qui a fait connaître au public francophone le philosophe indien Muhammad Iqbal (1877-1938) et le grand poète mystique du XIIIe siècle, Jalal ud-Din Rumi, auteur du Mathnawi. Cheikha Nur Artıran en était une spécialiste : c'est autour de ses enseignements que le couple animait régulièrement des cercles de lecture ces dernières années.
Face à la maladie, « sa foi spirituelle l'a beaucoup aidé. Il était prêt » à rejoindre Son Créateur, nous témoigne avec force Marie-Odile Delacour. Ses obsèques auront lieu mardi 23 juillet dans son village à Orniac, dans le Lot.
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