A leur demande expresse, des participants du Forum de l'islam de France (Forif) ont rencontré, mercredi 30 avril, Bruno Retailleau. Si l'audience privée s'est tenue dans un contexte difficile marqué par l'assassinat d'Aboubakar Cissé dans une mosquée du Gard, elle était une occasion de dénoncer avec franchise les propos hostiles tenus ces dernières semaines par le ministre de l'Intérieur à l'encontre des musulmans.
Au lendemain de la rencontre organisée à l’Elysée entre Emmanuel Macron et des acteurs du culte musulman faisant suite à l’assassinat d’un fidèle dans une mosquée gardoise, plusieurs participants au Forum de l’islam de France (Forif) ont été conviés, mercredi 30 avril, à s’entretenir place Beauvau avec le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
Selon nos informations, ce rendez-vous a été organisé sous l'impulsion d'une dizaine de participants à la plateforme de dialogue avec l’Etat, peu après la participation, fin mars, du locataire de la place Beauvau au controversé meeting contre l’islamisme à Paris, soit bien avant la tragédie survenue à La Grand-Combe.
Au cours de cette réunion publique, ce membre du gouvernement avait alors lâché un « A bas le voile ! » pour défendre, entre autres, l’interdiction de ce signe religieux dans les compétitions sportives en France. Des propos empreintes d'hostilité pour les musulmans qui, avec d’autres, entretiennent une nette confusion entre islam et islamisme et qui ont profondément heurté des acteurs musulmans.
Plusieurs responsables, las du mépris qu’eux-mêmes et leurs fidèles déclarent subir des autorités tant locales que nationales, envisagent sérieusement de mettre un coup d’arrêt au dialogue institutionnel. Le reflet d’un malaise profond qui s'est accentué ces derniers jours, le ministre se voyant reprocher par des musulmans et ses détracteurs politiques sa faible réaction dans la tragédie de La Grand-Combe.
Selon nos informations, ce rendez-vous a été organisé sous l'impulsion d'une dizaine de participants à la plateforme de dialogue avec l’Etat, peu après la participation, fin mars, du locataire de la place Beauvau au controversé meeting contre l’islamisme à Paris, soit bien avant la tragédie survenue à La Grand-Combe.
Au cours de cette réunion publique, ce membre du gouvernement avait alors lâché un « A bas le voile ! » pour défendre, entre autres, l’interdiction de ce signe religieux dans les compétitions sportives en France. Des propos empreintes d'hostilité pour les musulmans qui, avec d’autres, entretiennent une nette confusion entre islam et islamisme et qui ont profondément heurté des acteurs musulmans.
Plusieurs responsables, las du mépris qu’eux-mêmes et leurs fidèles déclarent subir des autorités tant locales que nationales, envisagent sérieusement de mettre un coup d’arrêt au dialogue institutionnel. Le reflet d’un malaise profond qui s'est accentué ces derniers jours, le ministre se voyant reprocher par des musulmans et ses détracteurs politiques sa faible réaction dans la tragédie de La Grand-Combe.
Des échanges en toute franchise de la part des acteurs musulmans
La délégation, forte d'une quarantaine de soutiens parmi les participants, a demandé début avril audience au ministre afin de lui faire remonter la colère et l'indignation de leurs coreligionnaires quant aux amalgames entretenus par les discours publics sur l’islam et les musulmans et de le mettre en garde sur le danger de la haine antimusulmane. A leurs yeux, l’assassinat d’Aboubakar Cissé n’est « pas un acte isolé », et s’inscrit dans un climat jugé « mortifère » pour une partie des citoyens français.
La rencontre, qui s'est déroulée « selon un format permettant un dialogue franc et sincère », a permis d'exposer « une colère et incompréhension face à la stigmatisation des musulmans, une vive préoccupation concernant les propos sur le voile jugés discriminatoires, un sentiment croissant d'exclusion et une fragilisation du travail de terrain », résument les participants.
Après les constats, qui ont aussi été partagés au chef de l’Etat la veille, des actes concrets sont réclamés. Les participants du Forif ont expressément demandé à Bruno Retailleau, en tant que ministre chargé des Cultes, « la condamnation systématique de tout discours antimusulman, le renforcement de la sécurisation des mosquées, le respect de la laïcité en laissant aux théologiens musulmans l'interprétation de leur culte, et des mesures pour lutter contre la stigmatisation des femmes portant le voile ».
Cette stigmatisation, nourrie par plusieurs propos du ministre, est jugée par ses interlocuteurs du jour comme une atteinte à la liberté de conscience et à la libre pratique du culte, valeur cardinale de la laïcité. Elle participe à « une mise en danger » des femmes portant le foulard dans la mesure où elles sont assimilées sans distinction et injustement à l'islamisme, ceci en « méconnaissant le rôle essentiel que jouent les musulmans eux-mêmes comme premiers remparts contre cette idéologie », fait-on savoir auprès de Saphirnews.
La rencontre, qui s'est déroulée « selon un format permettant un dialogue franc et sincère », a permis d'exposer « une colère et incompréhension face à la stigmatisation des musulmans, une vive préoccupation concernant les propos sur le voile jugés discriminatoires, un sentiment croissant d'exclusion et une fragilisation du travail de terrain », résument les participants.
Après les constats, qui ont aussi été partagés au chef de l’Etat la veille, des actes concrets sont réclamés. Les participants du Forif ont expressément demandé à Bruno Retailleau, en tant que ministre chargé des Cultes, « la condamnation systématique de tout discours antimusulman, le renforcement de la sécurisation des mosquées, le respect de la laïcité en laissant aux théologiens musulmans l'interprétation de leur culte, et des mesures pour lutter contre la stigmatisation des femmes portant le voile ».
Cette stigmatisation, nourrie par plusieurs propos du ministre, est jugée par ses interlocuteurs du jour comme une atteinte à la liberté de conscience et à la libre pratique du culte, valeur cardinale de la laïcité. Elle participe à « une mise en danger » des femmes portant le foulard dans la mesure où elles sont assimilées sans distinction et injustement à l'islamisme, ceci en « méconnaissant le rôle essentiel que jouent les musulmans eux-mêmes comme premiers remparts contre cette idéologie », fait-on savoir auprès de Saphirnews.
A quand le « climat de confiance » ?
La réunion privée a vu un ministre accueillant ses interlocuteurs « avec une grande écoute et une réelle attention aux préoccupations exprimées », selon la délégation. Bruno Retailleau « a pris le temps de s'expliquer sur les reproches qui lui ont été adressés publiquement tout en dénonçant fermement les tentatives de récupération politique de ce drame. Il s'est notamment enquis des attentes concrètes de la communauté musulmane, sollicitant des propositions sur les domaines où son ministère pourrait intervenir et agir efficacement ».
Le ministre leur a martelé « la solidarité du gouvernement avec les Français de confession musulmane » Parmi les chantiers prioritaires définis par le ministre figurent « le renforcement des outils de lutte contre les actes antimusulmans avec un soutien accru à l'association ADDAM », « la sécurisation des lieux de culte » ou encore « l’amélioration des conditions d'inhumation des défunts musulmans ». Le ministre a aussi souligné, selon nos informations, la nécessité de sensibiliser les fonctionnaires au b.a.-ba de l'islam et en améliorer leur compréhension. Il a suggéré par ailleurs que « le Forif s'empare de cette question » et a appelé à « valoriser les initiatives du culte musulman permettant une meilleure compréhension de l'islam ».
« La tension sur le terrain est telle qu'il devient indispensable et urgent de tenir un discours rassurant envers l'ensemble de la communauté musulmane et pas seulement auprès des quelques participants du FORIF que nous sommes », tout comme il est urgent aussi d'engager des actions fortes, « pour contribuer à établir un climat de confiance », appuie la délégation auprès de Saphirnews. Mais le chemin restera vraisemblablement long pour convaincre la composante musulmane française de ses bonnes intentions.
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« La tension sur le terrain est telle qu'il devient indispensable et urgent de tenir un discours rassurant envers l'ensemble de la communauté musulmane et pas seulement auprès des quelques participants du FORIF que nous sommes », tout comme il est urgent aussi d'engager des actions fortes, « pour contribuer à établir un climat de confiance », appuie la délégation auprès de Saphirnews. Mais le chemin restera vraisemblablement long pour convaincre la composante musulmane française de ses bonnes intentions.
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