Un vendredi de prières pour Aboubakar Cissé dans les mosquées de France

Par Lina Farelli, le 03/05/2025

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Des prières se sont élevées, vendredi 2 mai, pour Aboubakar Cissé dans les mosquées de La Grand-Combe, qui a accueilli sa dépouille, et de toute la France. Une autre cérémonie est programmée à Paris lundi 5 mai avant le rapatriement du corps au Mali.

Une prière mortuaire pour Aboubakar Cissé a été organisée, vendredi 2 mai, à la mosquée Khadidja de La Grand-Combe, dans le Gard, là où le fidèle musulman s'est vu lâchement ôté la vie, en pleine prière. Ce rassemblement, qui s'est tenu après la grande prière hebdomadaire, a réuni plusieurs centaines de personnes.

Pour le président de SOS Racisme, Dominique Sopo, qui s'est rendu sur les lieux, « ce moment fut une démonstration de grande dignité des musulmanes et des musulmans réunis en ces lieux et parfois venus depuis Paris ou Lyon. Une dignité qui fut aussi celle de Laurence Baldit, maire de la ville, de son prédécesseur Patrick Malavieille et d'une partie du conseil municipal. Une dignité qui tranchait singulièrement avec l'énergie déployée par certains ces derniers jours pour expliquer que l'emploi du terme islamophobie mettait la République en danger, murmurant à peine que la République ne mourait pas d'un mot mais de cette haine à l'endroit des musulmans qui a frappé 57 fois le corps d'Aboubakar ».

L'émotion suscitée par son meurtre est immense parmi les musulmans, De très nombreuses mosquées à travers le pays ont ainsi profité de la grande prière du vendredi 2 mai pour faire des invocations en faveur de la victime.

Dans une lettre adressée la veille à des responsables de mosquées que Saphirnews a pu consulter, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a renouvelé « la solidarité du gouvernement à l'égard de nos compatriotes de confession musulmane », déclarant avoir pour eux une pensée particulière « alors que s'élèveront, ce vendredi, dans de nombreuses mosquées de France les invocations pour le défunt absent ».

Le ministre chargé des Cultes cristallise de nombreuses critiques des communautés musulmanes ; critiques qui lui ont été notamment remontées à l'occasion d'une rencontre, mercredi 30 avril, avec des participants du Forum de l'islam de France (Forif).

Une prière d'adieu avant le rapatriement

Le corps d'Aboubakar Cissé sera rapatrié au Mali, sa terre natale. Avant, la dépouille sera accueillie, lundi 5 mai, à la Grande Mosquée de Paris, où sera organisée une prière mortuaire. « Nous appelons l'ensemble des fidèles, hommes et femmes, à se joindre à cette prière d'adieu, dans la dignité, l'unité et la foi », a fait part l'institution. Ce même jour, le ministre de l'Intérieur rencontrera la famille d'Aboubakar Cissé.

Olivier Hadzovic, qui encourt la prison à perpétuité, devrait être remis à la France courant du mois de mai par les autorités italiennes. La famille de la victime réclame que l'affaire soit prise en charge par le Parquet national antiterroriste. Elle a déposé plainte pour que le caractère terroriste soit reconnu.

A ce jour, l'enquête est ouverte pour « meurtre aggravé par préméditation et à raison de la race ou de la religion » et a été confiée à un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes. Selon la procureure de Nîmes, Cécile Gensac, l'auteur des faits a agi « dans un contexte isolé, sans revendication idéologique ou lien avec une organisation » et était guidé par une « envie de tuer quelqu'un, quelle que soit la cible ».

Des dizaines de rassemblements d'hommage à Aboubakar Cissé ont eu lieu à travers la France depuis la tragédie. A Paris, un millier de personnes se sont rassemblées jeudi 1er mai, place de la République, pour dénoncer l'islamophobie.

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