Marseille : la justice suspend la fermeture de la mosquée des Bleuets, voici pourquoi

Par Hanan Ben Rhouma, le 12/10/2025

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Les responsables de la mosquée marseillaise des Bleuets, menacée de fermeture, ont obtenu gain de cause face à la préfecture des Bouches-du-Rhône. La décision rendue samedi 11 octobre

La fermeture administrative de la mosquée des Bleuets, dans le 13e arrondissement de Marseille, n'aura pas lieu. L'arrêté pris le 6 octobre la préfecture des Bouches-du-Rhône a été suspendu, samedi 11 octobre, par le tribunal administratif de Marseille. Celui-ci avait été saisi par l'association gestionnaire de l'édifice religieux, estimant que la décision préfectorale était infondée et injuste.

« La fermeture du lieu de culte crée une situation d’urgence à l’égard de l’association ainsi privée de son activité principale de mettre à disposition du public le lieu de culte qu’elle gère. De plus, la pratique du culte des fidèles, tout particulièrement ceux à mobilité réduite, est empêchée ou rendue plus difficile », a relevé dans sa décision le juge des référés liberté, pour qui la décision du préfet « porte atteinte à la liberté fondamentale du culte ».

« Les propos et publications de l’imam mis en cause sur les réseaux sociaux, anciens ou plus récents ne présentent pas une menace actuelle de provoquer la haine ou la violence de personnes ou de groupes de personnes. De même, tous les reproches retenus par le préfet contre l’association gestionnaire de la mosquée d’avoir soutenu activement l’imam sont écartés », a soutenu le magistrat

En outre, « les faits d’apologie du terrorisme commis en 2024 qui ont conduit à la condamnation de l’imam par le tribunal judiciaire le 30 mai 2025 à une peine d’emprisonnement avec sursis ne justifient pas la mesure actuelle de fermeture du lieu de culte », selon le juge, qui souligne que « depuis la reprise de son activité de l’intéressé à la mosquée, aucun comportement contraire à la loi de 1905, n’est établi ».

La décision a naturellement réjoui les responsables de la mosquée des Bleuets. « Dans un esprit d'apaisement des relations de notre association avec les services de la préfecture des Bouches-du-Rhône, nous allons les contacter par l'intermédiaire du Conseil du culte musulman des Bouches-du-Rhône afin de pouvoir planifier une rencontre », a-t-elle signifié dans un communiqué. Une demande maintes fois proposée par le CDCM 13 mais à laquelle la préfecture n'a pas répondu à ce jour

L'instance départementale, qui a exprimé « sa satisfaction et son soulagement » après une décision marquant « une victoire du droit et du bon sens », a appelé à ce que cette décision soit reçue « comme une invitation au dialogue, à l'apaisement et à la coopération constructive entre tous les acteurs de la vie spirituelle et institutionnelle de notre département ».

De son côté, le préfet des Bouches-du-Rhône a indiqué avoir pris acte de la décision en référé liberté, « qui n'est pas une décision définitive : son arrêté est suspendu mais non annulé », a déclaré sur X la préfète de police déléguée du département. « Sur le fond, il reste convaincu qu'une mosquée ne saurait employer un imam ayant été condamné pour apologie du terrorisme sans faire l'objet de mesure administrative. »

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