Deux nouvelles enquêtes rendues publiques en mars démontrent la persistance des discriminations envers les personnes d'origine maghrébine, à l'entrée de plusieurs masters à l'université comme entre utilisateurs de plateformes collaboratives.
L’Observatoire national des discriminations et de l’égalité dans le supérieur (Ondes) a révélé, jeudi 9 mars, les résultats d’un testing auprès de responsables de master démontrant que les candidats avec un nom à consonance maghrébine ont moins de chances que les autres de recevoir une réponse à leur courrier de demande d’information.
Quatre demandes d’information ont été envoyées à chaque responsable de master. Deux en provenance d’un candidat et d’une candidate avec un prénom et un nom d’origine maghrébine et deux envoyés par des candidats hommes et femmes dont le nom était « bien français ». Réalisé auprès de 2 122 masters dans 84 établissement du supérieur dont 55 universités, en février 2022, cette campagne de testing a révélé qu’un candidat, homme ou femme, d’origine française avait 68 % de chances d’obtenir une réponse, pour seulement 61,1 % pour le candidat d’origine maghrébine et 60 % pour sa camarade originaire d’Afrique du Nord. S’il faut se réjouir de l’absence de discrimination de genre en la matière, la différence de traitement selon l’origine des candidats est significative. Une situation qui n’a pas évolué par rapport une étude équivalente réalisée en 2021.
Toutes les filières ne sont pas touchées de la même façon. Les formations les plus sélectives sont le plus sujettes à discriminer. Les masters en sciences, technologie, santé, droit, gestion et économie sont beaucoup plus discriminants que les formations en lettres, langues, arts et sciences humaines et sociales. Ne pas recevoir de réponse « peut être interprété comme un signe prédictif de non-sélection finale et incite (les étudiants) à ne pas postuler. Ce qui aboutit à une forme d’autocensure », commente Clément Martin, chargé de la mission Études au sein du Défenseur des droits.
Quatre demandes d’information ont été envoyées à chaque responsable de master. Deux en provenance d’un candidat et d’une candidate avec un prénom et un nom d’origine maghrébine et deux envoyés par des candidats hommes et femmes dont le nom était « bien français ». Réalisé auprès de 2 122 masters dans 84 établissement du supérieur dont 55 universités, en février 2022, cette campagne de testing a révélé qu’un candidat, homme ou femme, d’origine française avait 68 % de chances d’obtenir une réponse, pour seulement 61,1 % pour le candidat d’origine maghrébine et 60 % pour sa camarade originaire d’Afrique du Nord. S’il faut se réjouir de l’absence de discrimination de genre en la matière, la différence de traitement selon l’origine des candidats est significative. Une situation qui n’a pas évolué par rapport une étude équivalente réalisée en 2021.
Toutes les filières ne sont pas touchées de la même façon. Les formations les plus sélectives sont le plus sujettes à discriminer. Les masters en sciences, technologie, santé, droit, gestion et économie sont beaucoup plus discriminants que les formations en lettres, langues, arts et sciences humaines et sociales. Ne pas recevoir de réponse « peut être interprété comme un signe prédictif de non-sélection finale et incite (les étudiants) à ne pas postuler. Ce qui aboutit à une forme d’autocensure », commente Clément Martin, chargé de la mission Études au sein du Défenseur des droits.
Des discriminations entre utilisateurs de BlaBlaCar et Leboncoin
La situation n'est pas meilleure sur le Net. Vendredi 3 mars, le Défenseur des droits a publié les résultats d’une étude inédite - passée quasi inaperçue - concernant deux plateformes collaboratives dont l’objectif était de mesurer l’exposition aux discriminations en raison du genre et de l’origine supposée des utilisateurs. Confiée à des chercheurs du Laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques (LIEPP), elle révèle des discriminations entre particuliers utilisateurs de BlaBlaCar et Leboncoin.
L’étude, qui s’intéresse à la fois aux discriminations produites côté offre (ici les vendeurs et conducteurs) et à celles produites côté demande (ici les acheteurs et passagers), repose sur « une méthodologie originale en combinant pour la première fois deux approches complémentaires » : l’observation par la récolte automatique des données réalisée sur les plateformes (scraping) et l’expérimentation à partir de profils fictifs (testing).
Sur BlaBlaCar, les chercheurs constatent que « les conducteurs ayant un prénom à consonance maghrébine ou africaine accueillent moins de passagers dans leur véhicule et touchent un revenu plus faible de 15 % en moyenne par voyage, par rapport aux autres conducteurs pour des trajets équivalents », explique le Défenseur des droits.
Dans le testing, « les profils fictifs de passagers d’origine minoritaire ont une probabilité plus faible (d’environ 4 points de pourcentage) de recevoir une réponse lorsqu’ils font une demande d’information auprès d’un conducteur. Une différence selon le genre est également constatée : les profils de conductrices ont une probabilité plus élevée de recevoir des messages (+0,6 messages) et des réservations (+0,7 réservations) que les conducteurs », ajoute l'autorité publique.
L’étude, qui s’intéresse à la fois aux discriminations produites côté offre (ici les vendeurs et conducteurs) et à celles produites côté demande (ici les acheteurs et passagers), repose sur « une méthodologie originale en combinant pour la première fois deux approches complémentaires » : l’observation par la récolte automatique des données réalisée sur les plateformes (scraping) et l’expérimentation à partir de profils fictifs (testing).
Sur BlaBlaCar, les chercheurs constatent que « les conducteurs ayant un prénom à consonance maghrébine ou africaine accueillent moins de passagers dans leur véhicule et touchent un revenu plus faible de 15 % en moyenne par voyage, par rapport aux autres conducteurs pour des trajets équivalents », explique le Défenseur des droits.
Dans le testing, « les profils fictifs de passagers d’origine minoritaire ont une probabilité plus faible (d’environ 4 points de pourcentage) de recevoir une réponse lorsqu’ils font une demande d’information auprès d’un conducteur. Une différence selon le genre est également constatée : les profils de conductrices ont une probabilité plus élevée de recevoir des messages (+0,6 messages) et des réservations (+0,7 réservations) que les conducteurs », ajoute l'autorité publique.
Sensibiliser les particuliers à l'interdiction des discriminations
Sur Leboncoin, « l’étude observe une plus faible sollicitation et un temps de réalisation de transaction plus long pour des vendeurs d’origine minoritaire, même si de fortes disparités ont été relevées selon les biens proposés. Dans le cadre du testing, les profils d’acheteurs d’origine minoritaire ont une probabilité plus faible de recevoir une réponse de la part des vendeurs réels que les acheteurs majoritaires (-17 %), quelle que soit la catégorie de biens », poursuit le Défenseur des droits.
Il précise que « cette étude, qui montre que les discriminations ne disparaissent pas dans le monde numérique, a été présentée aux équipes de BlaBlaCar et Leboncoin. Celles-ci souhaitent aujourd’hui poursuivre les recherches, collaborer avec notre institution et renforcer la prévention des discriminations ». Et de rappeler aux acteurs de l’économie collaborative la nécessité de « sensibiliser davantage les utilisateurs des plateformes pour rappeler l’interdiction des discriminations », « rappeler et améliorer les voies de signalement des sites en cas de discrimination » et de « promouvoir l’utilisation de procédures mises en place par les plateformes qui peuvent contribuer à limiter les discriminations ». De bonnes intentions qui demanderont à être concrétisées.
Lire aussi :
A l'IMA, un nouveau plan de lutte contre le racisme présenté par le gouvernement Borne
L’Unicef met en évidence l'impact dévastateur du racisme et des discriminations envers les enfants
Racisme et discriminations à l’origine de la pauvreté, avertit l'ONU
Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « discrimination »
Le sentiment de discrimination augmente en France mais les causes se diversifient
Il précise que « cette étude, qui montre que les discriminations ne disparaissent pas dans le monde numérique, a été présentée aux équipes de BlaBlaCar et Leboncoin. Celles-ci souhaitent aujourd’hui poursuivre les recherches, collaborer avec notre institution et renforcer la prévention des discriminations ». Et de rappeler aux acteurs de l’économie collaborative la nécessité de « sensibiliser davantage les utilisateurs des plateformes pour rappeler l’interdiction des discriminations », « rappeler et améliorer les voies de signalement des sites en cas de discrimination » et de « promouvoir l’utilisation de procédures mises en place par les plateformes qui peuvent contribuer à limiter les discriminations ». De bonnes intentions qui demanderont à être concrétisées.
Lire aussi :
A l'IMA, un nouveau plan de lutte contre le racisme présenté par le gouvernement Borne
L’Unicef met en évidence l'impact dévastateur du racisme et des discriminations envers les enfants
Racisme et discriminations à l’origine de la pauvreté, avertit l'ONU
Les mots piégés du débat républicain : à l’assaut du mot « discrimination »
Le sentiment de discrimination augmente en France mais les causes se diversifient