Avant une nouvelle session du Forif, les acteurs musulmans du Rhône promeuvent « l'islam des terroirs »

Par Hanan Ben Rhouma, le 07/10/2025

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Le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) a organisé, samedi 4 octobre, un colloque sur « l'islam des terroirs et des territoires ».

Une nouvelle session du Forum de l'islam de France (Forif) va-t-elle pouvoir être organisée au mois d'octobre comme l'Elysée l'entendait, près de neuf mois après la dernière plénière sous l'égide de Bruno Retailleau ? Face à l'impasse politique dans laquelle la France est encore plongée, l'incertitude règne plus que jamais. Avant l'épisode Sébastien Lecornu, le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) organisait, samedi 4 octobre, à l'Institut français de civilisation musulmane (IFCM) de Lyon, un colloque sur « l'islam des terroirs et des territoires ».

Imams, aumôniers, responsables religieux, universitaires, chercheurs, cadres associatifs, acteurs de la société civile : l'événement a réuni près de 150 personnes. L'occasion pour le CMR, dirigé par le recteur de la Grande Mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, de plaider de nouveau pour une gestion de l'islam de France du bas vers le haut en favorisant encore davantage la départementalisation du culte musulman qui s'est accélérée depuis la création du Forif en 2022. Dans le même temps, le mécontentement gronde en coulisse parmi des acteurs de terrain quant à la trop grande place prise par les préfectures dans la gestion des travaux, des priorités et des participants aux Assises territoriaux de l'islam de France (ATIF).

« Ce colloque, placé sous le signe du dialogue et de la réflexion partagée, a permis de mettre en lumière la richesse et la vitalité de l'islam territorial, enraciné dans les réalités concrètes des communautés et attentif aux dynamiques sociales, culturelles et spirituelles qui les traversent », a indiqué le CMR dans un communiqué.

L'expérience rhônalpine en exergue

Pour l'occasion, le recteur de la mosquée de Villeurbanne, Azzedine Gaci, s'est ainsi de nouveau évertué à présenter l'expérience lyonnaise comme un « un laboratoire de l'islam de France », notamment sur la délicate question des carrés musulmans. Sous l'impulsion du CMR, une organisation régionale du culte musulman est en train de voir le jour, le Conseil de coordination des institutions musulmanes de la Région Auvergne Rhône-Alpes.

Si son existence n'est pas encore formelle, c'est sous son nom que des associations avaient menacé en avril dernier de revoir leur participation aux activités institutionnelles en l'absence d'une réaction « ferme » des autorités contre « la banalisation croissante de l'islamophobie ». « Les divisions internes dans notre communauté fragilisent parfois la cohésion de nos institutions et brouillent notre parole collective. C'est pourquoi il est vital de nous organiser et de structurer la présence institutionnelle de manière rigoureuse dans le cadre des lois de la République », a plaidé Kamel Kabtane au cours du colloque.

A ses yeux, la formation des imams et des cadres religieux en France reste « un enjeu majeur, surtout après la fermeture de l'IESH », le centre de formation théologique à Château-Chinon frappé d'une dissolution administrative.

Les ateliers thématiques ont donné lieu « à des recommandations précieuses, notamment sur la structuration de l'islam au plan local, le statut et les conditions d'exercice des imams, la visibilité accrue des musulmans dans la société civile, et la défense de leurs droits, souvent mis à mal ces derniers temps », selon le CMR, pour qui les débats ont aussi fait remonter « une certaine inquiétude » des citoyens musulmans quant à la montée de l'islamophobie en France et aux répercussions du rapport sur l'islamisme. Les échanges ont aussi mis en exergue « une volonté claire de s'organiser sans attendre, de renforcer la cohésion et de consolider les structures locales pour répondre aux besoins spirituels, sociaux et citoyens des fidèles ».

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