Médine, antisémite ? Le rappeur a beau s'en défendre, la polémique n'a eu de cesse d'enfler ces dernières semaines. Elle n'a néanmoins pas eu raison de l'invitation qui lui a été faite d'échanger, jeudi 24 août, avec la chef de file des écologistes au cours des journées d'été d'EELV. Ce qu'il faut retenir de ses explications et d'une affaire qui provoque de profondes divisions à gauche.
Médine était bel et bien présent, jeudi 24 août, aux journées d'été d'Europe Ecologie-Les Verts (EELV) au Havre, à l'invitation de la secrétaire générale du parti, Marine Tondelier. Le rappeur, lui-même havrais, a été chaleureusement accueilli par le public présent ; les applaudissements nourris des militants dès son entrée en salle en ont témoigné.
Invité initialement autour du thème de « la force de la culture face à la culture de la force » pour évoquer son engagement de longue date contre la haine et l'extrême droite, il lui était impossible de faire l'impasse sur les propos polémiques qui lui valent aujourd'hui d'être accusé d'antisémitisme.
A l’essayiste juive Rachel Khan qui avait traité sans ménagement l'artiste de « déchet » sur X, il avait répondu le 10 août : « ResKHANpée : personne ayant été jetée par la place Hip Hop, dérivant chez les social traîtres et bouffant au sens propre à la table de l’extrême droite. » Un jeu de mots qui passe très mal, Rachel Khan ayant des membres de sa famille qui furent déportés dans des camps nazis.
« Je répondais à une insulte, une attaque qui n’a indigné personne. (...) J'ai surréagi et j'ai eu cette maladresse d'utiliser le mot de rescapé. Je n'avais absolument pas mesuré la charge historique et émotionnelle que comprenait ce mot », a-t-il déclaré, rappelant avoir « dans la foulée» présenté ses excuses auprès de la concernée et de ceux qui se sont sentis heurtés par ses mots. Ce qui n'a pas suffi car, au fond, la polémique avait commencé dès l'annonce de son invitation, avant même sa « maladresse par messages interposés ».
« Je lutte contre l'antisémitisme, poison que l'on doit combattre, depuis 20 ans. On me taxe d'antisémite et cela me broie », avait-il assuré dans une interview à Paris Normandie deux jours plus tôt. « Quand je m’excuse (comme pour la quenelle de Dieudonné qu'il prenait pour un geste de liberté d'expression, ndlr), que je regrette, moi on ne m’entend pas. (...) Moi qui suis d’un certain univers culturel, l’excuse ne m’est pas autorisée », déplore-t-il.
Invité initialement autour du thème de « la force de la culture face à la culture de la force » pour évoquer son engagement de longue date contre la haine et l'extrême droite, il lui était impossible de faire l'impasse sur les propos polémiques qui lui valent aujourd'hui d'être accusé d'antisémitisme.
A l’essayiste juive Rachel Khan qui avait traité sans ménagement l'artiste de « déchet » sur X, il avait répondu le 10 août : « ResKHANpée : personne ayant été jetée par la place Hip Hop, dérivant chez les social traîtres et bouffant au sens propre à la table de l’extrême droite. » Un jeu de mots qui passe très mal, Rachel Khan ayant des membres de sa famille qui furent déportés dans des camps nazis.
« Je répondais à une insulte, une attaque qui n’a indigné personne. (...) J'ai surréagi et j'ai eu cette maladresse d'utiliser le mot de rescapé. Je n'avais absolument pas mesuré la charge historique et émotionnelle que comprenait ce mot », a-t-il déclaré, rappelant avoir « dans la foulée» présenté ses excuses auprès de la concernée et de ceux qui se sont sentis heurtés par ses mots. Ce qui n'a pas suffi car, au fond, la polémique avait commencé dès l'annonce de son invitation, avant même sa « maladresse par messages interposés ».
« Je lutte contre l'antisémitisme, poison que l'on doit combattre, depuis 20 ans. On me taxe d'antisémite et cela me broie », avait-il assuré dans une interview à Paris Normandie deux jours plus tôt. « Quand je m’excuse (comme pour la quenelle de Dieudonné qu'il prenait pour un geste de liberté d'expression, ndlr), que je regrette, moi on ne m’entend pas. (...) Moi qui suis d’un certain univers culturel, l’excuse ne m’est pas autorisée », déplore-t-il.
Quand EELV se divise, LFI unanime pour défendre le rappeur
Le rappeur sera-t-il cette fois entendu ? « Si les politiques pouvaient s’excuser aussi bien que toi, on n’en serait peut-être pas là », a conclu Marine Tondelier, visiblement ravie du discours tenu par le rappeur. Elle a assumé jusqu'au bout l'invitation malgré la pression exercée en interne. Dernièrement, les maires de Bordeaux et de Strasbourg, Pierre Hurmic et Jeanne Barseghian, ont décidé d'annuler leur venue au Havre, en invoquant l'ambiguïté présumée du rappeur sur l'antisémitisme.
Avant eux, la prise de position de Karima Delli a été des plus remarquées. L’eurodéputée écologiste estime impossible de « soutenir et cautionner l’invitation de Médine » « On n'invite pas quelqu'un qui s'amuse à des jeux de mots malsains avec le nom d'une personne dont les grands parents ont été déportés parce que juifs. C’est un tweet antisémite, sans guillemet », tranche-t-elle.
« Médine, antisémite ? En fait, tout le monde s'en fout. L'accusation est aujourd'hui purement instrumentale, sans lien avec le réel. Elle permet de discréditer un adversaire – qui s'en défendra comme il pourra. Ce genre de débat abaisse la politique sans faire reculer l'antisémitisme », déplore, pour sa part, la sénatrice Esther Benbassa.
Les écologistes se divisent, qu'en est-il ailleurs à gauche ? Médine peut surtout compter sur le soutien unanime des Insoumis, au premier chef Jean-Luc Mélenchon. Le rappeur est d'ailleurs invité aux universités d'été de LFI près de Valence, dans la Drôme, fin août. Pour la chef des députés LFI Mathilde Panot, il est « victime depuis plusieurs jours d'une cabale ignoble menée par l'extrême droite main dans la main avec les macronistes ».
« Chacun est libre d’apprécier ou non la musique de Médine, d’être en accord ou non avec ses combats, mais le lynchage et la diffamation ne sont pas acceptables », plaide dans un communiqué le Mouvement jeunes communistes de France (MJCF), qui affirme « sa pleine solidarité au rappeur Médine et à sa famille, et se réjouit de sa présence au mois de septembre à la Fête de l’Humanité ».
Mise à jour lundi 28 août : Les journées d'été des Verts passées, et après plusieurs semaines de silence, l'essayiste Rachel Khan s'est exprimée auprès du Monde en déclarant avoir « mal à cette gauche qui ne défend plus les principes républicains qui sont les siens ». A ses yeux, les excuses du rappeur ne sont pas crédibles : « Médine est un multirécidiviste de paroles de haine. (...) Il y a des mots qui sont des délits, ce n'est pas négociable. »
Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) « ne sous-estime pas la réalité de l'antisémitisme systémique, contre lequel la gauche et l'extrême gauche ne sont pas immunisées » mais dénonce aussi « les trop fréquentes instrumentalisations de l'antisémitisme à des fins racistes et islamophobes ou pour discréditer la cause palestinienne et la gauche ». « C'est dans ce cadre qu'il faut inscrire les attaques récentes contre Médine », a déclaré lundi le mouvement, qui apporte son soutien au rappeur « face aux attaques racistes et islamophobes » à son encontre.
Avant eux, la prise de position de Karima Delli a été des plus remarquées. L’eurodéputée écologiste estime impossible de « soutenir et cautionner l’invitation de Médine » « On n'invite pas quelqu'un qui s'amuse à des jeux de mots malsains avec le nom d'une personne dont les grands parents ont été déportés parce que juifs. C’est un tweet antisémite, sans guillemet », tranche-t-elle.
« Médine, antisémite ? En fait, tout le monde s'en fout. L'accusation est aujourd'hui purement instrumentale, sans lien avec le réel. Elle permet de discréditer un adversaire – qui s'en défendra comme il pourra. Ce genre de débat abaisse la politique sans faire reculer l'antisémitisme », déplore, pour sa part, la sénatrice Esther Benbassa.
Les écologistes se divisent, qu'en est-il ailleurs à gauche ? Médine peut surtout compter sur le soutien unanime des Insoumis, au premier chef Jean-Luc Mélenchon. Le rappeur est d'ailleurs invité aux universités d'été de LFI près de Valence, dans la Drôme, fin août. Pour la chef des députés LFI Mathilde Panot, il est « victime depuis plusieurs jours d'une cabale ignoble menée par l'extrême droite main dans la main avec les macronistes ».
« Chacun est libre d’apprécier ou non la musique de Médine, d’être en accord ou non avec ses combats, mais le lynchage et la diffamation ne sont pas acceptables », plaide dans un communiqué le Mouvement jeunes communistes de France (MJCF), qui affirme « sa pleine solidarité au rappeur Médine et à sa famille, et se réjouit de sa présence au mois de septembre à la Fête de l’Humanité ».
Mise à jour lundi 28 août : Les journées d'été des Verts passées, et après plusieurs semaines de silence, l'essayiste Rachel Khan s'est exprimée auprès du Monde en déclarant avoir « mal à cette gauche qui ne défend plus les principes républicains qui sont les siens ». A ses yeux, les excuses du rappeur ne sont pas crédibles : « Médine est un multirécidiviste de paroles de haine. (...) Il y a des mots qui sont des délits, ce n'est pas négociable. »
Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) « ne sous-estime pas la réalité de l'antisémitisme systémique, contre lequel la gauche et l'extrême gauche ne sont pas immunisées » mais dénonce aussi « les trop fréquentes instrumentalisations de l'antisémitisme à des fins racistes et islamophobes ou pour discréditer la cause palestinienne et la gauche ». « C'est dans ce cadre qu'il faut inscrire les attaques récentes contre Médine », a déclaré lundi le mouvement, qui apporte son soutien au rappeur « face aux attaques racistes et islamophobes » à son encontre.