Quelques jours après le décès de Robert Badinter, une cérémonie publique a été organisée, mercredi 14 février, devant le ministère de la Justice. L'occasion de faire un retour sur son parcours et ses multiples engagements.
Le père de l’abolition de la peine de mort en France, Robert Badinter, s’est éteint dans la nuit de jeudi 8 à vendredi 9 février à l’âge de 95 ans. Un hommage national à l'ancien Garde des Sceaux a été rendu, mercredi 14 février, à Paris, place Vendôme, devant le ministère de la Justice. L’émotion était palpable lors de l’arrivée du cercueil de l’avocat. Porté par des gardes républicains, il était recouvert d’un drapeau français. En présence de la famille du défunt, la philosophe Elisabeth Badinter en tête, Emmanuel Macron a salué « une conscience morale que rien n'efface, pas même la mort ».
« Vous nous quittez au moment où vos vieux adversaires, l'oubli et la haine, semblent comme s'avancer à nouveau. Vos idéaux sont menacés », a déclaré le président, faisant « le serment d’être fidèle à (son) enseignement et (son) engagement fidèle » de l’ancien président du Conseil constitutionnel (1986-1995).
« Votre nom devra s’inscrire aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France et vous attendent au Panthéon », a déclaré au cours de la cérémonie ouverte au public le chef de l’Etat. Il annonce ainsi l’accueil prochain du corps de Robert Badinter dans l’emblématique lieu de mémoire qui recueille les cendres des « grands hommes ».
« Vous nous quittez au moment où vos vieux adversaires, l'oubli et la haine, semblent comme s'avancer à nouveau. Vos idéaux sont menacés », a déclaré le président, faisant « le serment d’être fidèle à (son) enseignement et (son) engagement fidèle » de l’ancien président du Conseil constitutionnel (1986-1995).
« Votre nom devra s’inscrire aux côtés de ceux qui ont tant fait pour le progrès humain et pour la France et vous attendent au Panthéon », a déclaré au cours de la cérémonie ouverte au public le chef de l’Etat. Il annonce ainsi l’accueil prochain du corps de Robert Badinter dans l’emblématique lieu de mémoire qui recueille les cendres des « grands hommes ».
Des engagements multiples au service de la justice
L’abolition de la peine de mort était le combat de la vie de Robert Badinter. « Nous allons vers l’abolition universelle » de la peine de mort, a même prédit l’avocat à l'occasion des 40 ans de l'Action des chrétiens pour l'abolition de la torture (ACAT) en 2014. « La question est simplement, est-ce qu’on y va plus vite qu’on ne le pensait ? Je crois que oui, même si cela reste soumis, évidemment, à des événements internationaux imprévisibles. »
Celui qui était ministre de la Justice du temps de François Mitterrand (1981-1986) a porté, en parallèle, d’importants projets de loi à commencer par celui dépénalisant l’homosexualité, avec le concours de Gisèle Halimi. Parmi les nombreuses mesures qu’il a défendues, citons la suppression des juridictions d'exception, l’amélioration des conditions de vie des détenus, la possibilité aux justiciables de saisir la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) et l’amélioration du droit des victimes d'accidents de la circulation.
Aussi, Robert Badinter était aussi une figure de la lutte contre l’antisémitisme, fléau dont sa famille a été victime pendant la Seconde Guerre mondiale. Son père, raflé par la Gestapo à Lyon en 1943, a été déporté dans le camp de concentration de Sobibor, en Pologne, dont il n’est jamais revenu. L’avocat, qui a fait condamner Robert Faurisson pour ses propos négationnistes en 2007, était de ceux qui voyait l'antisionisme comme « rien d’autre que l’expression contemporaine de l’antisémitisme, c’est-à-dire de la haine des Juifs », selon ses mots dans un billet paru sur le site de l'Unesco en 2017. Dans le même temps, il avait souligné « l’importance du rôle – et je dirais pour certains fraternel – des représentants de la communauté musulmane » face à l’antisémitisme. « L’amalgame ici est un autre piège que nous tend le terrorisme, et nous ne devons certainement pas y céder. Je rappelle toujours (…) que 80 % des victimes du terrorisme dans le monde sont des musulmans. Je tiens à le faire remarquer, parce que l’amalgame ici serait criminel. »
« Je vais peut-être vous choquer, mais c’est ainsi : la violence de l’antisémitisme d’aujourd’hui n’a rien de commun avec ce que j’ai connu et subi dans les années 1930 et 40. Ne pas tout confondre. La société française, la société européenne, sont moins antisémites aujourd’hui qu’à l’époque. Ce serait absurde - et dangereux - de ne pas le reconnaître », a-t-il confié dernièrement à un éditorialiste de Challenges.
Des musulmans, Robert Badinter s'était dit « révolté » de leur stigmatisation engendrée par la nature des débats politiques sur la laïcité et l'islam en 2011, le « révoltait ». « J’essaye un instant de mettre à leur place. Le principe de la République, c’est l’égalité de tous. (…) A quoi tous ces colloques sur l’identité aboutissent (…) sinon à chaque fois de donner le sentiment à ces femmes et à ces hommes qu’ils sont mis à part. Une espère de ghettoïsation morale… c’est in-su-ppor-table et il est temps d’en finir avec cela ! », avait-il lancé sur France Inter.
Celui qui était ministre de la Justice du temps de François Mitterrand (1981-1986) a porté, en parallèle, d’importants projets de loi à commencer par celui dépénalisant l’homosexualité, avec le concours de Gisèle Halimi. Parmi les nombreuses mesures qu’il a défendues, citons la suppression des juridictions d'exception, l’amélioration des conditions de vie des détenus, la possibilité aux justiciables de saisir la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) et l’amélioration du droit des victimes d'accidents de la circulation.
Aussi, Robert Badinter était aussi une figure de la lutte contre l’antisémitisme, fléau dont sa famille a été victime pendant la Seconde Guerre mondiale. Son père, raflé par la Gestapo à Lyon en 1943, a été déporté dans le camp de concentration de Sobibor, en Pologne, dont il n’est jamais revenu. L’avocat, qui a fait condamner Robert Faurisson pour ses propos négationnistes en 2007, était de ceux qui voyait l'antisionisme comme « rien d’autre que l’expression contemporaine de l’antisémitisme, c’est-à-dire de la haine des Juifs », selon ses mots dans un billet paru sur le site de l'Unesco en 2017. Dans le même temps, il avait souligné « l’importance du rôle – et je dirais pour certains fraternel – des représentants de la communauté musulmane » face à l’antisémitisme. « L’amalgame ici est un autre piège que nous tend le terrorisme, et nous ne devons certainement pas y céder. Je rappelle toujours (…) que 80 % des victimes du terrorisme dans le monde sont des musulmans. Je tiens à le faire remarquer, parce que l’amalgame ici serait criminel. »
« Je vais peut-être vous choquer, mais c’est ainsi : la violence de l’antisémitisme d’aujourd’hui n’a rien de commun avec ce que j’ai connu et subi dans les années 1930 et 40. Ne pas tout confondre. La société française, la société européenne, sont moins antisémites aujourd’hui qu’à l’époque. Ce serait absurde - et dangereux - de ne pas le reconnaître », a-t-il confié dernièrement à un éditorialiste de Challenges.
Des musulmans, Robert Badinter s'était dit « révolté » de leur stigmatisation engendrée par la nature des débats politiques sur la laïcité et l'islam en 2011, le « révoltait ». « J’essaye un instant de mettre à leur place. Le principe de la République, c’est l’égalité de tous. (…) A quoi tous ces colloques sur l’identité aboutissent (…) sinon à chaque fois de donner le sentiment à ces femmes et à ces hommes qu’ils sont mis à part. Une espère de ghettoïsation morale… c’est in-su-ppor-table et il est temps d’en finir avec cela ! », avait-il lancé sur France Inter.
Il avait aussi pris position contre la légalisation de l’euthanasie, qui fait actuellement débat dans la société française. « La vie, nul ne peut la retirer à autrui dans une démocratie », avait-il déclaré en 2008 à l'Assemblée nationale. Promesse d’Emmanuel Macron, un projet de loi sur la fin de vie est attendu en février.
La mémoire d’un « pourfendeur de toutes les violations des droits » saluée
Les hommages sont innombrables. Un recueil de condoléances avait d’ailleurs été mis à disposition des citoyens au ministère de la Justice jusqu’au 13 février. A l'initiative de magistrats et d'avocats, plusieurs rassemblements ont été organisés à travers la France pour honorer sa mémoire. La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a salué la mémoire d’un « défenseur intransigeant des droits humains dans leur universalité, pourfendeur de toutes les violations des droits, de tous les abus et de toutes les injustices ».
« Au comité central de la Ligue des droits de l’homme (LDH), à la FIDH, à Amnesty International et à Human Rights Watch, Robert Badinter ne comptait pas ses heures, son énergie. Robert Badinter s’est toujours fait l’écho du mouvement de défense des droits humains, même quand cette défense allait à l’encontre des intérêts de sa famille politique », poursuit la FIDH. « Homme de gauche, homme de combats, homme de conviction et homme de résultats, il est à la fois un héritier des Lumières, de la lutte contre la peine de mort. Il est aussi un précurseur, un modèle et un instigateur. »
« Au comité central de la Ligue des droits de l’homme (LDH), à la FIDH, à Amnesty International et à Human Rights Watch, Robert Badinter ne comptait pas ses heures, son énergie. Robert Badinter s’est toujours fait l’écho du mouvement de défense des droits humains, même quand cette défense allait à l’encontre des intérêts de sa famille politique », poursuit la FIDH. « Homme de gauche, homme de combats, homme de conviction et homme de résultats, il est à la fois un héritier des Lumières, de la lutte contre la peine de mort. Il est aussi un précurseur, un modèle et un instigateur. »