Face aux Talibans, des leaders musulmans en Europe en solidarité avec les femmes d’Afghanistan

Par Hanan Ben Rhouma, le 29/12/2022

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Alors que les Talibans ne cessent de donner des coups de canif dans les libertés, et plus particulièrement celles des femmes, des leaders musulmans européens appellent leurs coreligionnaires à prier pour le droit à l’éducation des femmes à travers le monde.

2022 fut une année noire pour les femmes en Afghanistan. Depuis la prise de pouvoir des Talibans en août 2021, les atteintes aux droits des femmes se sont largement aggravées. Dernièrement, l’interdiction faite à la gente féminine d’accéder aux parcs et aux bains publics de Kaboul, d’aller à l’université ou encore de travailler pour des ONG locales et internationales alors même que leurs activités sont essentielles au pays illustrent la volonté claire des autorités afghanes d’enfermer les femmes dans la sphère domestique. Autant de décisions dénoncées, entre autres, par l'Organisation de la coopération islamique (OCI).

Face à cette situation catastrophique, le Conseil européen des leaders musulmans (EULEMA), qui compte une vingtaine de représentants issus d’autant de pays d’Europe dont l’ancien grand mufti de Bosnie-Herzégovine Mustapha Cerić, le président de la Communauté religieuse islamique italienne (COREIS) Yahya Pallavicini et le président du Rassemblement des musulmans de France (RMF) Anouar Kbibech, a appelé, mercredi 28 décembre, leurs coreligionnaires à prier ce vendredi 30 décembre « en solidarité avec leurs sœurs musulmanes pour leur droit à l'éducation et à la connaissance en Afghanistan et dans toutes les régions du monde ».

Des décisions talibanes qui « contredisent la charia »

Bien qu’EULEMA « se concentre sur les politiques européennes sur l'islam et pour les communautés musulmanes en Europe », il souhaite exprimer sa « solidarité avec tous les croyants et citoyens, y compris nos sœurs et leurs familles en Afghanistan, en faveur de l'éducation, des droits humains, de la liberté religieuse et de la dignité ».

« Nous sommes d'accord avec la déclaration du Grand imam d'Al-Azhar et président du Conseil des sages musulmans, Ahmed Al-Tayyeb, selon laquelle la décision des talibans "contredit la charia et entre en conflit avec son appel explicite aux hommes et aux femmes à rechercher la connaissance depuis leur berceau jusqu’à la tombe. Cet appel à rechercher la connaissance a produit des esprits puissants parmi les femmes tout au long de l'histoire scientifique et politique de l'islam" », indiquent les signataires du communiqué.

« Nous veillons à lier, sans aucune confusion possible, la lecture et l'interprétation authentiques de la doctrine religieuse à la dimension universelle des droits humains, y compris l'éducation pour tous », indique EULEMA. L’institution cite en ce sens une déclaration du secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, Mohammed Al-Issa : « L'éducation est encouragée dans la loi islamique et cela inclut tout le monde, hommes et femmes, et aucun parti n'a le droit, sous aucun prétexte , d'empêcher les femmes de poursuivre leurs études ou de limiter leur éducation. »

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