A travers les yeux de sa mère arrivée en France depuis le Sénégal dans les années 1980, Maïram Guissé contribue à visibiliser l'histoire de ces femmes « pionnières du regroupement familial » dont la France entend si peu parler à travers un documentaire touchant.
Elle n’a donné la parole qu’à sa mère. À l’exclusion de son père. Maïram Guissé est journaliste et documentariste, auteure de La vie de ma mère qu'elle a co-écrit avec Lydia Decobert. « Je connais l’histoire de mon père, des hommes immigrés, arrivés en France pour travailler, répondre à une demande de main d’œuvre. Cette histoire-là, je l’ai vue, un peu, dans des reportages ou documentaires. Mais je ne connaissais pas l’histoire de ma mère, de ces femmes, emmenées par leur époux, invisibles dans l’histoire tourmentée entre la France et ses anciennes colonies, la plupart du temps assignées au seul rôle de "femme de…" ou "mère de…" », explique la réalisatrice. « J’ai eu envie qu’elles parlent pour elles-mêmes. J’ai voulu comprendre comment elles ont réussi à exister, à être dans une société où elles n’étaient pas attendues et partir en quête de cette autre histoire française. »
Longtemps, Maïram Guissé a vu sa mère Fatimata sans vraiment la regarder. Jusqu’au jour où elle découvre que celle-ci, arrivée à l’aube de sa retraite, prépare un long retour au Sénégal. « Des femmes noires, musulmanes, on passe à côté d’elles sans les voir. Ma mère est femme de ménage, ça a été un moyen d’accentuer son indépendance et son autonomie et, en même temps, c’est un travail très pénible. Vous les regardez mais voyez-les, vous les entendez mais écoutez-les », insiste-t-elle auprès du Bondy Blog, précisant que ce film traite de l'identité et la double culture, en l'occurrence ici franco-sénégalaise.
Longtemps, Maïram Guissé a vu sa mère Fatimata sans vraiment la regarder. Jusqu’au jour où elle découvre que celle-ci, arrivée à l’aube de sa retraite, prépare un long retour au Sénégal. « Des femmes noires, musulmanes, on passe à côté d’elles sans les voir. Ma mère est femme de ménage, ça a été un moyen d’accentuer son indépendance et son autonomie et, en même temps, c’est un travail très pénible. Vous les regardez mais voyez-les, vous les entendez mais écoutez-les », insiste-t-elle auprès du Bondy Blog, précisant que ce film traite de l'identité et la double culture, en l'occurrence ici franco-sénégalaise.
Un film féministe « sans de grands discours » mais des actes
« Quand le fait d’être renvoyée à ma différence, au fait d’être noire, me mettait en colère, j’imaginais ma mère, n’ayant pas les codes du pays à sa descente d’avion. Elle et ses amies ne se plaignent jamais. Elles font ce qu’elles doivent faire, sans rien attendre de personne, dans un pays qui est aujourd’hui devenu aussi le leur. Un long parcours qui leur a permis de se (re)découvrir, de devenir autonomes financièrement, de construire leur propre identité, et d’en être fières », affirme Maïram Guissé dans une note d’intention présentée sur le site de la société de production Upian et Dipenda.
Et de lancer qu'il s'agit aussi en quelque sorte d'un film féministe, « sans de grands discours » mais des actes : « J’ai voulu comprendre comment elles ont réussi à exister, à être dans une société où elles n’étaient pas attendues et partir en quête de cette autre histoire française. En découvrant comment ma mère avait construit sa vie pour devenir indépendante et élargir son champ de liberté - car oui elle en avait bien un -, j’ai compris que tout était plus complexe que ce qu’on me montrait, qu’il n’y a pas une façon d’être femme, qu’il n’y a pas une façon d’être libre, qu’il n’y a pas une façon d’être féministe… »
Au-delà des difficultés auxquelles sa mère a été confrontée, « je veux surtout restituer leur rapport à la vie qui leur a permis de devenir ces femmes emblématiques de leur culture, de leur éducation : ne pas avoir de regrets, prendre les choses comme elles viennent, si possible avec humour, même quand ça ne va pas ».
Le documentaire, diffusé mercredi 13 juillet sur France 3, est disponible tout l’été jusqu’au 30 septembre en replay sur France Télévisions.
Et de lancer qu'il s'agit aussi en quelque sorte d'un film féministe, « sans de grands discours » mais des actes : « J’ai voulu comprendre comment elles ont réussi à exister, à être dans une société où elles n’étaient pas attendues et partir en quête de cette autre histoire française. En découvrant comment ma mère avait construit sa vie pour devenir indépendante et élargir son champ de liberté - car oui elle en avait bien un -, j’ai compris que tout était plus complexe que ce qu’on me montrait, qu’il n’y a pas une façon d’être femme, qu’il n’y a pas une façon d’être libre, qu’il n’y a pas une façon d’être féministe… »
Au-delà des difficultés auxquelles sa mère a été confrontée, « je veux surtout restituer leur rapport à la vie qui leur a permis de devenir ces femmes emblématiques de leur culture, de leur éducation : ne pas avoir de regrets, prendre les choses comme elles viennent, si possible avec humour, même quand ça ne va pas ».
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