Geneviève Delrue : « C’est l’islam qui a sauvé l’information religieuse »

Par Mohammed Colin, le 16/09/2022

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C’est dans une brasserie parisienne, tout près des Invalides, que nous rencontrons Geneviève Delrue qui nous avait proposé au départ, et comme à son accoutumée, de faire cet entretien en toute simplicité en plein air. L’écrasante chaleur estivale qui nous accablait ce jour du mois de juillet dernier en avait décidé autrement. A l’occasion de son départ en retraite, du moins pour sa carrière de journaliste à RFI, c’est l’opportunité pour Saphirnews de retracer le parcours d’une journaliste d’exception, pionnière sur l’information du fait religieux, puisqu’elle est à l’origine de l’incontournable émission « Religions du monde », créée en 1993 et désormais reprise en main par Véronique Gaymard. Cela dit, notre consœur reste assez occupée puisqu’elle préside l’Association des journalistes d’information sur les religions (AJIR) et apparient au jury du prix « Religions-Jeunes journalistes ». Geneviève Delrue a ce don – admirable – de mettre à l’aise ses interlocuteurs de sorte à faire tomber les éventuelles distances tout en conservant les marques de l’élégance. Cela donne un tutoiement sans familiarité déplacée que nous allons conserver pour le plaisir de nos lecteurs afin qu'ils découvrent le parcours de celle qui dit avoir débuté sa carrière dans les profondeurs de la terre pour s'élever au ciel !


Mohammed Colin : Quelle a été ta formation initiale avant ton entrée dans le journalisme ?

Geneviève Delrue : Je suis géographe de formation et c’est très important de le souligner. J’insiste car un jour, une personne m’a demandé à quoi sert la géographie. Je me suis dit comment on peut poser une question aussi absurde car cette discipline sert énormément. Elle te permet d’avoir le monde en toi en quelque sorte. Et sans doute, en choisisant la géographie, il y avait en moi cet appétit de m’ouvrir au monde.

Des études de géographie par vocation ?

Geneviève Delrue : Plutôt par curiosité ! Déjà à l’époque, je me disais que ce sera le journalisme, les relations internationales ou bien l’aménagement du territoire. Et en même temps, j’ai toujours été travaillée par les questions métaphysiques. C’est en moi. Ça m'a toujours habité. Tous les jours. Alors pas forcément habitée par des réponses mais surtout par des questions. Pourquoi nous sommes sur Terre ? Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ? Qu’est-ce qu’une bonne vie ? Et tant d'autres.

Ce qui est donc extraordinaire, c’est cette conjonction qui est arrivée avec RFI à travers cette émission Religions du monde dans laquelle il est question de relations internationales, de questions métaphysique tout en recoupant d’innombrables d’autres domaines. Je ne me doutais absolument pas de l’amplitude et de la diversité des sujets car je pensais, en postulant à ce poste, que le domaine allait être, au contraire, un univers bien délimité, d’autant plus qu’au départ, c’était une toute petite émission. Ce qui m’arrangeait bien car je venais du service Société et Reportages où des sujets totalement différents les uns des autres s’enchainaient : un jour, c’est la grève des infirmières, le lendemain, les revendications d’augmentation de salaires dans la fonction publique… A vrai dire, j’étais lasse de tout ça, d’autant plus que je venais d’avoir ma fille. Quand tu as un enfant, tu es encore plus portée à te poser des questions de sens et des sujets de transmission.

Tout ça est donc arrivé à un moment où cette rubrique se libère. Et au final, sans que tout cela soit prémédité, elle va répondre à énormément d’inspirations et va solliciter ma formation de géographe. De plus, quand tu fais de la géographie, tu fais également de l’histoire. Il y a eu en quelque sorte une fabuleuse intersection entre ma formation et mes centres d’intérêt.

Mais comment tombes-tu dans le journalisme ?

Geneviève Delrue : Je travaillais régulièrement dans les librairies pour payer mes études de géographie. Eh oui, vu que j’étais montée à Paris et que j’étais sortie de ma province comme on disait autrefois, celle de Farid Abdelkrim (rires), c’est-à-dire Nantes. Si tu veux donc être indépendante et bien, il faut travailler.

Les coïncidences de la vie ont fait qu’un jour que je terminais ma maitrise de géographie urbaine consacrée aux passages couverts de Paris, sur l’itinéraire qui m’amenait à un rendez-vous avec une personne, je tombe sur une librairie spécialisée sur l’architecture et l’urbanisme. Forcément, j’y entre d’autant que mon rendez-vous avait du retard. Je découvre un livre sur les passages couverts en allemand que j'achète aussitôt. Mais ce qui est incroyable, c'est que je m’aperçois que la librairie appartient à un groupe de presse dont le siège était situé au second étage, les Editions du Moniteur qui était une entité du groupe Havas. Il éditait plusieurs titres dont Carrières et Matériaux, Construction Afrique, Le Nouvel Economiste, et surtout Le moniteur des travaux publics et du bâtiment et L’Usine Nouvelle.

Je demande à la vendeuse, en lui disant que je terminais ma maitrise de géographie, s’il n’y a pas de poste vacant dans l’édition ou le journalisme. Ça tombe bien, elle me dit qu’elle va prochainement occuper le poste d’attaché de presse et je comprends qu’elle était à ce poste juste provisoirement mais qu’elle avait déjà eu des expériences professionnelles dans le domaine des RP (relations publiques). Le groupe, pour elle, est une véritable opportunité pour évoluer dans sa carrière, ce qui sera exactement la même chose pour moi. A l’époque, cela fonctionnait comme cela. Sans hésitation, elle me file le numéro d’un contact. Je lui dit être intéressée par le poste de vendeuse qui va devenir vacant, avec comme arrière idée de trouver une opportunité dans le journalisme au sein du groupe. Je suivais des cours du soir au CPJ (Centre de formation des journalistes, ndlr) où j’apprenais le secrétariat de rédaction.

Après cela, j'ai travaillé dans un premier magazine, Carrières et Matériaux, où j’ai vraiment appris le métier. C’était en 1981, j’avais 26 ans ! C’est un domaine très masculin et surtout très technique. (…) Je me rendais même à l’imprimeur à une époque où il y avait encore de nombreux ouvriers du livre. J’ai appris le métier dans ce groupe. Avec des sujets du type comment transformer une carrière en base de loisirs, etc. Le magazine va disparaître et on va me mettre sur Construction Afrique, revue destinée à des investisseurs sur le continent africain. Du coup, le volet économique m’a souvent amené à fréquenter la documentation du Nouvel Economiste qui se trouvait à côté de la librairie. Le mari d’une des employées travaillait à cette époque à RFI, qui recherchait une secrétaire de rédaction pour son édition écrite. Car figurez-vous, RFI avait un service nommé MFI (Média France Intercontinent), une agence de presse propre à la radio.

Tu entres donc à la radio par la partie écrite ?

Geneviève Delrue : Exactement ! En tant que secrétaire de rédaction (en 1985, ndlr). Et pour tout te dire, après du recul aujourd’hui, MFI était l’ancêtre de l’Internet. Nous envoyons par le service postal des paquets d’articles clés en mains pour des journaux africains comme Le Soleil (quotidien sénégalais, ndlr).

On imagine que le service était payant ?

Geneviève Delrue : Oh non ! C’était gratuit. Il se faisait au titre de la coopération. Les articles étaient très souvent culturels ou de fond qui pouvaient avoir une vie longue. Il faut bien imaginer qu’à l’époque, il n’y avait pas Internet. Par conséquent, la documentation dans les pays africains n’était pas suffisamment disponible, surtout pour les titres aux maigres ressources.

La coopération, ce fut toute une époque !

Geneviève Delrue : Tout à fait. C’était un mot où nous n’en avions pas honte. Aujourd’hui, le dire, c’est suspect car il renvoie à la Françafrique.

Je suis restée deux ans (à MFI) où j’ai beaucoup appris. Car c’est une ouverture au monde, sans parler de l’ouverture à la politique tout de même ! Cette agence traitait aussi la culture, le sport, elle est le reflet de ce qui se passait en France. Mais je suis une journaliste qui en a eu assez de l’écrit pour passer à la radio, donc à RFI. Un peu inquiète mais je me suis dit pourquoi pas.

Cela semble inimaginable aujourd’hui !

Geneviève Delrue : Totalement inimaginable ! Comment peut-on aujourd’hui imaginer mettre du jour au lendemain un journaliste n’ayant jamais fait de radio sur des flashs ? Alors que je n’avais jamais réellement travaillé que sur des dépêches. (...) A l’époque, tu avais des téléscripteurs qui en crachaient toute la journée. On avait des petites cloches quand c'était très important ! (...) Avec des couleurs en fonction des thématiques : international, politique, sport, culture... Et c’était découpé sur les bords. Par qui à l’époque ? Et bien par Nikos Aliagas.

Et alors les premiers flashs ?

Geneviève Delrue : C’est atroce ! Non mais franchement, c’est horrible quand la lumière rouge s’allume et que tu te dis que tu parles à des millions de téléspectateurs… tu es en sueur presque. Tu n’as pas encore l’adrénaline positive dans tes premiers flashs, tu as encore le stress négatif. (...) J’ai fait cela pendant un an. Je ne peux pas dire que j’excelle dans ce format, je n’aimais pas ça du tout. (…) J'ai décidé de changer de service et je suis alors passée au service France avec des reportages un peu partout sur l’Hexagone. Mais franchement, j’étais habitée par un sentiment d’insatisfaction d'avoir à bouger tout le temps sans pouvoir approfondir les sujets. Surtout à la trentaine quand tu commences à avoir besoin de profondeur et de stabilité alors que tu viens d'avoir un enfant. C’est là que se présente une opportunité. La personne qui s’occupait du secrétariat de rédaction et de la rubrique Religions, qui durait à peine 5 minutes et qui était sur une ligne à l’époque très christiano-centré, était sur le départ. Je décide de me positionner.

Une rubrique sur les religions, ce n’est pas anodin.

Geneviève Delrue : Si je reviens à mon enfance, j’ai évidemment reçu une culture du christianisme mais depuis toute petite déjà, cela allait au-delà des questions de dogme, de rites... cela n'a jamais était mon truc. Les questions métaphysiques m’ont toujours profondément intéressée. La question du sens m’a toujours habité. Je me souviens très bien de moi disant à un prêtre, j’avais à peine 10 ans : « Mais Jésus était communiste si je me fie à ce que vous dites. »

On m’a dit OK (pour passer à la rubrique Religions, ndlr) mais à condition que toutes les religions soient représentées. Cette condition n’a fait qu’accroître mon enthousiasme, même si l’émission ne durait que seulement 10 minutes.

Comment t’es venue alors le concept de ton émission ?

Geneviève Delrue : Figure-toi, très facilement ! Bossant à RFI, je ne me pose même pas la question de l’interaction des religions avec le fait politique, les religions et le fait international. Pour moi c’est une évidence ! C’est sous mes yeux ! Attention, je ne dis pas qu’il ne faille pas parler de spiritualité car on ne peut pas traiter uniquement les religions sous les angles de la politique et de la géopolitique. Car ce n’est pas que ça. Il y a derrière des hommes et des femmes qui croient. Il faut se poser les questions : Qu’est-ce qu’ils croient ? A quoi ils croient ? Pourquoi ils croient ? Comment ils croient ? Comment ils pratiquent ? Etc. Bien sûr que régulièrement, je vais introduire de la spiritualité à travers des interviews. Mais il n’empêche qu’au départ, le matériau est bien là : c’est la religion dans le monde.

Quel a été ton premier grand reportage ?

Geneviève Delrue : Tu fais bien d’en parler. Car ce fut un reportage très marquant pour moi. C’est le pape Jean-Paul II qui se rend dans les pays baltes. Nous sommes en 1993, le mur de Berlin était déjà tombé il y a quelques années, il y a eu la dislocation de l’URSS en décembre 1991. L’Ukraine, par exemple, avait pris son indépendance. Je me déplace donc sur place. En quelque sorte, ce reportage sera l’acte fondateur de cette émission.

Quel est le symbole ?

Geneviève Delrue : Ce sont des gens qui retrouvent la liberté. Des pays qui recouvraient leurs indépendances. Pour qui la religion a été un tremplin vers la liberté. C’est l’essence même de Religions du monde. Nous sommes à la croisée de la foi, de la culture, de la politique, de la géopolitique. Je vais aussi vivre un autre moment de forte intensité historique, c’est le voyage du pape, toujours Jean-Paul II, à Cuba en 1998.

As-tu d’autres évènements historiques en tête ?

Geneviève Delrue : Forcément, la grande bascule, c’est l’attentat contre les Twin Towers (en 2001) qui va mettre au-devant de la scène comme jamais l’islam, même si nous en parlions déjà progressivement avec l’affaire des foulards de Creil (en 1989) et la décennie noire de l’Algérie. Je me souviens aussi très bien de la première rencontre avec le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur, au lendemain des attentats dus au terrorisme qui sévissait en Algérie. Alors, on le nommait le recteur de Pasqua (alors ministre de l’Intérieur entre 1993 et 1995, ndlr). Mais c’était une époque très trouble où il devait tenir un rôle compliqué et surtout rassurer l’opinion publique française. Il a été en première ligne face au terrorisme.

Moi, je dis souvent que c’est l’islam qui a sauvé l’information religieuse. Cette affirmation n’est pas gratuite. Je l’ai dit très tôt, au moment de l’affaire dite des foulards. Franchement, avec la sécularisation et la déchristianisation en cours, au moment où je reprends cette petite émission en 1993, ça ne se bousculait pas au portillon. L’information religieuse pâtissait d’une image ringarde.

Il faut quand même souligner que RFI est diffusée sur des territoires de cultures musulmanes. Elle a compris que la religion devenait un sujet politique et géopolitique, ce qui n’était pas le cas avant. Il y avait en plus en France l’enracinement de l’islam qui questionnait la société. RFI a donc compris très vite les enjeux, comparé par exemple à France Inter, et ce grâce à notre ADN international.

Justement, quand un attentat survient, que fais-tu éditorialement ?

Geneviève Delrue : C’est toute la question justement ! Qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce que Geneviève ou Religions du monde en parle ou n’en parle pas ? Car le terrorisme, ce n’est pas la spiritualité mais le sujet d’autres problématiques, même si j’estime qu’il y a là encore des interactions évidentes. La démarche que j’ai suivie, ce n’est pas de ne pas en parler mais comment en parler. Il y a eu des personnes qui ont répondu présent et envers qui je suis absolument reconnaissante. Je pense bien évidemment à Malek Chebel. A Rachid Benzine aussi.

Et là va commencer pour moi quelque chose de très intéressant qui, je l’espère, va continuer encore très longtemps ; j’ai vu toute l’évolution du travail sur l’islam. Les hebdomadaires vont se saisir de la question comme Le Point, L’Express... Avec de la bonne volonté souvent et de la pédagogie contrairement à ce que l’on peut croire en apparence. (…) Il y a une énorme production qui va peu à peu se libérer. Il y a des questions que je n’aurais pas posées à des interlocuteurs il y a 20 ans mais que je me permets de poser aujourd’hui. La question du Coran crée ou incréé par exemple. Parce que j’accompagne des chercheurs qui vont poser des questions qui étaient autrefois iconoclastes, voire interdites. C’est tout cela que je trouve passionnant.

Assistes-tu à une libération de la parole ?

Geneviève Delrue : En quelque sorte, chacun se libère ! Le chercheur qui s’autorise à... Le journaliste qui, du coup, s’autorise à… Et cela sans blesser, sans choquer mais en étant dans une forme de quête de compréhension.

Je n’ai pas accès à l’arabe alors qu’il y a de nombreux penseurs musulmans qui produisent dans cette langue, notamment dans le Proche-Orient contemporain. Je me nourris donc beaucoup d’éditeurs qui en font des synthèses ou des traductions. Je vais m'appuyer sur des Mohammed Arkoun, des Abdelwahab Meddeb. Hélas, il faut le dire, il y a eu beaucoup de morts. Mais j’ai fait de belles découvertes comme l’ex-imam d’Ivry, Mohamed Bajrafil, ou bien des femmes comme Hela Ouardi qui, même si elles peuvent être mises en cause, sont des femmes qui bossent ! J’ai donc des heures de lectures derrière moi.

Ce travail herméneutique rappelle-t-il celui entrepris par les catholiques ?

Geneviève Delrue : Complètement ! Je sens cette démarche avec, bien sûr, un décalage important. Mais elle est en route. Il se passe quelque chose. Par exemple, le travail au Proche-Orient réalisé sur la Bible par les dominicains est extraordinaire. Leur école à Jérusalem (l'EBAF, ndlr) est passionnante.

La quête n’est-elle pas de trouver une signification de foi avec les connaissances scientifiques du jour ?

Geneviève Delrue : Mais absolument ! Et c’est cela que j’ai aimé avec ces chercheurs autour de l’islam. Ils ont fait exactement ce que les chercheurs ont fait dans le christianisme, c’est-à-dire l’analyse discursive et l’archéologie des textes sacrés. La démarche d’historicisation change tout.

Je comprends l’importance de ces travaux. Mais ce travail de déconstruction auxquels le croyant est confronté ouvre sur une phase de désenchantement, un véritable gouffre. Pour le croyant doté d’un véritable capital culturel peut aisément, selon son cheminement, renforcer sa foi. A condition bien entendu de ne pas être schizophrène. Mais qu’en est-il des millions de fidèles musulmans qui ont plutôt une foi dite du charbonnier ou du commerçant, réduite à une balance des mauvaises et bonnes actions ? Je pense à tous ces jeunes adolescents en quête de sens qui vont aller chercher des réponses souvent très archaïques chez cheikh Google.

Geneviève Delrue : C’est vrai, il y a quelque chose de très brutal dans cette entreprise. Il faut beaucoup de pédagogie. Par exemple, je n’ai jamais compris le vocable utilisé par les chercheurs « démarche critique ». Je ne comprends pas qu’ils ne saisissent pas l’impact négatif de ce monde. Je suis musulman, j’ai la foi du charbonnier, je vis en France ou bien à l’étranger ; « démarche critique » signifie « critiquer ma religion ». C’est une expression catastrophique. Il faut absolument bannir ce vocable. Même « déconstruction », c’est difficile mais elle ne peut aller qu’avec « reconstruction ». Un chrétien selon moi peut vivre sa foi sans adhérer aux miracles comme Pâques et la Résurrection ou Jésus qui marche sur les eaux ! Alors tu vois, je reviens à mes débuts en tant que journaliste dans le magazine Carrières et Matériaux : je casse du mythe avec Caterpillar (rires).

As-tu des regrets au cours de ta carrière de journaliste ? Et maintenant que tu as un peu plus de temps libre, qu’aimerais-tu faire ?

Geneviève Delrue : Mon regret, c’est que je n’ai pas fait le voyage du pape Jean-Paul II en Pologne. Ce sera vraiment le grand manque dans ma carrière. Un second regret aussi, c’est Jean-Paul II en Syrie (en 2001, ndlr). La béatification des moines de Tibhirine où je n’avais pas reçu le visa de l’Algérie (en 2018, ndlr). Il y avait là une méfiance totale des autorités algériennes de l’époque qui suspectaient des enquêtes journalistiques sur place alors que l’enjeu était une commémoration interreligieuse. C’est un loupé et aussi une très grande blessure.

J’ai tout plein de projets. Ce n’est peut-être qu’un rêve mais l’idée d’un café philo avec des musulmans me plairait énormément !