Vidéo – La Casa del Hikma : la oumma, une injonction à l'unité et à la solidarité exclusivement musulmanes ?

Par Hanan Ben Rhouma, le 02/05/2021

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La notion de « oumma » est génératrice de nombreux discours pré-pensés parmi les musulmans autour de l’unité et de la solidarité. Faut-il s’unir qu’entre musulmans pour régler les problèmes du monde ? C'est le thème du septième épisode de la saison 2 de la série « La Casa del Hikma ». Ciao les préjugés.

La « oumma » est aujourd’hui communément comprise comme la communauté des croyants, et plus précisément celle des musulmans. De cette définition bien trop réductrice, ce sont des discours pré-pensés pour de nombreux musulmans qu’il faut déconstruire.

Il est ainsi commun d'entendre que, pour résoudre les crises que traverse le monde actuel, « il suffit de s'unir entre musulmans » et, en conséquence, de se préoccuper avant tout, si ce n'est exclusivement, du sort des peuples musulmans. C’est oublier d'une part la diversité des opinions et des profils desdits musulmans – qui fait que « LA » communauté musulmane en tant qu’entité homogène n’existe pas en réalité – mais aussi, d'autre part, en faisant fi des points communs qui peuvent tout aussi unir ces mêmes musulmans avec des personnes issus d'autres communautés humaines. « Si Dieu l’avait voulu, Il aurait fait de vous une seule communauté, mais Il a voulu vous éprouver par le don qu’Il vous a fait. » (Coran, sourate 5, verset 48)

Assurément, la seule bannière de l’appartenance à l’islam ne suffit pas pour générer l’unité, les musulmans ayant diverses compréhensions de leur religion qui peut tout autant générer le meilleur comme, malheureusement, le pire, fait d’intolérance et de haine, y compris entre musulmans.

Le piège de l’entre-soi communautaire – pas que musulman – n’est pas sans danger. C'est ainsi que s’admettent et se répandent les discours essentialistes et nocifs du « nous » contre « les autres », chéri des extrémistes de tous bords pour construire la différence, l'altérité et, ce faisant, l'exclusion. Penser la « oumma » de sorte à se considérer comme des êtres à part entière y participe ; il incite aussi des esprits à se désinvestir de la société.

Pourtant, il est une chose essentielle à inculquer : c'est non pas autour de personnes, du fait de leur seule appartenance à l'islam, qu'il faut se coaliser mais d'abord et avant tout autour de valeurs universelles communes incitant au bien, à la paix et à la justice. C'est ainsi que l'on parvient à construire une société meilleure pour le bien de tous, par-delà les convictions religieuses et philosophiques.

Pour Omero Marongiu-Perria, « il ne faut pas tomber dans le piège d’un entre-soi qui serait totalement exclusif des autres possibilités que nous avons tous les jours, tout au long de l’année, de nous investir dans tous les champs de la vie sociale. Et c’est ça qui est le plus important, pour qu’on puisse vivre différents types de fraternité, à différents niveaux, toutes imbriquées les unes dans les autres, parce que nous avons des identités qui sont multiples ».


Après la fatwa avec Tareq Oubrou deux épisodes sur la psychologie, le blasphème et l'apostasie avec Mohamed Bajrafil, et le réformisme avec Steven Duarte, c'est sur la notion de la oumma que « La Casa del Hikma » revient avec le sociologue et spécialiste de l'islam français Omero Marongiu-Perria.

Un nouvel épisode qui intervient après la production d’une série de dix vidéos pédagogiques sur les thèmes de la charia, de la fatwa, du soufisme, de la foi face au doute, de l’universalisme, du califat ou encore la culture que vous pouvez (re)voir ici à l’occasion du Ramadan.


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