Roqya, les dérives de l'occultisme au cinéma

Par Lina Farelli, le 22/05/2024

PENDANT LE RAMADAN, SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !
Roqya nous plonge dans la vie d’une mère célibataire qui vit de contrebande d’animaux exotiques pour des guérisseurs de maladies occultes. Cherchant à mieux gagner sa vie, Nour se lance alors dans la création d’une application mettant en relation clients et marabouts. En apparence une vraie « baraka », le nom qu’elle a choisi pour son appli et qui signifie littéralement « bénédiction » en arabe, car l'affaire s'avère vite lucrative… jusqu’au jour où une consultation tourne mal. Après la mort violente d’un homme, Nour est accusée de sorcellerie par des habitants du quartier et voit sa vie et celle de son fils menacée.

Ce thriller, le premier long-métrage de Saïd Belktibia, aborde évidemment le sujet des guérisseurs, tous cultes confondus. Parmi ceux qui s'affichent musulmans, ils font de la roqya un business sans l’assumer en tant que tel. Car la roqya est, à la base, une méthode servant, selon les croyants, à conjurer le mauvais œil et à guérir de maux occultes comme la possession et l’ensorcellement à travers des lectures du Coran et des invocations ; mais cette pratique est depuis longtemps à la source de trop nombreuses dérives et arnaques. « Pour l’écriture du scénario, nous sommes partis d’une possible ubérisation de la sorcellerie, idée qui me trottait dans la tête depuis un moment. Un monde réel, caché, et donc intéressant à faire découvrir au spectateur », affirme le réalisateur, qui s’est entouré pour ce film de l’actrice Golshifteh Farahani (Nour) et du comédien Jérémy Ferrari (Dylan).

Le film aborde aussi le thème de la violence engendrée par les réseaux sociaux. Ces derniers « peuvent générer des monstres et engendrer des catastrophes », rappelle Saïd Belktibia qui, avec Roqya, entendait continuer à explorer cette thématique initiée dans son court-métrage Ghettotube (2015). « Pour moi, c’est un film de genre qui n’en est pas vraiment un ; je cherche à confronter le spectateur à ses propres doutes, ses propres croyances – est-ce que tout ça existe vraiment ? – et ne plus le lâcher jusqu’à la fin. » C'est un film palpitant qui s'offre actuellement à l'affiche des cinémas français. Les spectateurs sont invités à le découvrir en salles depuis le mercredi 15 mai.

Roqya, de Saïd Belktibia
Avec Golshifteh Farahani, Amine Zariouhi, Jérémy Ferrari, Denis Lavant, Issaka Sawadogo...
France, 1h36
Sortie en salles le 15 mai 2024

Lire aussi :
Le jeune imam : « Un hommage à ces personnages que nous croisons tous les jours mais qui n'existent pas au cinéma »
Kim Chapiron livre sur grand écran un jeune imam sous dopamine