A l'Institut du monde arabe, lumière sur le patrimoine palestinien de Gaza sauvé des destructions par l'exil

Par Lina Farelli, le 08/04/2025

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A l'Institut du monde arabe (IMA), le patrimoine archéologique palestinien de Gaza est mis à l'honneur à travers une exposition exceptionnelle ouverte au public jusqu'en novembre 2025. Une initiative salutaire à l'heure où l'enclave palestinienne est frappée de lourdes destructions par Israël.

Amphores, statuettes, stèles funéraires, lampes à huile, figurines, mosaïque... Voici quelques-unes des pièces uniques en provenance de Gaza et que l'Institut du monde arabe (IMA) met en lumière depuis le 2 avril. Ces œuvres appartenant à l’Autorité palestinienne se trouvaient depuis 2007 dans un entrepôt sécurisé du Musée d’art et d’histoire de Genève, devenu le musée-refuge d’une collection archéologique de quelque 500 pièces qui n’ont jamais pu retourner dans l'enclave palestinienne, eu égard à sa situation, très difficile, qui ne date pas d'octobre 2023 pour les Palestiniens.

Elles devaient rejoindre des milliers d'autres pièces qui se trouvaient encore à Gaza, mais aujourd'hui probablement toutes détruites ou volés, dans un musée palestinien qui n'a jamais pu voir le jour après le blocus décrété par Israël à l'arrivée au pouvoir du Hamas en 2007. Les opérations militaires meurtrières menées par la puissance occupante ont également participé à remiser le projet au placard.

L'exposition « Trésors sauvés de Gaza - 5000 ans d'histoire », réalisée en collaboration avec l'association Œuvre d’Orient, donne à voir un aperçu de l'exceptionnelle collection du MAH - 130 chefs-d'œuvre - avec des pièces de grande valeur, parfois inestimables, datant de l’âge du bronze à l’époque ottomane, « que les aléas de l'histoire ont sauvées du désastre et qui révèlent la densité de son histoire, trésor inestimable dont cette exposition dit toute la complexité ».

« Gaza mérite que l’on raconte son Histoire »

L'initiative, qui court jusqu'au au 2 novembre 2025, est d'autant plus importante que la guerre menée par Israël contre la bande de Gaza depuis octobre 2023 a provoqué, au-delà du terrible bilan humain, d'incommensurables destructions sur le patrimoine palestinien.

Selon l'Unesco, et sur la base d'images satellitaires, des dommages d'ampleur sans précédent ont été observés sur 69 sites culturels gazaouis : 10 sites religieux dont la grande mosquée Al-Omari et l’église grecque orthodoxe de Saint-Porphyre, 43 bâtiments d’intérêt historique et/ou artistique, sept sites archéologiques, six monuments, deux dépôts de biens culturels mobiliers et un musée.

Un espace de l'exposition est dédié à la cartographie des bombardements, menée par différents groupes de recherches et accompagnée par un recensement des dernières découvertes archéologiques à Gaza, et par des photographies inédites de la ville du début du XXe siècle issues de la collection de l’École biblique et archéologique française de Jérusalem.

« Plus que jamais aujourd’hui, en particulier depuis le 7 octobre et les destructions ultérieures, Gaza mérite que l’on raconte son Histoire, fait valoir Jack Lang, président de l'IMA. Parce que les pièces archéologiques qui sont présentées dans cette exposition inédite ont été sauvées de la destruction par l’exil. Parce que la guerre qui fait rage abîme, parfois efface des pans entiers de l’identité de cette terre jadis florissante et véritable carrefour des civilisations entre l’Asie, l’Arabie, l’Afrique et la Méditerranée. »

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