Un médecin pour la paix, le parcours singulier d'un Gazaoui qui refuse de voir la haine triompher

Par Hanan Ben Rhouma, le 23/04/2025

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A l'heure où la bande de Gaza est plongée dans une catastrophe humanitaire sans précédent depuis octobre 2023, le documentaire engagé « Un médecin pour la paix » met en lumière le vécu - jonché de difficultés - d'un Palestinien qui a soif de paix et de justice.

Un médecin pour la paix retrace le parcours singulier d'Izzeldin Abuelaish, le premier médecin palestinien de Gaza à travailler dans un hôpital israélien, et qui voit sa vie bouleverser après le bombardement de sa maison en janvier 2009. L'attaque israélienne, dans le cadre de l'opération « Plomb durci », a coûté la vie de trois de ses trois filles et d'une nièce. La diffusion, en direct depuis le plateau d'une télévision israélienne, de l'appel du père éploré à un ami journaliste avait alors fait le tour de la planète... Malgré cette tragédie, il fait son possible pour ne pas voir sa douleur se muer en haine, convaincu que « l'avenir des Palestiniens et des Israéliens est profondément lié ».

« Ils nous imaginaient pétris de haine. Mais la haine est destructrice. C'est une maladie contagieuse, un virus », confie le médecin, auteur du livre Je ne haïrai point qui a inspiré la cinéaste Tal Barda. Elle dresse le portrait d'un homme qui a la main sur le cœur, pétri de valeurs humanistes. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si l'homme, surnommé le Nelson Mandela du Moyen-Orient, a été pressenti à plusieurs reprises pour le prix Nobel de la paix.

Un regard lucide sur la situation

Dans son rêve de voir les peuples israélien et palestinien vivre ensemble, Izzeldin Abuelaish ne minimise pas les violences de l'occupation que vivent les Palestiniens au quotidien, loin de là ; il les dénoncent avec vigueur. « Dans la bande de Gaza, la situation aurait dû s'améliorer avec le temps. Mais pour les Palestiniens, c'est de pire en pire. Rien ne change, jour après jour. (...) Ils sont en vie, ils respirent mais ils sont comme morts. Ils en veulent à la communauté internationale, pourtant témoin », l'entend-t-on dire déjà en 2021. Bien avant donc les attaques du 7-Octobre qui plongeront les Gazaouis dans un énième cycle de violences de la part d'Israël. Des agressions répétées qui ont tué, depuis le blocus imposé par la puissance occupante en 2007, des dizaines de milliers de personnes dont les enfants d'Izzeldin Abuelaish en 2009. Année à laquelle il décide de partir avec ce qu'il reste de ses enfants au Canada.

C'est à Toronto que Tal Barda choisit de débuter le documentaire. C'est aussi depuis l'Ontario que l'obstétricien, aujourd'hui naturalisé canadien, a mené un combat judiciaire contre l'Etat d'Israël afin que ce dernier reconnaisse son crime envers ses filles et livre des excuses publiques. Conscient que la paix ne peut s'instaurer sans justice. En vain. Mais Izzeldin Abuelaish est un exemple de résilience. A travers Un médecin pour la paix, cet enfant de la Nakba, qui a grandi sous le statut de réfugié dans le camp de Jabalia, livre un témoignage bouleversant. D'autant plus que la famille Abuelaish paye un lourd tribut à la guerre en cours à Gaza. Mais sa détermination à travailler pour une paix juste et durable dans la région force le respect.

« Rien n’est impossible. La seule chose qui est impossible, c’est de ramener mes filles. Il n’y a rien d’autre qu’on ne puisse atteindre, a signifié ici auprès d'Amnesty International Izzeldin Abuelaish, aujourd'hui âgé de 70 ans. Nous devons continuer d’espérer, nous devons continuer de nous battre pour rendre ce monde meilleur, nous devons passer de la parole aux actes. Car c’est notre rôle et notre responsabilité. »