Festival du film franco-arabe : une 14e édition aux couleurs de la Tunisie, la Palestine en bonne place

Par Lina Farelli, le 17/10/2025

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En avant pour la 14e édition du Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec (FFFA). Zoom sur ce rendez-vous culturel annuel en Seine-Saint-Denis prévue au mois de novembre.

Après une 13e édition centrée sur Gaza et le cinéma palestinien, c'est l'art cinématographique tunisien qui est cette année à l’honneur du Festival du film franco-arabe de Noisy-le-Sec (FFFA). La 14e édition est annoncée du 7 au 16 novembre prochain au cinéma romainvillois Le Trianon, dans les établissements culturels de Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, et à l’Institut des cultures d’islam (ICI), à Paris.

La cinéma tunisien, de l’exil à la révolution et à la diaspora

« En 2024, la Tunisie a enregistré un nombre record de films produits, avec une trentaine de longs métrages de fiction, autant de documentaires et une centaine de courts ! Ce dynamisme est porté par une nouvelle génération de cinéastes audacieux et en prise avec les enjeux de leur temps. Récompensé dans les plus grands festivals internationaux, le cinéma tunisien, engagé et inventif, séduit un public de plus en plus large et contribue au rayonnement de la Tunisie, pays au croisement de la mémoire révolutionnaire, de l’élan artistique et des tensions politiques actuelles », expliquent les organisateurs.

Le focus s’élargira également à la Palestine, au Soudan, à la Syrie post-Assad, aux luttes anticoloniales, aux diasporas et aux imaginaires égyptiens, avec des films inédits, des avant-premières, des films rares et des projections jeunes publics, courts et longs de fiction et documentaire, en présence d’invités, cinéastes, professionnels du cinéma et personnalités originaires des pays arabes ou liés, dans leur parcours ou leurs préoccupations, à cette région du monde.

La question palestinienne, aussi bien à Gaza qu'en Cisjordanie, est particulièrement bien présente dans la programmation avec le film oscarisé No other land, signé des cinéastes Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor. Seront aussi diffusés Put your soul on your hand and walk de Sepideh Farsi, né de sa rencontre avec Fatem Hassona dont la mort dans un bombardement avait ému le monde., ou encore Letters, une œuvre collective de 18 cinéastes libanais, née en réponse à la guerre de Gaza en octobre 2023. Chacun a écrit une lettre exprimant ses émotions, puis l'a transformée en court métrage, un projet qui explore « la
solidarité, la douleur et l’espoir à travers des récits personnels »
.

En amont du festival, une soirée de présentation est prévue, vendredi 24 octobre, au cinéma Le Trianon, au cours de laquelle le film Promis le ciel sera projeté en avant-première. La diffusion sera suivie d'une rencontre avec la réalisatrice et productrice franco-tunisienne Erige Sehiri et l’actrice Aïssa Maïga. Cette dernière incarne dans le film Marie, une pasteure ivoirienne vivant à Tunis. Elle héberge une étudiante et une jeune mère en exil qui voient toutes trois leur cohabitation basculer lorsqu'elles accueillent Kenza, 4 ans, rescapée d'un naufrage. Le film s'attaque au sort des migrants, qui s'est considérablement dégradé en Tunisie après l'arrivée au pouvoir de Kais Saied.

Pour la marraine de la 14e édition, la documentariste Hind Meddeb, « c'est dans des événements comme celui-ci (le FFFA) que se tissent des liens pour l'avenir, que circule une parole encore trop rare. La seule chose qu'il nous reste quand partout la guerre et l'autoritarisme prolifèrent, c'est l'art sous toutes ses formes. »

Le FFFA offrira d'ailleurs une nouvelle occasion de voir deux de ses documentaires. Tunisia Clash (2015) suit la lutte de plusieurs rappeurs tunisiens contre les violences policières, la corruption et pour la justice sociale après la chute du régime de Ben Ali. La parole est donnée à une jeunesse révoltée, inquiète face à un nouveau pouvoir qui exerce sur eux harcèlement, arrestations et procès. Soudan, souviens-toi (2024) suit, quant à lui, le parcours de jeunes activistes soudanais entre 2019 et 2023, capturant leur lutte pour la démocratie face à la répression militaire. À travers poésie, chants et art, le film témoigne de leur espoir et de leur engagement pour un Soudan libre.

« Pensé, depuis sa création, comme un pont entre les rives de la Méditerranée », le FFFA fait place « à la complexité, à la nuance, à la diversité des imaginaires et des luttes » face aux simplifications médiatiques et à la montée des idéologies réactionnaires, et s’affirme, encore et toujours, comme « un espace d’engagement culturel et politique, où le cinéma est à la fois outil de mémoire et geste artistique de résistance ».

L'intégralité du programme du FFFA 2025 ici