Reçu à Saphirnews
L'avis de Saphirnews
« Dans ce livre, il ne sera question que d’immigration », prévient Eric Savarese dans son introduction à 10 questions sur l’immigration en France. Ici, pas de place aux fantasmes véhiculés par des politiciens en mal de victoire électorale facile à coups de slogans comme « l’immigration, c’est le problème ». Au cour de la campagne présidentielle de 2022, cette phrase a été plusieurs fois proférée et pourtant, la situation est paradoxale. « Avec l’arrêt de l’immigration à la suite du premier choc pétrolier de 1973, la question aurait pu devenir un objet d’histoire. Or, elle a bien investi l’agenda électoral au début des années 1980, sans jamais le quitter depuis », résume l'auteur, professeur de science politique à Montpellier.
En 1973, le gouvernement décide de fermer les frontières, sur la base des analyses d’André Postel-Vinay, le directeur général de la population et des migrations au ministère du Travail. Trois raisons sont invoquées alors : le chômage s’installe durablement ; la population des pays du Sud augmente plus vite que les richesses, ce qui va augmenter le nombre de demandes d’immigration ; la situation des immigrés en France est préoccupante car quelque 650 000 d’entre eux vivent dans des conditions indignes (foyers, bidonvilles).
« Avec l’arrêt de l’octroi de titres de séjour accordés à des travailleurs immigrés, la question n’est plus l’immigration, mais la situation de ceux qui sont durablement installés en France ». Pourtant, « l’immigration est perçue comme un problème », fait semblant de s’étonner Eric Savarese. En 1975, la France compte 3 887 000 immigrés, soit 7,4 % de la population constituée essentiellement d'hommes venus travailler sur les chantiers ou dans les usines. « Aujourd’hui, il y a 6 964 000 immigrés en France, soit 10,3 % de la population. »
Et d’expliquer qu’il s’agit des effets du regroupement familial (73 899 entrées en 2019), de l’accueil d’étudiants (30 357) ou de l’accueil de nouveaux travailleurs (28 754). Il n’y a donc pas de « grand remplacement », mais un état de fait. Perçus comme une main d’œuvre provisoirement installée en France et pensant eux-mêmes « retourner au pays » pour finir leurs vieux jours, les populations du Maghreb et d’Afrique subsaharienne venues travailler dans l’Hexagone sont restées et ont eu des enfants, aujourd'hui citoyens français.
En 1973, le gouvernement décide de fermer les frontières, sur la base des analyses d’André Postel-Vinay, le directeur général de la population et des migrations au ministère du Travail. Trois raisons sont invoquées alors : le chômage s’installe durablement ; la population des pays du Sud augmente plus vite que les richesses, ce qui va augmenter le nombre de demandes d’immigration ; la situation des immigrés en France est préoccupante car quelque 650 000 d’entre eux vivent dans des conditions indignes (foyers, bidonvilles).
« Avec l’arrêt de l’octroi de titres de séjour accordés à des travailleurs immigrés, la question n’est plus l’immigration, mais la situation de ceux qui sont durablement installés en France ». Pourtant, « l’immigration est perçue comme un problème », fait semblant de s’étonner Eric Savarese. En 1975, la France compte 3 887 000 immigrés, soit 7,4 % de la population constituée essentiellement d'hommes venus travailler sur les chantiers ou dans les usines. « Aujourd’hui, il y a 6 964 000 immigrés en France, soit 10,3 % de la population. »
Et d’expliquer qu’il s’agit des effets du regroupement familial (73 899 entrées en 2019), de l’accueil d’étudiants (30 357) ou de l’accueil de nouveaux travailleurs (28 754). Il n’y a donc pas de « grand remplacement », mais un état de fait. Perçus comme une main d’œuvre provisoirement installée en France et pensant eux-mêmes « retourner au pays » pour finir leurs vieux jours, les populations du Maghreb et d’Afrique subsaharienne venues travailler dans l’Hexagone sont restées et ont eu des enfants, aujourd'hui citoyens français.
L'immigré identifié au Maghrébin puis au musulman
Cette installation « a généré de multiples doutes sur le modèle de citoyenneté, les capacités d’intégration, la République, la conception de la nation, le rapport à la religion musulmane, la laïcité, le code de la nationalité… Quel que soit le bien-fondé de ces craintes, un point n’est pas douteux : le début des années 1980 constitue l’étape clé d’un basculement décisif. C’est en effet à partir de ce moment que l’immigré est durablement identifié au Maghrébin, puis au musulman ; que l’idée selon laquelle il existerait un problème spécifique à "l’intégration" de ce groupe d’individus gagne du terrain », explique l’auteur. Tout son livre s’attachera à présenter les racines historiques, politiques et sociologiques de cette situation.
L’ouvrage s’organise autour d’une série de 10 questions qui apportent autant de réponses factuelles pour mieux comprendre le phénomène. De l’instauration du droit du sol en 1889 au rôle institutionnel de l’Union européenne et de l’Etat-Nation aujourd'hui. Des différentes politiques de l’immigration à la naturalisation et l’incorporation des étrangers à la nation. Des débats de société sur « l’intégration », « l’insertion » ou « l’assimilation » aux politiques publiques menées les décennies passées. De la « crise » souvent évoquée, « du modèle républicain de citoyenneté » au retour de la notion de « race » dans le débat public.
Dans le dernier chapitre, l’auteur propose quelques pistes de réflexion pour « sortir des pièges engendrés par les questions mal posées ». Un livre aussi riche en informations qu'utile pour sortir des polémiques politiciennes et échapper aux fausses évidences ressassées à chaque élection.
L’ouvrage s’organise autour d’une série de 10 questions qui apportent autant de réponses factuelles pour mieux comprendre le phénomène. De l’instauration du droit du sol en 1889 au rôle institutionnel de l’Union européenne et de l’Etat-Nation aujourd'hui. Des différentes politiques de l’immigration à la naturalisation et l’incorporation des étrangers à la nation. Des débats de société sur « l’intégration », « l’insertion » ou « l’assimilation » aux politiques publiques menées les décennies passées. De la « crise » souvent évoquée, « du modèle républicain de citoyenneté » au retour de la notion de « race » dans le débat public.
Dans le dernier chapitre, l’auteur propose quelques pistes de réflexion pour « sortir des pièges engendrés par les questions mal posées ». Un livre aussi riche en informations qu'utile pour sortir des polémiques politiciennes et échapper aux fausses évidences ressassées à chaque élection.
Présentation de l'éditeur
Au centre de la vie politique française, l’immigration fait l’objet de débats souvent houleux, ranimés au moindre fait divers mais aussi à chaque élection, et alimente de multiples polémiques. Comprendre cette situation au-delà des slogans racoleurs suppose de revenir à l’Histoire, aux chiffres et aux faits, et d’examiner l’évolution des politiques de l’immigration depuis plus d’un siècle et demi.
En 10 questions, ce livre permet de brosser le portrait d’une France où malgré une tradition d’asile et d’accueil, l’immigration est régulièrement perçue comme un problème. En considérant les controverses sur l’identité nationale, la citoyenneté républicaine, le racisme ou les statistiques ethniques, l’auteur fournit des pistes de réflexion permettant d’objectiver la situation pour nourrir efficacement le débat public, loin des mythes et des fantasmes.
En 10 questions, ce livre permet de brosser le portrait d’une France où malgré une tradition d’asile et d’accueil, l’immigration est régulièrement perçue comme un problème. En considérant les controverses sur l’identité nationale, la citoyenneté républicaine, le racisme ou les statistiques ethniques, l’auteur fournit des pistes de réflexion permettant d’objectiver la situation pour nourrir efficacement le débat public, loin des mythes et des fantasmes.
L'auteur
Eric Savarese est professeur de science politique à l’Université de Montpellier et chercheur au CEPEL (UMR 5112). Il est spécialiste de la citoyenneté, envisagée dans le contexte colonial comme dans celui de la rencontre postcoloniale.
Eric Savarese, 10 questions sur l’immigration en France. La réalité des politiques sur l'immigration. Editions Deboeck. janvier 2023. 136 pages, 15,90 €
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