Un adieu rendu à Idir, icône de la musique kabyle, à Paris

Par Lina Farelli, le 14/05/2020

PENDANT LE RAMADAN, SOUTENEZ UNE PRESSE INDÉPENDANTE PAR UN DON DÉFISCALISÉ !

Le chanteur algérien et icône de la chanson kabyle Idir a été inhumé mercredi 13 mai, à Paris, selon ses dernières volontés.

Crise sanitaire du Covid-19 oblige, c’est dans la plus stricte intimité familiale qu’Idir a été inhumé, mercredi 13 mai, au cimetière du Père Lachaise, à Paris, selon les rites funéraires islamiques accomplis par la Grande Mosquée de Paris. Le chanteur-compositeur algérien, légende de la chanson kabyle, est décédé le 2 mai des suites d’une maladie pulmonaire à l’âge de 70 ans. Des hommages en cascade ont été rendus dès l’annonce de sa mort, dans son Algérie natale mais aussi à travers le monde.

Idir « était l’un des principaux ambassadeurs des cultures kabyle et berbère », avait fait savoir l’Unesco. « Avec sa disparition, l'Algérie perd un de ses monuments », a indiqué le président algérien Abdelmadjid Tebboune. « Une voix unique s’est éteinte. Idir chantait ses racines kabyles avec la mélancolie d’un exilé et la fraternité des peuples avec les espoirs d’un humaniste. La poésie de ses chansons continuera longtemps de résonner d’une rive à l’autre de la Méditerranée », avait réagi sur Twitter Emmanuel Macron. De nombreux artistes, sportifs, personnalités de la civile civile n'ont pas non plus manqué de dire leur admiration envers le chanteur.

Né en 1949 à Aït Lahcène, près de Tizi Ouzou, Idir, de son vrai nom Hamid Cheriet, s’est fait connaître dans les années 1970 grâce à A Vava Inouva (Mon père à moi), un tube interprété en kabyle devenu planétaire repris en une quinzaine de langues étrangères.

Idir disparaît de la scène dans les années 1980 avant de revenir dans la décennie 1990 avec l'album Identités (1999) qui réunit plusieurs artistes. S'en suivra La France des couleurs (2007), sortie en pleine campagne présidentielle française lorsque les débats autour de l'identité nationale faisaient polémiques, puis Ici et ailleurs (2017), là encore avec la collaboration de nombreux artistes.

Les hommages à l'endroit de l'artiste, qui vivait en région parisienne, sont unanimes. A la décision d’enterrer le corps en France plutôt qu’en Algérie, des critiques envers la famille de l’artiste ont néanmoins émergé, obligeant la famille à sortir de son silence pour dévoiler les dernières volontés d’Idir.

« Bien que son souhait de toujours fût d’être enterré dans son village natal, il a au cours du temps, exprimé auprès de ceux, auxquels incombe l’accomplissement douloureux de ses obsèques, la volonté de se faire inhumer en France, auprès de ses enfants », a-t-elle fait savoir dans un communiqué. « Ce vœu formulé, en pleine conscience, a été réitéré, à différents membres de la famille, ayant la légitimité de le faire exaucer. (...) Nous l’aimons profondément et ne pouvons, pour certains bien malgré nous, qu’accepter sa décision, qui le connaissant a été bien méditée. »

« Pleuré par nous tous, le chantre algérien des cultures populaires Idir a fait son dernier voyage... Intimité familiale et tradition musulmane pour le défunt, toilette rituelle et salat janaza par l'Imam de la Mosquée de Paris », a indiqué l'institution religieuse. « À Allah nous appartenons et à Lui nous retournons. »