Coupe du monde féminine de football : illusions d’optiques sexistes

Par Samuel Grzybowski, le 19/06/2019

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La Coupe du monde féminine de football bat son plein, et comme prévu, cette compétition, bien au-delà du seul enjeu sportif, devient le miroir de l’égalité dans nos sociétés !

Dans le cas où vous n’auriez pas pu suivre ces deux premières semaines de compétition, la France, comme espéré, termine première de sa phase de poule et commencera dimanche 23 juin les matchs à éliminations directes, d'abord aux huitièmes, puis aux quarts, aux demies et enfin, peut-être, la finale.

L’accession aux huitièmes de finales, comme dans toutes les Coupes du monde, commence une ultime période de matchs qu’il faut impérativement gagner car aucun match ne peut se solder par un nul. On appelle ça les matchs couperets. Si l’on sait que les Bleues joueront dimanche 23 juin, on ne sait pas encore contre qui. En revanche, si elles passent ce tour, elles devraient rencontrer la meilleure sélection du monde, les Américaines, en quart de finale vendredi 28 juin. Une affiche qui promet d’être magnifique !

A talent égal, une reconnaissance égale entre hommes et femmes !

Pour les amateurs et amatrices, il faut saluer le quotidien L’Équipe qui joue pleinement son rôle en publiant chaque jour les conclusions et observations de ce championnat pourtant décrié. Et c’est de ce dédain dont j’aimerais parler à présent. TF1 a diffusé, mardi 18 juin, un sujet pour le JT de 13h dont le sexisme n’avait d’égal que le ridicule, en évoquant les doigts délicats des joueuses faisant rêver à certains d’être un ballon pour être pris entre de bonnes mains douces et féminines. Ici encore, les femmes sont résumées à leurs corps.

Quelques jours plus tôt, des commentateurs se plaignaient que les matchs soient trop lents et moins intéressant d’un point de vu sportif ! Justement, je me suis rendu sur le site de la FIFA où j’ai consulté un rapport public sur les statistiques sportives et athlétiques des joueurs et joueuses professionnels de foot dans le monde entier.

On y découvre que les femmes courent aussi longtemps que les hommes, qu’elles font moins de fautes, jouent plus tactiquement en respectant davantage les règles. On y confirme aussi que les hommes courent plus vite et tapent plus fort. Mais, attention, on n’imagine pas à quel point se joue cette différence. En pointe, les hommes courent à 12,5 km/h parcourant 500 mètres à cette vitesse pendant un match. Les femmes elles courent à 11,4 km/h parcourant 300 mètres à cette vitesse sur un seul match. Qui peut prétendre voir la différence entre ces deux réalités à l’œil nu ? Oui les physiques ne sont pas les mêmes mais le spectacle est identique, au moins comparable !

En conclusion, pour illustrer cette différence de traitement et d’engouement, j’étais ce week-end à Lyon où je jouais au foot avec des copains. Par hasard, nous sommes tombés sur Ada Hegerberg, la meilleure joueuse du monde, actuelle Ballon d’or et cinq fois de suite championne de France avec l’Olympique Lyonnais, en train de s’entraîner. Sa présence n’a pas suscité un centième de l’émotion qu’aurait suscité ses homologues masculins comme Lionel Messi ou Cristiano Rolando. Alors, ce matin, je rêve d’un monde où, à talent égal, hommes et femmes sauront être reconnus pour leur art et leur talent !

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