La deuxième partie du témoignage sur la longue année de souffrances ici
Au-delà de mes témoignages, j’essaie d’être au service des jeunes et des enfants. Je travaille au quotidien avec eux, j’essaie de les rassurer, de leur remonter le moral, eux qui sont souvent traumatisés de cette situation effrayante. J’organise pour eux des actions et des activités, et j’essaie de les intégrer dans des actions variées pour qu’ils soient actifs dans la société et qu’ils se sentent utiles.
Nous discutons, nous échangeons avec les jeunes, les diplômés et les étudiants sur place dans la ville de Gaza ou via Internet avec les jeunes partis au sud. Les jeunes francophones demandent mon avis quand ils veulent publier un article ou un post sur les réseaux sociaux.
Malgré nos souffrances au quotidien pendant ce carnage, nous avons beaucoup apprécié les manifestations de solidarité avec la population civile de Gaza partout dans le monde, et en particulier le soulèvement dans les universités. La mobilisation dans les campus universitaires américains en premier lieu était pour nous, Palestiniens de Gaza sous les bombes effrayés et horrifiés, une surprise et un soulagement en même temps. Une surprise, car on attendait des manifestations dans les universités arabes et européennes car, depuis la guerre au Vietnam en 1974, on ne souvient pas de mobilisations dans les universités américaines pour une cause ou une lutte dans le monde. Un soulagement aussi puisqu’on a senti que notre combat est légitime et que les étudiants américains ont compris que les Palestiniens sont en train de subir un génocide et qu’ils sont les victimes d’un régime d’apartheid.
Au-delà de mes témoignages, j’essaie d’être au service des jeunes et des enfants. Je travaille au quotidien avec eux, j’essaie de les rassurer, de leur remonter le moral, eux qui sont souvent traumatisés de cette situation effrayante. J’organise pour eux des actions et des activités, et j’essaie de les intégrer dans des actions variées pour qu’ils soient actifs dans la société et qu’ils se sentent utiles.
Nous discutons, nous échangeons avec les jeunes, les diplômés et les étudiants sur place dans la ville de Gaza ou via Internet avec les jeunes partis au sud. Les jeunes francophones demandent mon avis quand ils veulent publier un article ou un post sur les réseaux sociaux.
Malgré nos souffrances au quotidien pendant ce carnage, nous avons beaucoup apprécié les manifestations de solidarité avec la population civile de Gaza partout dans le monde, et en particulier le soulèvement dans les universités. La mobilisation dans les campus universitaires américains en premier lieu était pour nous, Palestiniens de Gaza sous les bombes effrayés et horrifiés, une surprise et un soulagement en même temps. Une surprise, car on attendait des manifestations dans les universités arabes et européennes car, depuis la guerre au Vietnam en 1974, on ne souvient pas de mobilisations dans les universités américaines pour une cause ou une lutte dans le monde. Un soulagement aussi puisqu’on a senti que notre combat est légitime et que les étudiants américains ont compris que les Palestiniens sont en train de subir un génocide et qu’ils sont les victimes d’un régime d’apartheid.
Un message fort adressé aux jeunes de Gaza
La population de Gaza, en particulier les jeunes et les étudiants, ont beaucoup apprécié ces mobilisations d'autant plus qu'elles ont eu lieu dans de très nombreux campus américains à travers le pays, malgré la répression des forces de l’ordre et des directions de quelques universités.
En tant que professeur, j’ai été touché par la mobilisation continue de ces étudiants pendant des mois et des mois jusqu’à la fin de l’année universitaire, et par leur détermination pour réclamer justice pour Gaza. Surtout, c’était un message fort adressé aux jeunes de Gaza qu’ils ne seront pas abandonnés, qu’ils ne seront pas seuls et que, partout dans le monde, et en particulier aux Etats-Unis, le pays qui soutient l’occupation, il y a des jeunes qui se mobilisent pour réclamer l’arrêt des investissements américains dans les universités israéliennes, et que ces étudiants américains ont réussi dans plusieurs universités à mettre fin à des projets de coopération avec les universités de l’occupation.
Cette mobilisation a ensuite été suivie par des étudiants dans des universités françaises, britanniques, italiennes et espagnoles, dans d’autres universités asiatiques. La cause palestinienne est une cause de justice, et l’agression horrible contre les civils de Gaza doit prendre fin immédiatement.
Durant ces évènements tragiques, il y a eu quelques éléments d’espoir et de soulagement, notamment avec les décisions courageuses de la Cour internationale de justice en juin 2024, qui a qualifié l’occupation israélienne des Territoires palestiniens comme illégale. La volonté de la Cour pénale internationale (CPI) de juger les criminels israéliens pour les massacres commis dans la bande de Gaza a aussi été fortement salué par les Palestiniens.
J’ai appris ces décisions avec beaucoup de soulagement, mais pour nous Palestiniens, le plus important, c’est l’application de ces décisions sur le terrain. En tant que citoyens qui sommes sous le feu des bombes, nous attendons toujours une solution, une ouverture, un changement afin de mettre fin à notre souffrance qui dure depuis un an maintenant. Cependant, il faut que le monde bouge pour exiger l’application du droit international par une force d'occupation qui néglige tous les accords, les conventions et les décisions.
En tant que professeur, j’ai été touché par la mobilisation continue de ces étudiants pendant des mois et des mois jusqu’à la fin de l’année universitaire, et par leur détermination pour réclamer justice pour Gaza. Surtout, c’était un message fort adressé aux jeunes de Gaza qu’ils ne seront pas abandonnés, qu’ils ne seront pas seuls et que, partout dans le monde, et en particulier aux Etats-Unis, le pays qui soutient l’occupation, il y a des jeunes qui se mobilisent pour réclamer l’arrêt des investissements américains dans les universités israéliennes, et que ces étudiants américains ont réussi dans plusieurs universités à mettre fin à des projets de coopération avec les universités de l’occupation.
Cette mobilisation a ensuite été suivie par des étudiants dans des universités françaises, britanniques, italiennes et espagnoles, dans d’autres universités asiatiques. La cause palestinienne est une cause de justice, et l’agression horrible contre les civils de Gaza doit prendre fin immédiatement.
Durant ces évènements tragiques, il y a eu quelques éléments d’espoir et de soulagement, notamment avec les décisions courageuses de la Cour internationale de justice en juin 2024, qui a qualifié l’occupation israélienne des Territoires palestiniens comme illégale. La volonté de la Cour pénale internationale (CPI) de juger les criminels israéliens pour les massacres commis dans la bande de Gaza a aussi été fortement salué par les Palestiniens.
J’ai appris ces décisions avec beaucoup de soulagement, mais pour nous Palestiniens, le plus important, c’est l’application de ces décisions sur le terrain. En tant que citoyens qui sommes sous le feu des bombes, nous attendons toujours une solution, une ouverture, un changement afin de mettre fin à notre souffrance qui dure depuis un an maintenant. Cependant, il faut que le monde bouge pour exiger l’application du droit international par une force d'occupation qui néglige tous les accords, les conventions et les décisions.
L'espoir d'un changement
De 1947 à nos jours, des dizaines de décisions internationales sur la Palestine et le conflit israélo-palestinien sont restées sans application, et aucune sanction n’a été prise contre l’Etat israélien, qui jouit d’une impunité totale. Cela montre une fois de plus que la communauté internationale n’a pas le courage de défier l’occupation alors que le droit international est bafoué dans les Territoires palestiniens.
Malgré tout cela, nous espérons un changement, une application du droit sur le terrain et la fin de cette occupation en passant par la justice. La population civile de Gaza a affronté ces attaques sanglantes avec une volonté remarquable et une patience exemplaire malgré sa souffrance et le nombre des victimes qui augmente chaque jour.
Bien que la population palestinienne soit abandonnée à son sort, elle donne des leçons de courage au monde entier par sa résistance historique, par sa résilience exemplaire et par son attachement à sa terre en dépit de cette abominable situation.
Face à ce carnage, à ces agressions, à ce pilonnage, il règne chez les Palestiniens de Gaza de nombreux sentiments. Un sentiment de fierté déjà : ils tiennent le coup, continuent d’affronter cette réalité atroce et résistent face à la cinquième puissance militaire du monde grâce à leur ténacité.
Un sentiment d’inquiétude aussi, car personne ne sait ce qui l’attend, surtout avec cette armée aveugle qui tue et extermine les civils. Les habitants sont inquiets pour leurs enfants qui n’ont pas d’abri ni sous-sol, inquiet que cette offensive se poursuive sans que le monde ne bouge.
Un sentiment de colère contre la communauté internationale, complice des crimes israéliens, contre des pays qui se disent libres et démocrates mais qui apportent leur soutien public aux forces d’occupation israélienne dans leurs agressions sanglantes contre Gaza.
Un sentiment d’indignation face aux médias qui se disent objectifs, mais qui répètent la version de l’occupant, et face à des organisations dites de droits de l’Homme qui n’arrivent même pas à dénoncer ces crimes.
Un sentiment de soulagement de voir partout dans le monde des manifestations de solidarité, de voir des millions de personnes de bonne volonté qui descendent dans les rues des capitales et villes pour exprimer leur colère contre la barbarie israélienne et en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, qui se sentent moins seuls avec l’aide de ces actions populaires.
Un sentiment de confiance, car notre population est confiante, elle sait s’adapter à cette situation, elle supporte l’insupportable, elle garde espoir malgré cette réalité meurtrière, malgré ce génocide et ces crimes contre l’humanité.
Un an après, notre message est clair. Gaza est notre terre. Jamais nous ne partirons, en dépit de toutes les atrocités israéliennes contre la population civile. Gaza est de nouveau détruit, mais la vie continue malgré les pertes. Les familles gardent leur douleur au cœur en toute patience. Et même si la vie continue dans une situation très difficile, l’espoir de reconstruire Gaza existe et l’espoir d'une vie meilleure subsiste à jamais.
****
Ziad Medoukh est professeur et directeur du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza.
Lire aussi :
7-Octobre, un an après : les responsables des cultes en France lancent un appel à la paix à la fraternité
Un an après le 7-Octobre, le martyre de Gaza continue, les droits humains en berne
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Malgré tout cela, nous espérons un changement, une application du droit sur le terrain et la fin de cette occupation en passant par la justice. La population civile de Gaza a affronté ces attaques sanglantes avec une volonté remarquable et une patience exemplaire malgré sa souffrance et le nombre des victimes qui augmente chaque jour.
Bien que la population palestinienne soit abandonnée à son sort, elle donne des leçons de courage au monde entier par sa résistance historique, par sa résilience exemplaire et par son attachement à sa terre en dépit de cette abominable situation.
Face à ce carnage, à ces agressions, à ce pilonnage, il règne chez les Palestiniens de Gaza de nombreux sentiments. Un sentiment de fierté déjà : ils tiennent le coup, continuent d’affronter cette réalité atroce et résistent face à la cinquième puissance militaire du monde grâce à leur ténacité.
Un sentiment d’inquiétude aussi, car personne ne sait ce qui l’attend, surtout avec cette armée aveugle qui tue et extermine les civils. Les habitants sont inquiets pour leurs enfants qui n’ont pas d’abri ni sous-sol, inquiet que cette offensive se poursuive sans que le monde ne bouge.
Un sentiment de colère contre la communauté internationale, complice des crimes israéliens, contre des pays qui se disent libres et démocrates mais qui apportent leur soutien public aux forces d’occupation israélienne dans leurs agressions sanglantes contre Gaza.
Un sentiment d’indignation face aux médias qui se disent objectifs, mais qui répètent la version de l’occupant, et face à des organisations dites de droits de l’Homme qui n’arrivent même pas à dénoncer ces crimes.
Un sentiment de soulagement de voir partout dans le monde des manifestations de solidarité, de voir des millions de personnes de bonne volonté qui descendent dans les rues des capitales et villes pour exprimer leur colère contre la barbarie israélienne et en solidarité avec les Palestiniens de Gaza, qui se sentent moins seuls avec l’aide de ces actions populaires.
Un sentiment de confiance, car notre population est confiante, elle sait s’adapter à cette situation, elle supporte l’insupportable, elle garde espoir malgré cette réalité meurtrière, malgré ce génocide et ces crimes contre l’humanité.
Un an après, notre message est clair. Gaza est notre terre. Jamais nous ne partirons, en dépit de toutes les atrocités israéliennes contre la population civile. Gaza est de nouveau détruit, mais la vie continue malgré les pertes. Les familles gardent leur douleur au cœur en toute patience. Et même si la vie continue dans une situation très difficile, l’espoir de reconstruire Gaza existe et l’espoir d'une vie meilleure subsiste à jamais.
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Ziad Medoukh est professeur et directeur du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza.
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