Gaza : le « mépris flagrant des valeurs humaines fondamentales » par Israël doit cesser

Par Saphirnews, le 04/11/2024

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Quinze hauts responsables d’agences des Nations Unies et d'organisations partenaires ont publié, vendredi 1er novembre, une déclaration commune appelant Israël à mettre fin à son offensive militaire sur Gaza . Alors que la situation humanitaire est « apocalyptique » dans l’enclave palestinienne, et particulièrement dans le nord, et que « toute la région est au bord du précipice », les signataires réclament des pays membres des Nations unies qu’ils utilisent « leur influence pour garantir le respect du droit international ». Voici leur déclaration dans son intégralité en français sur Saphirnews.

Nous, dirigeants de 15 organisations humanitaires et des Nations Unies, exhortons, une fois de plus, toutes les parties qui combattent à Gaza à protéger les civils et appelons l’État d’Israël à cesser son assaut sur Gaza et sur les humanitaires qui tentent d’aider.

La situation en cours dans le nord de Gaza est apocalyptique. La zone est assiégée depuis près d’un mois, privée d’aide de base et de fournitures vitales tandis que les bombardements et autres attaques se poursuivent. Rien qu’au cours des derniers jours, des centaines de Palestiniens ont été tués, la plupart d’entre eux des femmes et des enfants, et des milliers ont été une fois de plus déplacés de force.

Les hôpitaux ont été presque entièrement coupés de l’approvisionnement et ont été attaqués, tuant des patients, détruisant des équipements vitaux et perturbant les services de secours. Des personnels de santé et des patients ont été placés en détention. Des combats auraient également eu lieu à l’intérieur d’hôpitaux.

Des dizaines d’écoles servant d’abris ont été bombardées ou évacuées de force. Des tentes abritant des familles déplacées ont été bombardées et des personnes ont été brûlées vives. Des équipes de secours ont été délibérément attaquées et empêchées dans leurs tentatives de sortir des personnes ensevelies sous les décombres de leurs maisons.

Les besoins des femmes et des filles sont considérables et augmentent chaque jour. Nous avons perdu le contact avec ceux que nous soutenons et ceux qui fournissent des services essentiels pour sauver des vies en matière de santé sexuelle et reproductive et de violence sexiste. Nous avons reçu des informations selon lesquelles des civils ont été pris pour cible alors qu’ils tentaient de se mettre en sécurité, et des hommes et des garçons ont été arrêtés et emmenés dans des lieux inconnus pour y être détenus.

Le bétail meurt également, les terres cultivées ont été détruites, les arbres ont été réduits en cendres et les infrastructures des systèmes agroalimentaires ont été décimées. L’ensemble de la population palestinienne du nord de Gaza est exposé au risque imminent de mourir de maladie, de famine et de violence.

Soyons très clairs : il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA

L’aide humanitaire ne peut pas répondre à l’ampleur des besoins en raison des contraintes d’accès. Les biens de première nécessité qui sauvent des vies ne sont pas disponibles. Les humanitaires ne peuvent pas faire leur travail en toute sécurité et sont empêchés par les forces israéliennes et l’insécurité d’atteindre les personnes dans le besoin.

Nouveau coup dur pour la réponse humanitaire, la campagne de vaccination contre la polio a été retardée en raison des combats, mettant en danger la vie des enfants de la région. Et cette semaine (fin octobre, ndlr), le Parlement israélien a adopté une loi interdisant l'UNRWA et révoquant ses privilèges et immunités.*

Si elle était mise en œuvre, de telles mesures seraient une catastrophe pour la réponse humanitaire à Gaza, diamétralement opposées à la Charte des Nations Unies, avec des conséquences potentiellement désastreuses sur les droits humains des millions de Palestiniens qui dépendent de l’aide de l’UNRWA, et en violation des obligations d’Israël en vertu du droit international. Soyons très clairs : il n’y a pas d’alternative à l’UNRWA.

Les États membres doivent utiliser leur influence pour garantir le respect du droit international

Le mépris flagrant des valeurs humaines fondamentales et des lois de la guerre doit cesser. Le droit international humanitaire, y compris les règles de distinction, de proportionnalité et de précaution, doit être respecté. Les obligations au titre du droit international humanitaire ne sont pas soumises à la réciprocité. Aucune violation par l’une des parties ne libère l’autre de ses obligations juridiques.

Les attaques contre les civils et ce qui reste d’infrastructures civiles à Gaza doivent cesser. L’aide humanitaire doit être facilitée et nous exhortons toutes les parties à assurer un accès sans entrave aux personnes touchées.

En outre, les marchandises commerciales doivent être autorisées à entrer à Gaza. Les blessés et les malades doivent recevoir les soins dont ils ont besoin. Le personnel médical et les hôpitaux doivent être épargnés. Les hôpitaux ne doivent pas se transformer en champs de bataille. Les Palestiniens détenus illégalement doivent être libérés.

Israël doit se conformer aux ordonnances et décisions provisoires de la Cour internationale de Justice. Le Hamas et les autres groupes armés palestiniens doivent libérer les otages immédiatement et sans condition et doivent respecter le droit international humanitaire.

Les États membres doivent utiliser leur influence pour garantir le respect du droit international. Cela comprend la suspension des transferts d’armes lorsqu’il existe un risque clair que ces armes soient utilisées en violation du droit international.

Toute la région est au bord du précipice. Une cessation immédiate des hostilités et un cessez-le-feu durable et inconditionnel sont attendus depuis longtemps.

*Note de la rédaction : Israël a officiellement informé l’ONU, lundi 4 novembre, de l’annulation de l’accord avec l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). Celle-ci, qui fournit une assistance essentielle aux Palestiniens, craint « l’effondrement total » du système d’aide dans la bande de Gaza. Plusieurs pays de l'Union européenne ont réprouvé la décision israélienne comme la France. Le Quai d'Orsay, qui a réaffirmé son soutien à l’UNRTWA, a estimé qu'une telle décision « aurait des conséquences très graves sur la situation humanitaire à Gaza, déjà catastrophique, mais également dans l’ensemble des territoires palestiniens occupés, privant des centaines de milliers de civils d’une aide essentielle en matière d’abris, de soins, d’éducation et d’alimentation ».

Les signataires de la déclaration

Joyce Msuya, coordonnatrice des secours d'urgence et Secrétaire générale adjointe aux affaires humanitaires par intérim (OCHA), Nimo Hassan, MBE, président du Conseil international des agences bénévoles (ICVA), Jamie Munn, directeur exécutif du Conseil international des agences bénévoles (ICVA), Amy E. Pope, directrice générale de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), Abby Maxman, présidente et directrice générale d'Oxfam, Paula Gaviria Betancur, rapporteure spéciale des Nations Unies sur les droits de l'homme des personnes déplacées à l'intérieur de leur propre pays, Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Anacláudia Rossbach, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), Filippo Grandi, Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), Natalia Kanem, directrice exécutive de l'Agence des Nations Unies pour la santé sexuelle et reproductive, UNFPA, Catherine Russell, directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Sima Bahous, secrétaire générale adjointe et Directrice exécutive d'ONU Femmes, Cindy McCain, directrice exécutive du Programme alimentaire mondial (PAM), Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)