Des dizaines de rassemblements ont été organisés à travers la France après le meurtre d’Aboubakar Cissé dans l’enceinte de la mosquée de La Grand-Combe (Gard). A Lyon, place Bellecour, des responsables musulmans ont manifesté, mardi 29 avril, en mémoire de la victime. Présent, Kamel Kabtane, recteur de la Grande Mosquée de Lyon, a dénoncé en cette occasion la banalisation des discours de haine envers les musulmans et a appelé les forces vives de la nation à « un réveil des consciences ».
Nous voici réunis dans la lumière brisée d’Aboubakar Cissé, assassiné pour un simple geste de piété. Cet homme pacifique, ce croyant silencieux, a rejoint le cortège des martyrs de l’islamophobie. C’est pourquoi, ce soir, nous venons crier. Crier notre douleur. Crier notre indignation. Crier que trop, c’est trop.
Aboubakar a été assassiné dans une mosquée. Un lieu de paix. Un lieu où l’on se recueille, où l’on prie Dieu. Pourquoi ? Parce qu’il était musulman. Parce que, dans notre pays, en 2025, être musulman fait de vous une cible que des politiques ont placées dans le dos de chaque musulman.
Depuis des mois, des années, un discours de haine se banalise. Des plateaux de télévision aux bancs de l’Assemblée, on se permet de parler des musulmans comme d’un problème, comme d’une menace. On caricature l’islam, on déshumanise ses fidèles. Et à force de cracher du poison, la violence suit. Alors oui, il faut le dire : ces mots tuent.
Aboubakar a été assassiné dans une mosquée. Un lieu de paix. Un lieu où l’on se recueille, où l’on prie Dieu. Pourquoi ? Parce qu’il était musulman. Parce que, dans notre pays, en 2025, être musulman fait de vous une cible que des politiques ont placées dans le dos de chaque musulman.
Depuis des mois, des années, un discours de haine se banalise. Des plateaux de télévision aux bancs de l’Assemblée, on se permet de parler des musulmans comme d’un problème, comme d’une menace. On caricature l’islam, on déshumanise ses fidèles. Et à force de cracher du poison, la violence suit. Alors oui, il faut le dire : ces mots tuent.
L’heure est venue de dire les choses avec franchise et responsabilité
Ces mots alimentent les esprits les plus fragiles, les plus haineux. Ces mots donnent le feu vert aux agressions, aux profanations, aux meurtres. Nous sommes inquiets. Très inquiets. Parce que chaque jour, nos mères voilées dans la rue sont insultées. Parce que nos enfants sont regardés comme des suspects dans la cour de l’école.
En agissant ainsi, ce n’est pas seulement la communauté musulmane qui est attaquée, mais la République elle-même, dans ce qu’elle a de plus précieux : l’égalité entre ses enfants, la fraternité entre ses citoyens, la liberté de croire ou de ne pas croire. Et face à cela, que voyons-nous ? Des responsables politiques qui jouent avec le feu, qui soufflent sur les braises, qui font carrière sur le dos des musulmans. Des éditorialistes qui font de la surenchère islamophobe leur fonds de commerce. Et une partie de la société qui s’habitue, qui détourne le regard.
Mais nous, nous n’allons pas détourner le regard. Nous n’allons pas baisser la tête. Nous n’allons pas nous excuser d’être ce que nous sommes. Nous sommes citoyens français. Nous avons bâti ce pays avec nos mains. Nous l’avons défendu avec notre sang. Et nous avons le droit de vivre ici, en paix et en dignité.
C’est pourquoi aujourd’hui nous disons aux politiques : changez de discours ou vous aurez du sang sur les mains, car vos mots engendrent des actes, vos petites phrases assassinent. Vous jouez avec des vies humaines.
Aujourd’hui, nous sommes en colère. Mais notre colère est une colère juste, une colère lucide, une colère tournée vers l’action. Devant l’ampleur des dégâts, il est urgent que les autorités de la République prennent la mesure de ce moment si particulier que nous traversons. Il faut répondre aux peurs qui se propagent, mais aussi à la colère et au sentiment d’injustice, d’abandon et de trahison que vivent des millions de citoyens de confession musulmane dans notre pays. On ne peut plus faire comme si l’on ne voyait pas. On ne peut plus faire comme si l’on ne savait pas. L’heure est venue de dire les choses avec franchise et responsabilité.
C’est pourquoi nous appelons tous les responsables politiques sincères, toutes les consciences citoyennes, toutes les forces vives de ce pays, à sortir de l’ambiguïté. Il ne suffit plus de condamner. Il faut reconstruire. Il faut soigner une société qui se fissure, qui se divise, qui se blesse elle-même.
En agissant ainsi, ce n’est pas seulement la communauté musulmane qui est attaquée, mais la République elle-même, dans ce qu’elle a de plus précieux : l’égalité entre ses enfants, la fraternité entre ses citoyens, la liberté de croire ou de ne pas croire. Et face à cela, que voyons-nous ? Des responsables politiques qui jouent avec le feu, qui soufflent sur les braises, qui font carrière sur le dos des musulmans. Des éditorialistes qui font de la surenchère islamophobe leur fonds de commerce. Et une partie de la société qui s’habitue, qui détourne le regard.
Mais nous, nous n’allons pas détourner le regard. Nous n’allons pas baisser la tête. Nous n’allons pas nous excuser d’être ce que nous sommes. Nous sommes citoyens français. Nous avons bâti ce pays avec nos mains. Nous l’avons défendu avec notre sang. Et nous avons le droit de vivre ici, en paix et en dignité.
C’est pourquoi aujourd’hui nous disons aux politiques : changez de discours ou vous aurez du sang sur les mains, car vos mots engendrent des actes, vos petites phrases assassinent. Vous jouez avec des vies humaines.
Aujourd’hui, nous sommes en colère. Mais notre colère est une colère juste, une colère lucide, une colère tournée vers l’action. Devant l’ampleur des dégâts, il est urgent que les autorités de la République prennent la mesure de ce moment si particulier que nous traversons. Il faut répondre aux peurs qui se propagent, mais aussi à la colère et au sentiment d’injustice, d’abandon et de trahison que vivent des millions de citoyens de confession musulmane dans notre pays. On ne peut plus faire comme si l’on ne voyait pas. On ne peut plus faire comme si l’on ne savait pas. L’heure est venue de dire les choses avec franchise et responsabilité.
C’est pourquoi nous appelons tous les responsables politiques sincères, toutes les consciences citoyennes, toutes les forces vives de ce pays, à sortir de l’ambiguïté. Il ne suffit plus de condamner. Il faut reconstruire. Il faut soigner une société qui se fissure, qui se divise, qui se blesse elle-même.
Une réaction à la hauteur du danger que court notre pays si nous laissons se déliter le lien social et l’idéal républicain
Nous en appelons au Président de la République, garant des institutions de la République et de la sécurité de tous les Français, pour mener le combat contre le racisme l’antisémitisme, l’islamophobie pour en faire une cause nationale.
C’est pourquoi nous appelons à l’organisation d’États généraux du vivre-ensemble et du rejet de la haine, pas pour des déclarations creuses. Mais pour bâtir des solutions. Pour écouter les réalités. Pour réarmer notre société face à la haine. Nous ne pouvons plus nous contenter de discours compatissants après chaque drame. Aujourd’hui, nous exigeons des actes.
Nous ne voulons plus d’un islam relégué à la marge, sommé de se taire ou de se justifier. Nous ne voulons plus d’un climat où des femmes sont exclues à cause de leur foulard, où des enfants sont regardés comme suspects à cause de leur prénom, où des mosquées sont attaquées dans l’indifférence. Nous voulons un sursaut, un réveil des consciences, une réaction à la hauteur du danger que court notre pays si nous laissons se déliter le lien social et l’idéal républicain.
Nous voulons une France qui se regarde en face, qui reconnaît ses erreurs, qui prend des mesures. Mais nous demandons aussi quelque chose de plus grand encore : que la France se souvienne. Qu’elle se souvienne de ceux qui l’ont bâtie, de ceux qui l’ont défendue, de ceux qui, aujourd’hui encore, croient en elle.
Chers amis, chers concitoyens,
Aboubakar était un homme qui ne demandait rien, sinon le droit de prier en paix. Honorons sa mémoire en refusant la haine. Honorons-la en travaillant, ensemble, à une France plus unie. Honorons-la en gardant foi en ce pays, malgré les épreuves. Car l’histoire des musulmans de France n’est pas une histoire de renoncement. C’est une histoire de persévérance, de courage, et, malgré tout, d’espoir.
Aboubakar, ton nom restera dans nos cœurs. Et à travers toi, nous continuerons à croire en cette France que nous aimons, pour laquelle nos aînés ont tant donné, et pour laquelle, aujourd’hui encore, nous sommes prêts à construire.
Que Dieu accueille notre frère en Sa miséricorde. Et que son nom résonne à jamais comme un appel à la justice, à la paix, à la vérité. Merci.
*****
Kamel Kabtane est recteur de la Grande Mosquée de Lyon et président du Conseil des mosquées du Rhône (CMR).
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Nous ne voulons plus d’un islam relégué à la marge, sommé de se taire ou de se justifier. Nous ne voulons plus d’un climat où des femmes sont exclues à cause de leur foulard, où des enfants sont regardés comme suspects à cause de leur prénom, où des mosquées sont attaquées dans l’indifférence. Nous voulons un sursaut, un réveil des consciences, une réaction à la hauteur du danger que court notre pays si nous laissons se déliter le lien social et l’idéal républicain.
Nous voulons une France qui se regarde en face, qui reconnaît ses erreurs, qui prend des mesures. Mais nous demandons aussi quelque chose de plus grand encore : que la France se souvienne. Qu’elle se souvienne de ceux qui l’ont bâtie, de ceux qui l’ont défendue, de ceux qui, aujourd’hui encore, croient en elle.
Chers amis, chers concitoyens,
Aboubakar était un homme qui ne demandait rien, sinon le droit de prier en paix. Honorons sa mémoire en refusant la haine. Honorons-la en travaillant, ensemble, à une France plus unie. Honorons-la en gardant foi en ce pays, malgré les épreuves. Car l’histoire des musulmans de France n’est pas une histoire de renoncement. C’est une histoire de persévérance, de courage, et, malgré tout, d’espoir.
Aboubakar, ton nom restera dans nos cœurs. Et à travers toi, nous continuerons à croire en cette France que nous aimons, pour laquelle nos aînés ont tant donné, et pour laquelle, aujourd’hui encore, nous sommes prêts à construire.
Que Dieu accueille notre frère en Sa miséricorde. Et que son nom résonne à jamais comme un appel à la justice, à la paix, à la vérité. Merci.
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