Dans quelques mois, je fêterai mes trente ans d’engagement dans le dialogue interreligieux et interconvictionnel. Les deux termes revêtent pour moi des formes concrètes, celles de la multitude des personnes que j’ai rencontrées. Au fur et à mesure du temps, nous sommes devenus tels des compagnons de route sur un chemin jalonné par les tensions qui ont traversé la société française depuis le milieu des années 1990. Car le dialogue, c’est le lieu de l’apprentissage et de la transformation : nous avons ainsi appris à nous écouter et à revisiter nos convictions au prisme de la figure de l’autre. J’ai ainsi eu l’opportunité de côtoyer des hommes et des femmes de tous horizons et de toutes convictions aux quatre coins de l’Hexagone, et ce qu’ils m’ont apporté n’a pas prix.
Jeune musulman, au début des années 1990, j’avais la fougue du croyant pétri de certitudes et qui voulait convertir le monde. Mais en intégrant les cercles interconvictionnels, l’expérience de vie et la sagesse de personnes bien plus âgées que moi a fait voler en éclats la carapace de mes vérités pour faire surgir le monde sous-jacent des questionnements, et aussi des doutes, qui ne cessaient de m’animer. C’est dans ce long compagnonnage que j’ai appris ce que signifiaient réellement des mots comme la foi, la théologie, la spiritualité ou encore l’humanisme.
Jeune musulman, au début des années 1990, j’avais la fougue du croyant pétri de certitudes et qui voulait convertir le monde. Mais en intégrant les cercles interconvictionnels, l’expérience de vie et la sagesse de personnes bien plus âgées que moi a fait voler en éclats la carapace de mes vérités pour faire surgir le monde sous-jacent des questionnements, et aussi des doutes, qui ne cessaient de m’animer. C’est dans ce long compagnonnage que j’ai appris ce que signifiaient réellement des mots comme la foi, la théologie, la spiritualité ou encore l’humanisme.
Les catholiques, des partenaires clefs du dialogue
Mon expérience de vie est loin de représenter un cas isolé ; les musulman-es de ma génération et ceux, plus jeunes, qui ont connu les mêmes expériences sont légion. Aussi, dans nos parcours, les ami-es catholiques ont souvent joué un rôle clef : celui de l’empathie, de l’accueil, de l’accompagnement avec, de surcroit, une connaissance très appréciable de l’islam. Jusqu’à ce jour, les délégués diocésains pour les relations avec les musulmans sont majoritairement formés par le Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM). Ils s’inscrivent dans la tradition du catholicisme social, portant une parole de foi et d’engagement au sein de la société. C’est avec eux que j’ai lu les textes de Vatican II, l’encyclique Nostra Aetate, que j’ai connu les multiples initiatives interreligieuses mondiales impulsées par le Pape Jean-Paul II, depuis les rencontres d’Assise, et que j’ai décortiqué les textes publiés par François, en particulier Laudato sì et Fratelli Tutti.
Jusqu’au début des années 2000, les associations musulmanes dirigées par des migrants, peu ou pas assez francophones, n’étaient pas toujours très impliquées dans ce dialogue. Dans les petites et les moyennes agglomérations, en particulier, certains responsables de mosquées, comme des imams, ne savaient pas forcément comment répondre aux chrétiens qui les invitaient à se rencontrer pour mieux se connaître. Ce temps est aujourd’hui bien loin et le dialogue a porté ses fruits en opérant un impact majeur chez les acteurs associatifs musulmans. Je me souviens, par exemple, du temps où ils débattaient du caractère licite ou non de souhaiter de bonnes fêtes aux non-musulmans. N’était-ce pas là une façon de les conforter dans leur erreur ?
Ils discutaient également de la terminologie classique pour désigner les autres, traditionnellement divisés entre mécréants, associateurs et vrais croyants. Les échanges de vœux à l’occasion des fêtes religieuses, avec les frères et les sœurs des autres traditions religieuses, relèvent aujourd’hui d’une quasi-banalité et traduisent un véritable changement de posture dans la façon dont les musulmans perçoivent les autres.
Jusqu’au début des années 2000, les associations musulmanes dirigées par des migrants, peu ou pas assez francophones, n’étaient pas toujours très impliquées dans ce dialogue. Dans les petites et les moyennes agglomérations, en particulier, certains responsables de mosquées, comme des imams, ne savaient pas forcément comment répondre aux chrétiens qui les invitaient à se rencontrer pour mieux se connaître. Ce temps est aujourd’hui bien loin et le dialogue a porté ses fruits en opérant un impact majeur chez les acteurs associatifs musulmans. Je me souviens, par exemple, du temps où ils débattaient du caractère licite ou non de souhaiter de bonnes fêtes aux non-musulmans. N’était-ce pas là une façon de les conforter dans leur erreur ?
Ils discutaient également de la terminologie classique pour désigner les autres, traditionnellement divisés entre mécréants, associateurs et vrais croyants. Les échanges de vœux à l’occasion des fêtes religieuses, avec les frères et les sœurs des autres traditions religieuses, relèvent aujourd’hui d’une quasi-banalité et traduisent un véritable changement de posture dans la façon dont les musulmans perçoivent les autres.
La montée d’un catholicisme identitaire radicalisé

Les relations entre chrétiens et musulmans se sont consolidées dans le contexte consécutif aux attentats de l’année 2015. Certes, les groupes interreligieux connaissent des dynamiques fluctuantes, car ils sont souvent tributaires de l’implication de membres qui cumulent de nombreux engagements. Mais, sur le temps long, ils perdurent dès lors qu’ils trouvent les ressorts de leur évolution et de leur renouvellement. Ils s’expriment dans les médias locaux et régionaux, médiatisent leurs rencontres, parlent de la nécessité d’œuvrer en commun pour plus de fraternité et d’engagement citoyen. Mais ils sont aujourd’hui confrontés à la résurgence d’un catholicisme identitaire résolu à croiser le fer avec l’islam.
Cela fait une dizaine d’années qu’on a vu apparaître ce revivalisme catholique qui devient de plus en plus agressif contre les musulmans. Au fur et à mesure du temps, c’est devenu un phénomène massif et structuré ; des groupes se sont consolidés et ils s’attaquent ouvertement aux fondements mêmes du rapport aux autres tels que Paul VI et ses successeurs les ont posés et développés depuis les années 1960.
Les acteurs musulmans du dialogue sont étonnés par cette rhétorique particulièrement agressive envers l’islam. De nombreux responsables diocésains sont, pour leur part, inquiets de ce phénomène, avant tout pour l’Église catholique elle-même. Pour ma part, cela fait maintenant quelques années que j’observe et, parfois, discute avec ces personnes qui veulent en découdre avec l’islam, ne serait-ce que pour les comprendre. Je pense qu’on peut les désigner par le terme de catholistes, sorte de pendant chrétien du salafisme. Parmi leurs objectifs, ils veulent reconquérir les espaces et les temps de la « catholicité française ».
Cela fait une dizaine d’années qu’on a vu apparaître ce revivalisme catholique qui devient de plus en plus agressif contre les musulmans. Au fur et à mesure du temps, c’est devenu un phénomène massif et structuré ; des groupes se sont consolidés et ils s’attaquent ouvertement aux fondements mêmes du rapport aux autres tels que Paul VI et ses successeurs les ont posés et développés depuis les années 1960.
Les acteurs musulmans du dialogue sont étonnés par cette rhétorique particulièrement agressive envers l’islam. De nombreux responsables diocésains sont, pour leur part, inquiets de ce phénomène, avant tout pour l’Église catholique elle-même. Pour ma part, cela fait maintenant quelques années que j’observe et, parfois, discute avec ces personnes qui veulent en découdre avec l’islam, ne serait-ce que pour les comprendre. Je pense qu’on peut les désigner par le terme de catholistes, sorte de pendant chrétien du salafisme. Parmi leurs objectifs, ils veulent reconquérir les espaces et les temps de la « catholicité française ».
Un écosystème structuré, financé et à haut potentiel de nuisance
Pour le sociologue, ce revivalisme s’inscrit dans le regain de religiosité qu’on observe au sein de toutes les religions. Mais il possède sa face cachée faite des questions, des peurs et des doutes que nourrissent des croyant-es sur le devenir de leur identité collective face à la chute inexorable du catholicisme français. Dans un tel contexte, être catholique relève, pour eux, d’un enjeu de survie. Des amis prêtres me parlent de personnes qui demandent le baptême : « parce que cela fait partie de notre identité française », reléguant la question de la foi à la périphérie de leur démarche. Ils me parlent aussi de ces jeunes qui veulent des normes, des repères simples et concrets, des rites à pratiquer quotidiennement… « comme pour les musulmans ! » C’est là une sorte de religiosité par mimétisme, de ce qu’on croit être la pratique de l’autre, alors même que l’islam est traversé aujourd’hui par une forte sécularisation, contrairement à l’image qui en est couramment véhiculée.
Le problème surgit quand une bonne partie de ces personnes sont enrôlées dans un écosystème ultraradical qui leur apporte des réponses basées sur la haine des autres, en général, et de l’islam en particulier. C’est un environnement totalisant et très bien structuré qui possède son idéologie, ses figures tutélaires, ses centres de formation, ses médias, ses projets de contre-culture, ses relais sur le terrain et, bien entendu, ses canaux de financement. Il bénéficie, par exemple, d’une manne financière considérable, entre autres celle du Fonds du bien commun, créée par le milliardaire Pierre Édouard Stérin. Ses militants peuvent s’abreuver à toute une série de médias issus du vaste projet de « réinformation », porté par la mouvance de l’extrême droite.
Au programme, une sorte de révisionnisme historique fondé sur la réhabilitation de la droite dure, de certaines figures du régime de Vichy, d’auteurs connus pour leurs vues antisémites, la haine du système et la diabolisation des valeurs fondamentales de la gauche et, bien entendu, la vision essentialisée du masculin et du féminin. Le tout amalgamé autour d’un récit sur la « pureté » et la « catholicité » française.
Le problème surgit quand une bonne partie de ces personnes sont enrôlées dans un écosystème ultraradical qui leur apporte des réponses basées sur la haine des autres, en général, et de l’islam en particulier. C’est un environnement totalisant et très bien structuré qui possède son idéologie, ses figures tutélaires, ses centres de formation, ses médias, ses projets de contre-culture, ses relais sur le terrain et, bien entendu, ses canaux de financement. Il bénéficie, par exemple, d’une manne financière considérable, entre autres celle du Fonds du bien commun, créée par le milliardaire Pierre Édouard Stérin. Ses militants peuvent s’abreuver à toute une série de médias issus du vaste projet de « réinformation », porté par la mouvance de l’extrême droite.
Au programme, une sorte de révisionnisme historique fondé sur la réhabilitation de la droite dure, de certaines figures du régime de Vichy, d’auteurs connus pour leurs vues antisémites, la haine du système et la diabolisation des valeurs fondamentales de la gauche et, bien entendu, la vision essentialisée du masculin et du féminin. Le tout amalgamé autour d’un récit sur la « pureté » et la « catholicité » française.
Ismérie, le projet de l’anti-dialogue
Sur le plan théologique, ses prêtres et ses centres de formation se posent en concurrents de l’enseignement catholique porté par la Conférence des évêques de France. Dans cet écosystème, la Mission Ismérie se donne par exemple pour objectif de gagner le front de l’évangélisation des musulmans.
Pour mener à bien ce projet, Ismérie peut compter sur les enseignements de l’islam dispensés, entre autres, par un Rémi Brague ou une Annie Laurent qui ne cachent aucunement leur aversion pour l’islam. Je ne classifierai pas ces personnes dans la catégorie des islamophobes car elles donnent à voir que, chez elles, ce qui se joue est d’un autre ordre. C’est comme si une histoire de vie, personnelle ou familiale, aurait connu une brisure profonde, une immense faille que seule l’expression d’une haine viscérale envers l’islam pourrait combler. La résultante de cette blessure se concrétise par la destruction systématique du moindre lien, entre les monothéismes chrétien et musulman, qui puisse être porteur de dialogue ou d’une quelconque convergence.
Tout au plus, l’islam se résume, pour les deux « spécialistes », au succédané d’une secte chrétienne hérétique qui aurait vaguement existé en un point quelconque d’un Orient désertique et qui n’aurait jamais dû perdurer. Des éminents spécialistes chrétiens de l’islam, entre autres jésuites ou dominicains, se font aujourd’hui publiquement alpaguer par des catholistes qui usent du même registre sémantique que les salafistes musulmans pour « kouffariser » leurs frères et sœurs chrétiens qui n’ont rien compris à l’islam.
De leur côté, les délégués diocésains et les catholiques engagé-es constatent que cette situation parvient à un point de bascule. Désormais, ces groupes sont présents dans une bonne partie des diocèses ; lorsqu’ils prennent l’ascendant, ils développent une logique de repli sur soi, en stoppant notamment tout ce qui relève du dialogue. Les évêques qui ne basculent pas de leur côté adoptent une position frileuse face à ces revendications d’un catholicisme plus « musclé » qui souhaite aller au « contact » des musulmans.
Pour mener à bien ce projet, Ismérie peut compter sur les enseignements de l’islam dispensés, entre autres, par un Rémi Brague ou une Annie Laurent qui ne cachent aucunement leur aversion pour l’islam. Je ne classifierai pas ces personnes dans la catégorie des islamophobes car elles donnent à voir que, chez elles, ce qui se joue est d’un autre ordre. C’est comme si une histoire de vie, personnelle ou familiale, aurait connu une brisure profonde, une immense faille que seule l’expression d’une haine viscérale envers l’islam pourrait combler. La résultante de cette blessure se concrétise par la destruction systématique du moindre lien, entre les monothéismes chrétien et musulman, qui puisse être porteur de dialogue ou d’une quelconque convergence.
Tout au plus, l’islam se résume, pour les deux « spécialistes », au succédané d’une secte chrétienne hérétique qui aurait vaguement existé en un point quelconque d’un Orient désertique et qui n’aurait jamais dû perdurer. Des éminents spécialistes chrétiens de l’islam, entre autres jésuites ou dominicains, se font aujourd’hui publiquement alpaguer par des catholistes qui usent du même registre sémantique que les salafistes musulmans pour « kouffariser » leurs frères et sœurs chrétiens qui n’ont rien compris à l’islam.
De leur côté, les délégués diocésains et les catholiques engagé-es constatent que cette situation parvient à un point de bascule. Désormais, ces groupes sont présents dans une bonne partie des diocèses ; lorsqu’ils prennent l’ascendant, ils développent une logique de repli sur soi, en stoppant notamment tout ce qui relève du dialogue. Les évêques qui ne basculent pas de leur côté adoptent une position frileuse face à ces revendications d’un catholicisme plus « musclé » qui souhaite aller au « contact » des musulmans.
Un enjeu vital pour l’Église et pour tous les acteurs du dialogue
Cette résurgence identitariste est très française, mais elle requiert beaucoup de vigilance. La question n’est pas tant de savoir combien de trophées musulmans les phalanges ismériennes pourront arborer sur leurs blasons, car il est improbable qu’une telle démarche puisse se solder par un afflux massif de musulmans vers ce type de religiosité fondée sur le mépris de l’autre. Par contre, l’enjeu est vital pour l’Église de France car, si la tentation du repli et de la haine prend le dessus au sein de l’institution, la France se trouvera avec une Conférence des évêques quasi-moribonde et ultra-radicalisée, épousant parfaitement les contours de l’idéologie et du discours de l’extrême-droite. Soit le pire visage que puisse offrir le christianisme à la face du monde.
Mais on peut aussi envisager la situation sous un autre angle, celui d’une nouvelle étape qui peut nous faire passer véritablement du dialogue au faire-ensemble. Les ami-es chrétien-nes ont tendu la main aux musulmans pendant des décennies, permettant au culte musulman de se développer et de se structurer dans maintes villes françaises. Il est donc tout à fait logique que les musulman-es s’impliquent activement pour consolider et pour faire croitre tous les groupes interreligieux et interconvictionnels, ce sera la preuve concrète que la fraternité et l’amitié, la vraie, ne se résume pas à une vue de l’esprit ni au confort des lieux institutionnels.
Mais, face à cet écosystème ultraradical, cette implication ne peut reposer uniquement sur la bonne volonté d’individus ou de groupes isolés. Elle appelle à une structuration plus forte, à des alliances durables entre croyants, mais aussi entre croyants et non-croyants attachés à une société unie par sa diversité. Aussi, les acteurs chrétiens et musulmans du dialogue doivent affronter ensemble les périls du repli et de la guerre des identités religieuses. Le dialogue a été un chemin, le faire-ensemble deviendra une marche résolue.
*****
Omero Marongiu-Perria est sociologue et spécialiste de l'islam français. Il a notamment co-écrit « Qu’est-ce qu’un islam libéral ? » (Atlande, mai 2023).
Lire aussi :
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Mais, face à cet écosystème ultraradical, cette implication ne peut reposer uniquement sur la bonne volonté d’individus ou de groupes isolés. Elle appelle à une structuration plus forte, à des alliances durables entre croyants, mais aussi entre croyants et non-croyants attachés à une société unie par sa diversité. Aussi, les acteurs chrétiens et musulmans du dialogue doivent affronter ensemble les périls du repli et de la guerre des identités religieuses. Le dialogue a été un chemin, le faire-ensemble deviendra une marche résolue.
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Omero Marongiu-Perria est sociologue et spécialiste de l'islam français. Il a notamment co-écrit « Qu’est-ce qu’un islam libéral ? » (Atlande, mai 2023).
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