Face à l'explosion de la haine antimusulmane, le cri d'alarme lancé par des associations représentatives du culte musulman en France et l'ADDAM

Par ADDAM, CAP 75, RAM 93, RAM 94, RAM 77, CIMY 78, CMR 69, Gironde 33, UDAM 04, FMT 81, le 11/09/2025

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La découverte de plusieurs têtes de cochon, en ce début du mois de septembre, à l'entrée de plusieurs mosquées parisiennes et franciliennes a suscité une forte indignation parmi les Français musulmans. L'Association de lutte contre les actes antimusulmans (ADDAM) et plusieurs instances représentatives départementales du culte musulman en France lancent aujourd'hui un « cri d'alarme face à l'explosion de la haine antimusulmane », après une attaque qui n'est « que la face émergée d'un iceberg de haine qui grandit dangereusement dans l'ombre ». Ils appellent, dans une tribune sur Saphirnews, à des mesures urgentes dont l'une consiste à faire de la lutte contre le racisme antimusulman « une grande cause nationale ».

La nuit du 8 au 9 septembre 2025 restera gravée dans nos mémoires : neuf têtes de porc souillant nos lieux de prière sacrés à Paris et en Île-de-France. Ces profanations ne sont que la face émergée d'un iceberg de haine qui grandit dangereusement dans l'ombre.

Nous, association de lutte contre les actes antimusulmans, mosquées de France, regroupements de mosquées et des millions de Français de confession musulmane, exprimons aujourd'hui notre profonde inquiétude face à une situation qui devient incontrôlable.

Les chiffres parlent d'eux-mêmes et glacent le sang : 203 faits antimusulmans recensés à la fin août 2025 selon les données collectées par l'Association de lutte contre les actes antimusulmans (ADDAM), soit une explosion de 80 % par rapport à l'année précédente. Derrière ces statistiques se cachent des drames humains insoutenables : Aboubakar Cissé, assassiné alors qu'il priait dans la sérénité de sa mosquée gardoise, Hichem Miraoui, exécuté de sang-froid dans le Var pour le seul crime d'être différent.

La peur ronge nos communautés et menace de briser le lien social qui unit les Français

Nos fidèles ont peur. Peur de se rendre à la mosquée. Peur d'afficher leur foi. Peur pour leurs enfants qui subissent quotidiennement insultes racistes et antimusulmanes. Cette peur ronge nos communautés et menace de briser le lien social qui unit tous les Français.

Nos mosquées sont sous tension. Certaines envisagent de renforcer leur sécurité, d'autres s'interrogent sur l'opportunité de maintenir certaines activités. Comment accepter qu'en France, en 2025, des lieux de culte vivent dans la crainte permanente d'être profanés ou attaqués ?

Ce qui était autrefois inacceptable devient ordinaire

Nos responsables du culte musulman tirent la sonnette d'alarme : nous assistons à une banalisation terrifiante de la haine antimusulmane. Ce qui était autrefois inacceptable devient ordinaire. Ce qui était condamné par tous devient sujet à débat. Cette dérive nous mène droit vers l'abime.

Plus inquiétant encore : des signes troublants pointent vers des manipulations extérieures visant à amplifier les maux de la société française et déstabiliser notre pays.

Faire de la lutte contre la haine antimusulmane une grande cause nationale

Face à cette escalade, nous, association de lutte contre les haines et mosquées de France, lançons un appel solennel aux autorités de l'État :

> Traiter la lutte contre les actes antimusulmans et la haine antireligieuse en général comme une grande cause nationale

> Renforcer la protection de nos lieux de culte par des dispositifs de sécurité soutenus et réguliers

> Frapper les auteurs de crimes de haine (propos ou actes) par des sanctions exemplaires

> Mobiliser en urgence les moyens humains et financiers pour éradiquer ce fléau

> Renforcer le dialogue de crise avec les organisations et acteurs du terrain.

Nous refusons de vivre dans la peur. Nous refusons que nos enfants grandissent dans leur pays, une France où leur religion musulmane soit un fardeau. Nous refusons les manipulations, qu'elles viennent de l'intérieur ou de l'extérieur de nos frontières. Les citoyens français de confession musulmane veulent vivre leur foi dans la dignité, en paix et en sécurité, au côté de l'ensemble de leurs concitoyens.

Nous saluons la réaction rapide du chef de l'État, du ministre de l'Intérieur, la mobilisation du préfet de police de Paris, des services concernés et de nombreux élus.

Nous demandons aux responsables politiques, à tous niveaux, de ne céder ni à la banalisation ni au silence

Nous remercions l'ensemble de nos homologues des différents cultes en France pour leurs mots de réconfort et pour leur solidarité interreligieuse.

La France vacille sous les coups de boutoir de la haine

L'heure n'est plus aux discours convenus mais à l'action immédiate. Chaque profanation non sanctionnée sévèrement est une victoire pour les ennemis de la République.

La France vacille sous les coups de boutoir de la haine. Seule une mobilisation générale de toutes les forces républicaines peut encore sauver notre contrat social.

Nous demandons protection. Nous exigeons justice. Nous réclamons le droit de vivre notre foi en paix dans notre pays qui est la France.

La France est grande parce qu'elle protège toutes ses composantes et fait de sa diversité une richesse. Aujourd'hui plus que jamais, il est impératif de protéger, rassembler et agir ensemble.

Signataires de la tribune :

Bassirou Camara, Association de lutte contre les actes antimusulmans (ADDAM), Najat Benali, Coordination des associations musulmanes de Paris (CAP 75), Karim Benaissa, Rassemblement des associations musulmanes du Val-de-Marne (RAM 94), Abdelghani Benali, Rassemblement des associations musulmanes de Seine-Saint-Denis (RAM 93), Mohamed Ould Kherroubi, Conseil des institutions musulmanes des Yvelines (CIMY 78), Abdelaziz Abderrahmane, Rassemblement des associations musulmanes de Seine-et-Marne (RAM 77), Kamel Kabtane, Conseil des Mosquées du Rhône (CMR 69), Hassan Belmajoub, Conseil départemental du culte musulman (Gironde 33), Celal Kesim, Union départementale des associations musulmanes des Alpes-de-Haute-Provence (UDAM 04), la Fédération musulmane du Tarn (FMT 81), Mohamed Abachri, Conseil départemental du culte musulman d'Indre-et-Loire (CDCM 37), Mahmut Kara, Conseil départemental du culte musulman des Ardennes (CDCM 08)

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