« Israël is forever » : la tenue d’un gala pro-israélien à Paris fait polémique, son interdiction exigée

Par Lina Farelli, le 29/10/2024

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Alors que la bande de Gaza subit depuis plus d'un an une offensive militaire israélienne sans précédent et que le Liban fait face à de lourdes attaques de Tsahal, un gala pro-israélien, baptisé « Israël is forever », est annoncée pour le 13 novembre à Paris, avec la participation du ministre des Finances d’extrême droite Bezalel Smotrich.

Nombre d'activistes et d’associations de défense des droits des Palestiniens dénoncent « un gala de la honte ». L’Association France Palestine Solidarité (AFPS), qui a adressé un courrier mardi 29 octobre au préfet de police de Paris, Laurent Nunez, s’est ému de la tenue d’un évènement « qui va immanquablement provoquer des réactions parmi les défenseurs des droits humains ».

« Nous devons le dire tout à fait clairement, Bezalel Smotrich est l’un des principaux instigateurs au sein du gouvernement israélien de cette "barbarie" dénoncée à juste titre par le Président de la République », indique l’AFPS. « Je ne suis pas sûr qu’on défende une civilisation en semant soi-même la barbarie », avait déclaré le 24 octobre le chef de l’Etat français en réponse à Benjamin Netanyahou, qui affirme défendre la civilisation judéo-chrétienne pour justifier la poursuite des attaques de son armée à Gaza et au Liban.

Ce ministre, contre qui des sanctions sont envisagées par le Premier ministre britannique Keir Starmer, « ne manque jamais une occasion pour appeler au meurtre des Palestiniens, à l’anéantissement de leurs villages et à la colonisation illégale de leurs terres. Non seulement, il est de ceux qui refusent tout cessez-le-feu à Gaza, mais en favorisant l’armement des colons en Cisjordanie, il participe directement au fait que depuis le 7 octobre, plus de 750 Palestiniens y aient été "éliminés" ».

Refuser de laisser s'exprimer l'impunité

Jugeant « inconcevable que cet individu puisse participer en toute impunité à un gala » dont l’objectif affiché par les organisateurs est d’appeler à « la mobilisation des forces francophones sionistes au service de la puissance et de l’histoire d’Israël ». « Autrement dit, nos compatriotes juifs sont appelés à soutenir et à renforcer les capacités de destruction et d’asservissement des peuples palestinien et libanais au nom d’une idéologie de conquête, d’anéantissement et d’annexion territoriale actuellement à l’œuvre dans le nord de la Bande de Gaza, en Cisjordanie et bientôt au sud Liban si les instances internationales ne réagissent pas suffisamment », traduit l’AFPS.

La présidente de l’association Israël is forever, l’avocate franco-israélienne Nili Kupfer-Naouri, est aussi épinglée pour avoir exprimé « sa haine raciste à l’égard des Palestiniens et son souhait de les voir disparaître complètement de Gaza au profit "d’une grande réimplantation juive" ». Elle n’avait pas hésité à se filmer au passage de Rafah en train de stopper les camions de l’aide humanitaire destinée à la population affamée de Gaza sous prétexte, à ses yeux, « qu’il n’y a pas de population civile innocente ».

Une pétition en ligne à l’adresse du ministère de l’Intérieur, de la préfecture de police de Paris et de la mairie de Paris dénonce aussi la tenue de ce gala. « Pour les risques graves de troubles à l’ordre public du fait des déclarations des participants à ce gala, et des tensions liées aux massacres des populations civiles en Palestine et au Liban, nous vous demandons solennellement d’intervenir afin d’interdire cette manifestation se déroulant sur le territoire de la république française », lit-on. Le texte réunit à ce jour plus de 5 000 signataires.

Interrogé le 25 octobre lors d’un point presse à ce sujet, le porte-parole du Quai d’Orsay a indiqué que le ministre des Finances « a toute possibilité de venir participer à un gala à Paris » malgré ses propos haineux. « On a eu l’occasion à plusieurs reprises de condamner ses propos. Il a tenu des propos sur la Cisjordanie et sur Gaza que nous avons continuellement condamnés et nous le referions s’il devait tenir des propos qui nous sembleraient aller à l’encontre d’une désescalade dans la région et d’un règlement pacifique de la situation », fait-on savoir. Néanmoins, et face à la gravité de la situation au Proche-Orient, ces condamnations sont loin de suffire. Dans le champ politique, seule La France insoumise (LFI) appelle ouvertement à l'interdiction du gala.

« Parce qu’aujourd’hui personne, pas même le Président de la République ne peut nier que le « plausible génocide » reconnu par la CIJ est une réalité barbare dont le bilan admis par tous les observateurs approche les 45 000 victimes directes, nous ne saurions admettre que ses propagandistes de premier plan puissent en faire "un gala" en plein Paris », plaide l’AFPS. Et de conclure : « Alors qu’il arrive encore que vos services interdisent des rassemblements et événements ou menacent d’interdiction des manifestations de solidarité avec le peuple palestinien qui au demeurant n’ont jamais provoqué d’incidents notoires, vous voudrez bien admettre qu’il serait totalement incompréhensible aux yeux de défenseurs du droit et de la justice internationales que ceux qui mettent tout en œuvre pour les bafouer puissent de nouveau exprimer leur vision belliciste, raciste et colonialiste sans aucune réaction de votre part. »

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