Génocide à Gaza : près de 400 artistes s'indignent du silence du monde de la culture face à une « actualité indicible »

Par Hanan Ben Rhouma, le 14/05/2025

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« A Cannes, l’horreur de Gaza ne doit pas être silenciée. » A l’occasion de l’ouverture du Festival de Cannes, près de 400 artistes dont des poids lourds du cinéma mondial comme Pedro Almodovar, Javier Bardem, Richard Gere, Susan Sarandon et Mark Ruffalo ont dénoncé, dans une tribune parue dans Libération mardi 13 mai, le silence du monde la culture face au « génocide en cours à Gaza ». De célèbres acteurs, réalisateurs et artistes français ont aussi grossi les rangs comme Leïla Bekhti, Sami Bouajila, Rachida Brakni, Eric Cantona, Virginie Efira, Adèle Exarchopoulos, Judith Godrèche, Adèle Haenel, Hafsia Herzi, Mounia Meddour et Boris Lojkine.

« L’armée israélienne cible des civils. Plus de 200 journalistes ont été délibérément tué-e-s. (…) Auteurs et autrices, réalisateurs et réalisatrices, artistes, sont brutalement assassiné-e-s », dénoncent les signataires, qui citent en tête la photojournaliste Fatima Hassouna, tuée par l’armée israélienne le 16 avril 2025, le lendemain de l’annonce de la sélection du film Put your soul on your hand and walk, de Sepideh Farsi, dont elle était l’héroïne, par l’ACID. Cette section parallèle du Festival de Cannes met en lumière des œuvres du cinéma indépendant.

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« Pourquoi le cinéma, vivier d’œuvres sociales, engagées, paraît se désintéresser de l’horreur du réel, de l’oppression subie par nos consœurs et confrères ? Nous artistes et acteur-ice-s de la culture, nous ne pouvons rester silencieux-se-s tandis qu’un génocide est en cours à Gaza et que cette actualité indicible, touche nos milieux de plein fouet. A quoi servent nos métiers si ce n’est à tirer des leçons de l’Histoire, des films engagés, si nous ne sommes pas présent-e-s pour protéger les voix opprimées ? Pourquoi ce silence ? », s’interrogent-ils.

« L’extrême droite, le fascisme, le colonialisme, les mouvements anti-trans et anti-LGBTQIA+, sexistes, racistes, islamophobes et antisémites mènent leur bataille sur le terrain des idées, s’attaquent à l’édition, au cinéma, aux universités, et c’est pourquoi nous avons le devoir de lutter. Refusons que notre art soit complice du pire. Levons-nous. Nommons le réel. Osons le regarder collectivement avec la précision du cœur pour qu’il ne puisse plus être silencié et couvert », lancent les signataires.

« Refusons les propagandes qui colonisent sans arrêt nos imaginaires et nous font perdre le sens de nos humanités. Pour Fatem, pour toutes celles et ceux qui meurent dans l’indifférence. Le cinéma se doit de porter leurs messages, d’être un reflet de nos sociétés. Agissons avant qu’il ne soit trop tard. »

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