Verdun : une messe d'hommage à Pétain suscite l'indignation, la justice s'en mêle

Par Lina Farelli, le 17/11/2025

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Philippe Pétain a eu le droit, samedi 15 novembre, à une messe d'hommage à Verdun, dans la Meuse, à l'initiative de l'Association pour la défense de la mémoire du maréchal Pétain (ADMP), qui milite ouvertement pour sa réhabilitation. Surnommé « le vainqueur de Verdun », l'histoire retient surtout de lui qu'il a été à la tête du régime de Vichy et une figure centrale de la collaboration avec l'Allemagne nazie. L'homme, frappé d’indignité nationale en 1945 après avoir été condamné pour haute trahison, est dépeint par l'association comme « le premier résistant de France ».

Le maire (DVG), Samuel Hazard, n'a rien pu faire contre la tenue de l'événement controversé à l'église Saint-Jean-Baptiste, sur autorisation de l'archevêque-évêque de Metz, administrateur apostolique de Verdun. Il avait pris un arrêté d'interdiction de la messe, une décision qui avait été soutenue par Laurent Nuñez, ministre de l'Intérieur. « Les propos tenus aujourd'hui en marge d'une messe en "hommage" à Philippe Pétain à Verdun sont contraires à notre mémoire collective. En soutien du maire de Verdun, je condamne fermement toute tentative de réhabilitation d'une figure liée à la collaboration et à l'oppression », avait affirmé sur X l'ex-préfet de police de Paris.

C'est sans compter le tribunal administratif de Nancy, qui a donné tort au maire, estimant que l'office n'était pas de nature à troubler l'ordre public. La cérémonie religieuse s'est donc bien tenue, mais une centaine de protestataires ont fait entendre leur indignation face à la vingtaine de fidèles pétainistes. Samuel Hazard, qui a fait le déplacement, s'est dit devant la presse « profondément heurté » en pensant « à toutes les victimes de la barbarie nazie et de la révolution nationale, l’idéologie du maréchal Pétain ».

La justice a décidé de s'en mêler. La procureure de la République de Verdun, Delphine Moncuit, a annoncé à l'AFP, lundi 17 novembre, l'ouverture d'une enquête pour « contestation publique de l’existence de crime contre l’humanité commis durant la Seconde Guerre mondiale » et « tenue d’une réunion politique dans un local servant habituellement à l’exercice d’un culte ». La plainte vise le président de l'ADMP, Jacques Boncompain, ainsi que le prêtre qui a célébré l'office religieux, Gautier Luquin.

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